Mitel absorbe Inter-Tel pour 723 millions de dollars

723 millions de dollars. Telle est la somme déboursée - en numéraire - par le canadien Mitel afin de mettre la main sur Inter-Tel, équipementier dans le domaine des communications IP pour TPE/PME, et tenter de se faire une place au soleil sur le marché (très) convoité des systèmes de communication unifiée.

Regroupant tant des éléments d'infrastructures matériels que des applications logicielles (IPBX, plates-formes audio/vidéo conférence, messagerie instantanée, gestion des contacts et de présence…), la communication unifiée apparaît en effet comme l'un des marché les plus prometteurs de ces prochaines années (lire l'article du 17/01/07 : l'inéluctable croissance du marché des offres de téléphonie sur IP).

Moins connue en Europe que ses concurrents directs, Mitel a pourtant dès 2003 signé de belles références clients, notamment en France, avec Auchan pour l'équiper avec près de 35 000 postes téléphoniques IP, et plus récemment (mars 2007) en réalisant la bascule de l'environnement de téléphonie vers la VoIP de la chaîne de magasins d'électronique Boulanger.

Restant plutôt discrète sur ses résultats et le montant de son chiffre d'affaires - la société de fonds privés détenus à 90% par son fondateur Terence Matthews n'ayant pas obligation à les publier - Mitel n'en demeure pas moins confrontée au défi de l'accroissement de sa présence à l'international.

Pour y parvenir, le rachat d'Inter-Tel apparaît aujourd'hui comme une étape décisive. Car au-delà du renforcement de sa position concurrentielle sur le segment de marché des PME, ce rachat permet à Mitel d'étendre d'un seul coup sa présence géographique.

Inter-Tel, une proie véritablement idéale ?

Et ce, notamment sur des régions du monde comme l'Europe où il était jusqu'à présent moins bien implanté que ses concurrents directs, disposant d'un force de frappe via leurs réseaux de distribution.

Au travers de ce rachat, l'équipementier met non seulement la main sur un éventail de technologies et de plates-formes de communication IP mais surtout sur un réseau de filiales particulièrement dense d'Inter-Tel (Inter-Tel Europe, Swan Solutions et Lake Communications notamment) qui lui permettra in fine d'être présent dans pas moins de 90 pays. Il faut dire que le canadien s'est toujours donné les moyens de ses ambitions en sachant séduire à des moments clés de son histoire les investisseurs.

C'est ainsi qu'en 2004, il annonce avoir bouclé un tour de table financier et être parvenu à lever quelques 135 millions de dollars auprès de plusieurs fonds d'investissement de premier plan au Canada comme EdgeStone Capital Partners. Bis Repetita un an plus tard, où il réussit à lever 55 millions de dollars - sous la houlette de l'établissement bancaire JPMorgan - auprès d'investisseurs institutionnels.

Pour autant, à peine l'opération de rachat validée par les comités de direction respectifs des deux entreprises, reste bien entendu à attendre le feu vert des actionnaires, réunis en assemblée générale extraordinaire d'ici à la fin de cet été.

Mais il se pourrait bien que plusieurs d'entre eux rechignent à la tâche. Avec un chiffre d'affaires peinant à croître de plus de 3% entre 2005 et 2006 et ayant creusé ses pertes en 2006 (- 24 millions de dollars contre 17 millions de dollars en 2005), Inter-Tel apparaît-elle vraiment comme la proie la plus succulente du secteur ?

Fait plus inquiétant, sur les 3 derniers exercices, l'entreprise n'a jamais affiché un seul résultat net positif. Mais d'ici septembre, gageons que les directions générales des deux sociétés sauront trouver les mots pour convaincre leurs actionnaires de valider l'opération…