Microsoft a juré qu'on
ne l'y prendrait pas : le géant ne développera
pas d'applications pour Linux ; et il semble pour
l'instant s'en tenir à ses principes. Mais l'éditeur
de Redmond n'a pas juré qu'il empêcherait
les autres de le faire à sa place. Microsoft regarde
d'ailleurs d'un oeil bienveillant les initiatives qui
visent à marier ses logiciels à l'OS au
pingouin - à partir du moment où elles
l'arrangent. Et le géant va parfois même
plus loin : il mâche le travail des éditeurs,
en leur proposant des outils gratuits - ou à
vil prix - pour jeter un pont entre la gamme Microsoft
et Linux. Une stratégie très habile...
Et
une vraie réussite : en partageant le code
de certains outils de programmation destinés
à l'environnement .Net, Microsoft a incité
un groupe de développeurs à créer
un ".Net pour Linux", alias Mono, en cours
de développement. Et Microsoft ne s'arrêtera
pas en si bon chemin : le géant a annoncé
hier que le code de son Media Player 9 serait vendu
moins cher, et qu'il pourrait être utilisé
sur toutes les plate-formes, Windows ou non.
En clair : Microsoft
offre aux sociétés qui gravitent autour
de Linux l'opportunité de développer des
players compatibles Media Player 9, moyennant un
investissement plus que raisonnable. Une tentation à
laquelle les Linuxiens dans l'âme résisteront,
tandis que les Linuxiens par intérêt cèderont,
selon toute vraissemblance.
Attitude
conquérante
L'objectif - dont Microsoft ne se cache pas :
étendre au maximum la diffusion de son player
multimédia, qui lit aussi bien des sons que des
vidéos, et de deux façons - en temps
réel sur Internet ou en local après téléchargement.
Plus ce player sera répandu, plus l'offre de
DRM
du géant - gestion des droits numériques -
sera crédible fàce à celle de son
adversaire déclaré, RealNetworks.
Rappelons que Real a lui
aussi tenté de séduire l'univers du logiciel
libre, en lançant Helix : le but étant
de partager le code source de son player. Microsoft
ne sera pas aussi généreux : le géant
est bien décidé à aller moins loin,
et à protéger la propriété
intellectuelle de son produit.
Au final, la décision
de Microsoft se révèle plutôt flatteuse
pour Linux. L'OS au pingouin n'est plus traîné
publiquement dans la boue : il est désormais
pris très au sérieux. Microsoft cherche
une solution pour étendre son empire sur Linux
sans pour autant développer ouvertement des produits
pour l'OS au Pingouin. Une façon de faire mentir
le Meta Group, qui prévoit que d'ici 2004 Microsoft
sera obligé de décliner certains produits
sous Linux. Reste à savoir si Microsoft pourra
se contenter éternellement de pratiquer l'art
du détour...
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