Vers un ralentissement de la croissance du marché des serveurs en 2006 ? La question se pose suite au premier ralentissement ce trimestre (-0,2% en valeur selon le cabinet d'études IDC) après un an et demi de croissance continue.
Malgré un léger tassement du chiffre d'affaires au 4e trimestre 2005, le secteur continue donc sa progression sur l'ensemble de l'année. La progression annuelle, comprise entre 4,4% (IDC) et 4,5% (Gartner) se montre toutefois moins marquée qu'en 2004 où elle montait alors à près de 7%. Même en volume, la croissance se contracte puisque le nombre de serveurs vendus n'a augmenté que de 12,7% en 2005 contre une hausse de près de 20% en 2004, selon Gartner (lire l'article du 15/03/2005).
Toujours en plein bouleversement, le marché des serveurs se restructure autour des machines d'entrées de gamme, basées sur des processeurs x86 proches des PC standards. D'après les chiffres d'IDC, l'entrée de gamme (prix inférieur à 25 000 dollars) constitue le seul segment a avoir évolué positivement cette année, avec une croissance de 7,3% en valeur, contre une chute de 11,5% sur le marché des serveurs milieu de gamme (prix situé entre 25 000 et 500 000 dollars).
Mais le besoin de serveurs haut de gamme demeure et ne cède que peu de terrain (-1,7% de chiffre d'affaires). Cependant, les ventes de serveurs Unix ne parviennent pas à enrayer l'hémorragie subie depuis deux ans maintenant. Le chiffre d'affaires chute de 5,9% cette année pour atteindre 17,5 milliards de dollars, représentant 34,3% de parts de marché.
A l'inverse d'Unix, les serveurs Windows se maintiennent au niveau de la croissance du marché (+4,7%) tandis que Linux affiche toujours une croissance à deux chiffres (+20,8%). Ce dernier représente désormais un activité annuelle de 5,7 milliards de dollars, soit une part de marché de 11,1%.
Les
cinq premiers constructeurs
de serveurs
dans le monde en
2005 par IDC
(en millions de dollars)
|
Constructeurs
|
CA
Q4 2005
|
PdM
Q4 2005
|
CA
Q4 2004
|
PdM
Q4 2004
|
Evolution
|
IBM
|
16
889
|
32,9%
|
16
316
|
33,2%
|
+3,5%
|
HP
|
14
183
|
27,7%
|
13
028
|
26,5%
|
+8,9%
|
Dell
|
5 258
|
10,3%
|
4 642
|
9,4%
|
+13,3%
|
Sun
|
4 879
|
9,5%
|
5 129
|
10,4%
|
-4,9%
|
Fujitsu
|
2 901
|
5,7%
|
2 888
|
5,9%
|
+0,4%
|
Autres
|
7 178
|
14,0%
|
7 135
|
14,5%
|
+0,6%
|
Total
|
51
288
|
100,0%
|
49
138
|
100,0%
|
+4,4%
|
Autre mutation profonde en cours, la course vers les technologies 64 bits : 79% du chiffre d'affaires du secteur se réalisant sur ce type de serveur, un chiffre qui a doublé en un an. Répondant à la problématique de place et aux architectures en grappe, les serveurs lames affichent une hausse de 57% en valeur et de 49,3% en volume cette année et représente 4,6% des ventes au 4e trimestre 2005. Sur ce segment, IBM détient 42,7% de parts de marché devant HP et Dell, avec respectivement 35,1% et 11,2%.
Chez les acteurs du marché des serveurs seuls Dell et HP, qui misent avant tout sur les volumes, parviennent à tirer leur épingle du jeu. Ainsi, ces deux acteurs ont livré respectivement 1,7 et 2,1 millions d'unités pour un chiffre d'affaires en croissance de 8,9% chez HP et 13,3% chez Dell. IBM, se place légèrement en dessous la croissance moyenne du secteur avec une progression de 3,5%, et inverse ainsi avec HP les rôles tenus en 2004.
Evolution
du marché des serveurs par secteur au 4e
trimestre 2005 (IDC)
|
Secteur |
Unités
vendues |
Chiffre
d'affaires réalisé |
Serveurs
x86 |
+13,7% |
+6,7% |
Serveurs
Linux |
- |
+20,8% |
Serveurs
Unix |
- |
-5,9% |
Serveurs
Windows |
- |
+4,7% |
Serveurs
blade |
+56,9% |
+49,3% |
Sun et Fujitsu, désormais alliés dans la fourniture de serveurs, perdent largement du terrain. Chez Sun, les volumes passent de 337 000 serveurs vendus en 2004 à 342 000 serveurs en 2005, générant un chiffre d'affaires de 4,88 milliards de dollars, en retrait de 5% sur un an. La nouvelle offre d'entrée de gamme Galaxy (lire l'article du 09/09/2005) et la tarification spéciale du constructeur n'est donc toujours pas parvenu à le relancer dans la course.
La faute à une tarification encore peu agressive et à une offre d'entrée de gamme où les processeurs Intel, pourtant très populaires, sont absents. Coté système d'exploitation, au contraire d'acteurs comme HP ou Dell vu comme indépendants, Sun joue encore souvent la carte de son système d'exploitation Solaris, sans mettre en avant des solutions concurrentes comme Windows ou Linux. Son retard devient de plus en plus difficile à combler au fur et à mesure que ses concurrents montent en volume.
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