AMD a décidé de ne plus endosser un rôle
de figuration dans la bataille qui l'oppose à Intel sur
le segment de marché des processeurs à destination
des serveurs.
D'après le cabinet d'études Mercury Research, sa part
de marché sur ce segment a même franchi pour la première
fois la barre symbolique des 10% , en atteignant à fin
juillet les 11%.
Afin
de mettre un maximum d'atouts de son côté, la firme
de Sunnyvale entend partir à la conquête d'une
clientèle corporate en optimisant sa gamme de processeurs
Opteron par une politique tarifaire agressive d'une part, et
l'ajout de nouvelles fonctionnalités d'autre part.
Pionnier sur le marché du processeur pour serveur à
double coeur avec son Opteron (lire l'article
du 25/04/2005), AMD pousse son avantage concurrentiel en
lançant des produits basse consommation. Les Opterons
265 HE/865 HE, voient leur consommation électrique chuter
de 95 Watts en moyenne à 55 Watts. Une baisse qui n'est
pas sans occasionner un surcoût non négligeable
de plus de 1300$ par rapport aux versions standards, passant
à près de 2650$. Sur sa gamme monocoeur, le constructeur
aggresse Intel par des baisses de prix comprises entre 8 et
34%.
Concernant les processeurs Turion, dédiés aux
ordinateurs portables, les baisses de tarifs sont également
à l'ordre du jour, dans une fourchette comprise entre
26 et 33% pour les modèles haut de gamme. Sur ce secteur
en revanche, la réponse d'Intel ne s'est pas faite attendre,
le fondeur annoncant jusqu'à 33% de baisse de prix sur
les Pentium M, processeurs intégrés à sa
solution de mobilité Centrino.
La vraie réponse d'Intel à son concurrent n'est
attendue que pour le troisième trimestre 2005. A cette
date, la firme de Santa-Clara a prévue d'introduire son
propre processeur haut de gamme pour serveur double-coeur basé
sur l'Itanium 2, suivi en 2006 d'un équivalent sur les
puces d'entrée de gamme Xeon. En attendant 2006, Intel
ne peut donc plus réagir qu'au travers une réduction
de sa grille tarifaire.
Mais AMD ne compte pas seulement séduire sa clientèle
corporate par rapport aux seuls prix de vente de ses processeurs,
et compte ainsi bien mettre avant plusieurs arguments technologiques.
L'optimisation
fonctionnelle des processeurs AMD lui permet de gagner
des parts de marché |
La gamme des processeurs Opteron dispose désormais
de mémoire cache dite ECC (Error Correction Code),
visant à limiter le nombre d'erreurs qui peuvent survenir
dans le processus de transmission des données du processeur
vers sa mémoire dédiée.
Autre élément fonctionnel d'importance, l'ajout
de fonctionnalités du côté du rafraîchissement
de la mémoire et tout particulièrement du signal
RAS (Row Address Strobe), qui permet d'optimiser les
opérations d'écriture et de réécriture
des données, par une meilleure gestion des temps d'attente.
En outre, AMD va rendre la fonctionnalité de virtualisation
de ses Opteron effective dès l'année prochaine,
au travers de sa technologie Pacifica, soit en même
temps que son concurrent.
La technique de virtualisation permet l'exécution de
plusieurs systèmes d'exploitation via des machines
virtuelles (lire le
panorama du 27/07/2005).
Ces atouts sont donc autant de points marqués face
à Intel, d'autant plus que la firme se constitue petit
à petit des références chez les grands
groupes. La firme a réussi à convaincre la quasi-totalité
des constructeurs mondiaux à l'exception de Dell, et
près de 3/4 des plus grandes entreprises américaines
ont d'ores et déjà installé un ou plusieurs
serveurs à base de processeurs Opteron alors qu'ils
n'étaient que 35% à la même époque
en 2004.
Enfin, derrière la bataille commerciale, AMD pratique
aussi l'harcèlement juridique. L'entreprise n'a pas hésité
à s'engouffrer dans la brèche juridique qui a
amené la Japan Fair Trade Commission (JFTC) à
condamner Intel pour abus de position dominante. Elle dénonce
désormais auprès de la cour de justice américaine
des pratiques anti-concurrentielles menées par Intel
sur plusieurs acteurs majeurs informatiques comme Dell, Sony,
Hitachi ou encore Acer.
Elle espère ainsi obtenir des indemnités ainsi
qu'un assainissement du marché dans le cas où
ces présomptions s'avéreraient fondées.
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