C'est une décision historique pour les deux acteurs : Dell met fin à plus de 7 ans de négociations plus ou moins actives avec AMD en annonçant la conclusion d'un accord de distribution de la marque Opteron (processeur pour serveur) du fabricant de micro-processeur. A plusieurs reprises ces deux dernières années, Michael Dell, PDG du distributeur informatique, s'était déclaré ouvert à une collaboration avec AMD (lire l'article du 15/11/2004).
Fondée en 1984, l'entreprise Dell est devenue le numéro un de la distribution informatique de PC et le numéro trois de la distribution informatique de serveurs dans le monde selon les chiffres des cabinets IDC et Gartner. La société réalise plus de 56 milliards de dollars de chiffre d'affaires, ce qui la place directement derrière IBM et HP en terme de taille. Son modèle de distribution particulier, uniquement en vente directe par Internet, lui a permis de minimiser ses coûts de production.
L'autre spécificité de Dell par rapport à la concurrence vient de son contrat d'exclusivité avec Intel. Le distributeur n'avait en effet jamais choisi de processeur AMD, ni d'autres processeurs concurrents à ceux d'Intel. Son contrat d'exclusivité et ses parts de marché lui ont permis de négocier des prix au rabais ou la sortie en avance de nouveautés.
De son côté, AMD est devenu le principal concurrent d'Intel sur le marché des puces d'entrée de gamme depuis 1999. Le constructeur a commencé par percer sur le marché du poste de travail avec ses solutions AMD K6, puis s'est rapidement positionné sur le marché des portables, aujourd'hui sa gamme Turion, et des PC bons marchés avec ses processeurs Sempron.
| Un coup dur pour Intel et une nouvelle opportunité pour Dell |
En 2003, AMD marque un grand coup en sortant son processeur Opteron. Il est à l'époque plus efficace que la marque Xeon d'Intel et moins cher que le processeur Itanium 64 du concurrent. Il introduit des nouveautés comme l'architecture 64 bits, le bus Hypertransport et des fonctions d'économie d'énergie. Le constructeur passe du statut d'imitateur bon marché à celui de concurrent sérieux et innovant.
Depuis lors, la part d'AMD dans les entreprises n'a cessé de croître, notamment au sein des PME et des TPE. En avril 2006, le cabinet d'études Mercury Research évaluait à 22,1% les parts de marché du constructeur sur le segment des puces d'entrée de gammes (architecture x86 dite à jeu d'instruction réduit à la différence des processeurs PA-RISC d'HP, Power 5 d'IBM ou UltraSparc de Sun).
Cette montée en puissance de l'offre AMD justifie à elle seule l'accord signé aujourd'hui par Dell. Cependant, d'autres évènements y ont également concouru. D'abord, les difficultés financières que subit le distributeur de PC et de serveurs. Lors de son dernier trimestre, son résultat net a baissé de 934 à 762 millions de dollars sur un an.
D'après le cabinet IDC, la part de marché de Dell s'est établie à 18,1% en 2005, contre 18,6% en 2004. Une faiblesse qui profite directement à son concurrent HP, jusqu'alors en difficulté face à Dell (lire l'article du 21/04/2006).
Le deuxième facteur qui favorise ce rapprochement tient à l'acquisition en mars 2006 du constructeur de PC AlienWare, déjà partenaire d'AMD pour les processeurs de bureau. Remettre en cause le partenariat avec AMD d'AlienWare risquait d'entraîner de lourdes conséquences sur sa clientèle alors qu'une extension du partenariat à Dell avait du sens. Enfin Dell gagne en indépendance ce qu'il perd en condition tarifaire.
Une position qui n'est pas pour déplaire à AMD. Dans son procès contre Intel, le fabricant de processeurs dénonce des conditions tarifaires préférentielles que propose Intel aux distributeurs de PC qui limitent ou excluent de leur portefeuille des puces concurrentes. Un procédé commercial qui entrave la concurrence des marchés et fausse le choix du consommateur selon AMD.
|
Dossier 
