ANALYSE
 
26/04/2007

DI, DSI, DOSI... quels modèles pour quels objectifs ?

Au-delà d'un simple changement de dénomination, l'informatique cherche surtout sa place dans l'entreprise. L'objectif étant d'optimiser les rapports entre MOE et MOA et d'accélérer les projets.
  Envoyer Imprimer  

 
En savoir plus
 
 
 

Depuis 3 ans, le renouveau des investissements dans les projets informatiques a conduit les informaticiens à remettre en question leur modèle. Attendus par une direction générale qui souhaite aligner son système d'information avec les besoins de l'entreprise, ainsi que par les directions métiers, et parfois aussi sous la pression de l'externalisation, les départements informatiques cherchent à monter en compétence.

La direction informatique simple, ou DI, gère uniquement l'exploitation informatique et la maintenance. Elle s'occupe du point de vue technique et raisonne uniquement en maîtrise d'œuvre. Elle est donc vue comme un centre de coût, plutôt que comme un apport à l'ensemble des métiers de l'entreprise. Son périmètre est limité, puisqu'elle attend la définition des besoins de la part des métiers, et se contente d'un rôle d'exécutant.

A l'inverse, un modèle dit de direction des systèmes d'information (DSI) raisonne en mode projet, et s'organise plutôt sous forme de services. Dans ce modèle, le département informatique a formalisé un centre de support client chargé de recueillir les besoins des directions métiers.

Autre différence, la DSI doit être attentive à la performance. Elle n'a pas une enveloppe à gérer mais demande chaque année un budget qu'elle doit justifier. "C'est à la DSI de dire : je peux gagner sur ces aspects là, en revanche sur d'autres j'ai besoin de plus de moyens. Nous sommes davantage dans une optique d'échanges", explique Catherine Le Louarn, directrice associée chez KLC.

La direction des systèmes d'informations s'intéresse davantage au pilotage des projets, à la réflexion à long terme sur la stratégie de l'entreprise, à l'urbanisation et aux projets transverses. Cependant, pour passer de l'étape de DI à celle de DSI, l'exploitation et la production doivent être parfaitement maîtrisées et fiables, car la première préoccupation des utilisateurs reste la fiabilité du système d'information.

"Le passage d'une DI à une DSI n'est généralement possible qu'après le recrutement d'un nouveau directeur informatique"
(Anatole de la Brosse - SIA Conseil)

Les profils recherchés sont également très différents entre l'un et l'autre modèle. "Un DSI est en général beaucoup moins technique qu'un directeur informatique. Il a suffisamment de compétences métiers toutefois pour réaliser des spécifications détaillées", explique Eric Tirlemont, associé en charge du conseil pour les DSI chez Ineum Consulting. Il va s'agir pour les informaticiens de comprendre les enjeux des directions métiers et d'adapter le système d'information en fonction.

Pour certains, le DSI peut même, dans des cas extrêmes, ne plus être un informaticien de formation mais quelqu'un issu d'une formation de gestion. Plus la direction informatique tend vers la DSI, et plus le directeur informatique aura tendance à se rapprocher de la direction générale et, éventuellement, à siéger au comité de direction. Mais cette situation, plus stratégique, entraîne généralement un bouleversement en interne.

"De ce que j'ai pu constaté, le passage d'une DI à une DSI n'est généralement possible qu'après le recrutement d'un nouveau directeur informatique. L'entreprise embauche alors un calibre qui sera chargé des projets de transformation. En général, il prend également des adjoints à son niveau, mais les équipes opérationnelles bougent peu. L'enjeu consiste ensuite à adapter ces compétences ou à les redéployer", note Anatole De la Brosse, directeur associé chez SIA Conseil.

"Les gros projets sont propices au changement de DSI. Mais, en général, à la fin de ces grands projets de transformation d'organisation, le DSI change à nouveau, soit parce qu'il est fatigué, soit parce le projet a connu quelques couacs, mais aussi parce que ce ne sont pas les mêmes métiers entre la bonne gestion d'une exploitation et la mise en œuvre d'un gros projet transverse. Le DSI est un peu un 'Jeanne d'Arc', en ce sens que le bûcher n'est jamais très loin de la victoire", ajoute Catherine Le Louarn (KLC).

La DOSI, correspond encore à un autre modèle d'activité où la direction informatique se mêle avec la maîtrise d'ouvrage pour faire avancer les gros projets avec davantage d'efficacité. L'idée étant de concentrer dans une même direction la maîtrise d'œuvre et la maîtrise d'ouvrage, pour éviter les blocages. Le coté organisationnel de la DOSI implique que cette dernière soit associée à toute transformation des processus dans l'entreprise, ce qui n'est pas toujours le cas.

"Jusqu'à présent, le 'O' n'a pas amené de véritable légitimité supplémentaire au DSI en pratique. Je n'ai quasiment jamais vu un DOSI être appelé pour réorganiser une entreprise ou refondre une organisation. Il serait à l'évidence en porte-à-faux avec les opérationnels, et n'aurait pas le rang aujourd'hui pour assumer cette responsabilité. Seul un DOSI au titre de DG adjoint et mandaté comme tel par la direction générale pourrait être légitime", estime Christophe Legrenzi du cabinet Acadys.

"Jusqu'à présent, le 'O' n'a pas amené de véritable légitimité supplémentaire au DSI en pratique"
(Christophe Legrenzi - Acadys)

Pour ce changement organisationnel, la DOSI se place au-dessus des directions métiers qu'elle coordonne, en recueillant en interne toute la maîtrise d'ouvrage. Elle commande ensuite à sa direction projet l'exécution des développements. Ce modèle, s'il peut amener un avantage compétitif, a aussi ses défauts.

En gardant toutes les clefs, la direction informatique risque de se couper peu à peu des métiers. Peu à peu, la maîtrise d'ouvrage sera trop centrée sur son savoir-faire projet et plus sur son métier. Ce risque, qui existe déjà dans une moindre mesure pour les MOA intégrées aux directions métier, peut être limité en limitant l'organisation en DOSI dans le temps aux seuls grands projets transverses.

 
En savoir plus
 
 
 

Mais changer de modèle nécessite généralement un long processus. Alors que la direction informatique est généralement organisée par activités (développement, exploitation, production, base de données…), la DSI fonctionne plutôt par services, et la DOSI par directions métiers (vente, ressources humaines, marketing…). Pour plus de souplesse, les directeurs informatiques n'hésitent pas à marier plusieurs modèles.

"Dans toute organisation, il y a une nécessaire frontière entre le travail de l'un et de l'autre. Ce sont ces frontières qui sont censées éviter les conflits, en clarifiant le rôle et les responsabilités de chacun. C'est tout l'intérêt de l'entreprise que d'opter pour l'un de ces modèles, plutôt que de laisser s'installer un flou qui, inévitablement, débouchera sur des conflits", conclut Eric Tirlemont d'Ineum Consulting.


JDN Solutions Envoyer Imprimer Haut de page

Sondage

Votre entreprise évolue-t-elle vers une informatique bimodale ?

Tous les sondages