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29/11/01

Virtual Customer Initiative: la fin des produits inadaptés ?

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Combien d'industriels et de fabricants de produits grand public se sont arrachés les cheveux après le retour à la broyeuse de quantités phénoménales d'invendus ? S'ils avaient su, Apple aurait oublié Newton au pied d'un arbre, Sega aurait déjoué les plans de sa console Saturn, 3Com n'aurait pas tenté de surfer sur la vague médiatique des Network Computers avec son Audrey, et les fabricants de lecteurs/enregistreurs DAT seraient passés directement au format suivant.

Pour ces fabricants mais aussi tous les industriels de la grande consommation qui ne souhaitent pas renouveler l'expérience de l'inadaptation à la demande, le M.I.T. (Massachussets Institute of Technology) a déniché une solution d'avenir: la Virtual Customer Initiative.

Celle-ci a pour but de faire intervenir les internautes tout le long du cycle de conception des produits, depuis l'identification des idées et des opportunités jusqu'au lancement officiel. Une véritable trouvaille dont les chercheurs américains du laboratoire civil le plus réputé outre-Atlantique prévoient qu'elle sera le principal modèle exploité dans cinq ans par les équipes de designers produits des multinationales. A la base de la VCI: un mélange des technologies multimédias, d'une série d'algorithmes complexes et du web interactif.

"Communication, conceptualization and computation"
Daté de décembre 2000, le rapport au format Acrobat PDF "The Virtual Customer: communication, conceptualization, and computation" signé Ely Dahan et John R. Hauser décrit précisément les tenants et aboutissants de la VCI. Déjà, les trois concepts du sous-titre donnent une idée d'ensemble de ce qui suit. La "communication" préfigure une interaction plus rapide de l'équipe de développement avec les clients, mais aussi entre ces derniers. La "conceptualization" repose sur les technologies multimédias: 2D/3D, musique et sons, voire interfaces sensorielles pour le toucher, l'odorat et le goût en cours de développement selon le MIT. Elle permettra aux idées et aux prototypes d'être testés plus en amont. La "computation", enfin, se réfère à la capacité d'adapter les pages web aux sondés en fonction de règles de décision complexes. Selon leurs réponses aux questions précédentes, le logiciel sera capable d'évaluer le prix et les performances du nouveau prototype virtuel.

Six méthodes applicables à certaines étapes du cycle
Les chercheurs proposent alors six méthodes exploitant diversement ces trois concepts, plus ou moins efficaces
selon la phase 1 à 5 du cycle de conception des produits auxquelles elles s'appliquent. En amont pour faire ressortir les meilleures idées, la pompe à informations intervient: les internautes jouent en répondant à des questions sur des concepts, et essayent de deviner en un temps limité et selon un barême précis les réponses fournies par les autres joueurs. Sur des fonctions plus précises, les sondés sont soumis à la méthode Fast PACE (Polyhedral adaptive conjoint estimation), dans laquelle ils peuvent choisir entre deux options à chaque étape d'un questionnaire dynamique.

Pour valider les concepts (phase 2), le principe le plus efficace paraît être celui de Web-based Conjoint Analysis. Il s'agit ici de marquer sur une grille de 10 ou 15 prototypes ceux que l'on souhaiterait acheter ou non. Une fois les cases cochées peuvent se présenter de nouveaux choix tenant compte des précédents, avec un recalcul des prix en temps réel selon les éléments qui diffèrent. Au cours de la phase de design et d'ingénierie du produit, l'on retrouve la pompe à informations utilisée conjointement avec une autre méthode: le "User design". Ici, le client potentiel voit le produit dans la fenêtre de gauche et des accessoires à droite, qu'il peut rajouter ou non en maniant sa souris selon le principe de glisser-déposer.

Une bourse de concepts avec rétribution des meilleurs
L'avant-dernière phase, celle des tests, est le meilleur moment pour recourir au STOC (Securities trading of concepts). Il s'agit d'une véritable place de marché temps réel de concepts, où les internautes qui échangent les meilleurs d'entre eux se voient les mieux notés et rétribués en conséquence. Enfin, la dernière méthode intervient au moment du lancement d'un premier prototype fini. Intitulée "Virtual concept testing", elle dépasse l'identification des fonctions préférées pour s'intéresser au produit dans son ensemble. Ici, des concepts finis sont mis en compétition avec leurs prix, le maximum de soin étant apporté à l'enpaquettage multimédia du produit virtuellement représenté.

Si pour l'instant, la plupart des technologies permettant la mise en oeuvre de ces six méthodes sont d'ores et déjà disponibles, aucun éditeur de progiciels de PLM (gestion du cycle de vie produits, lire interview d'IBM PLM Solutions parue en août) n'a encore déclaré officiellement l'intégration de fonctions VCI dans ses solutions. Parmi les intéressés potentiels, l'alliance IBM/Dassault Systèmes autour de Catia/Enovia, et de nouveaux arrivants tels I2 et MatrixOne pourraient figurer en tête de liste. En attendant, le M.I.T. propose de télécharger le code source des démonstrations, sous licences ouvertes Gnu Lesser GPL. L'organisme de recherche déclare aussi la création récente d'une spin-off, IAM (Intelligent advice module), qui doit commercialiser bientôt un assistant personnel doublé d'un système de conseils d'achat en fonction de règles simples de préférences entrées par le consommateur. De quoi tester en grandeur nature les grandes théories de la VCI.


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