30/11/01
Infogérance : plus 13,5 % sur le marché français en 2001
Les
premiers éléments qui ressortent du bilan
dressé par IDC France sur le
marché de l'infogérance en France sont
intéressants à plus d'un titre. Si le
cabinet d'étude constate une progression globale
de ce secteur d'activité cette année -
+ 13,5% par rapport à 2000, avec 23,8 milliards
de francs -, les explications qu'il donne à ce
chiffre et les perspectives en découlent sont
en effet peut-être plus significatives que la
progression elle-même, et réservent même
quelques surprises avec l'arrivée des ASP dans
un marché où on ne les attendait pas...
Investir
c'est bien, rentabiliser c'est mieux...
Le postulat de départ de l'analyse
IDC repose sur le fait que les entreprises sont passées
récemment d'une problématique d'intégration
à une problématique d'exploitation de
leurs solutions informatiques sous la pression de plusieurs
facteurs. Le ralentissement économique généralisé
d'abord qui a réduit les budgets des directions
informatiques. Ensuite, un cycle d'investissement autour
des grands projets informatiques - de l'ordre de 3 à
5 ans -, qui atteint aujourd'hui une phase de relative
maturité avec des entreprises qui se sont équipées
récemment. Enfin, le développement des
architectures client-serveur au détriment des
architectures centralisées de type mainframe
accentue la complexité de gestion des systèmes,
et contribue à renforcer les besoins d'infogérance.
Interne
ou externe ?
"Aujourd'hui, le socle back-office des entreprises
est à peu près stabilisé, et beaucoup
d'entre elles se penchent désormais sur l'optimisation
de l'exploitation de leurs systèmes d'information",
explique Franck Nassah, responsable de l'étude
et consultant de la division Services Informatiques
chez IDC France. Deux options se posent alors aux directeurs
informatiques : assurer la gestion et l'exploitation
de leur informatique en interne ou en déléguer
la responsabilité, le coût et l'évolution
à des prestataires externes. Un choix que font
beaucoup de sociétés, puisque 30% des
entreprises de plus de 500 personnes interrogées
par IDC ont déclaré avoir eu recours à
des prestations d'infogérance en 2001, contre
26% en 2000.
Les parcs informatiques et
les logiciels sont le futur de l'infogérance
IDC distingue cinq sous catégories
d'infogérance, dont deux représentent
plus de la moitié du marché total. Ainsi
l'infogérance applicative et celle des sytèmes
distribués (entendre la gestion et l'exploitation
des parcs informatiques - PC, serveurs et réseau
LAN) représenteront la plus grande partie du
marché d'ici à 2006 pour IDC, avec un
total de près de 60% à elles deux. L'infogérance
matérielle (celle des mainframes), de réseau
(de type WAN incluant les équipements terminaux
- routeurs, firewalls, commutateurs, etc.) et l'infogérance
globale représentant les 40 % restants. Entre
la gestion des applications logicielles et celle des
parcs informatiques, c'est sur la seconde qu'IDC parie,
un peu curieusement quand on songe au poids grandissant
des ASP. "L'infogérance des systèmes
distribués est celle qui va croître le
plus fortement dans les cinq ans qui viennent, en volume
tout du moins", précise l'auteur de l'étude
qui voit à cela deux raisons. Premièrement
le fait que les acteurs de ce secteur, des SSII pour
l'essentiel, soient très nombreux même
si la valeur ajoutée de leurs services est assez
faible. Deuxièmement, le manque de maturité
des ASP sur l'évolution desquels il est trop
tôt pour se prononcer, mais qui aujourd'hui ne
constituent pas un vecteur crédible de croissance.
Les ASP entrent dans la danse
Et pourtant, IDC se pose - précisément
- la question de savoir si les Applications Services
Providers ne pourraient pas constituer à l'avenir
des "compétiteurs" sérieux pour
les infogérants traditionnels (SSII, hébergeurs,
opérateurs, etc.). En effet, on sait que pour
survivre, les ASP vont devoir réinventer leur
métier et probablement développer des
offres complémentaires à leur coeur de
métier, ainsi que certaines ont d'ores et déjà
commencé à le faire avec un service d'hébergement
complet, comme par exemple Soft2You (voir
notre article à ce propos). Cette diversification
pourrait alors se traduire par un empiètement
des ASP dans le pré carré des grands intégrateurs
et SSII qui pourraient voir alors en eux mieux que des
alliés : des proies. Une option de sortie pour
certains ASP rendue d'autant plus crédible que
le rapport de force ne joue pas en leur faveur : "Les
ASP pèsent actuellement environ 200 millions
de francs sur un marché de l'infogérance
de presque 24 milliards", relativise Franck Nassah.
Un ratio qui pourrait toutefois évoluer avec
l'arrivée du haut-débit en France...
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