Comment Witbe veut rebondir sur son IPO pour transformer l'essai aux US

Comment Witbe veut rebondir sur son IPO pour transformer l'essai aux US Le spécialiste français du pilotage de la qualité de service IT a levé 15,4 millions d'euros à l'issue de son IPO. Son objectif : se donner les moyens de passer à l'échelle aux Etats-Unis.

[Mis à jour le 14/04/2016] Witbe vient d'achever son introduction en bourse, sur Alternext. Le spécialiste français de la supervision de la performance IT a pu lever 15,4 millions d'euros. La société espérait initialement lever 11,7 millions d'euros. Mais la demande des investisseurs a été nettement plus importante qu'attendu (elle a atteint presque 20 millions d'euros). Witbe a donc dû faire jouer la clause d'extension et l'option de surallocation, qui représentait 8 millions d'augmentation de capital. Le prix de l'action a été fixé à 9,68 euros.

Witbe tire parti de son expérience française dans le Triple Play

Présent aux Etats-Unis depuis 2013, Witbe compte sur l'enveloppe issue de son IPO pour renforcer ses positions sur le continent américain. "Nous capitalisons sur l'expérience que nous avons depuis 10 ans en France dans la supervision de la qualité des services Triple Play. C'est un domaine qui commence tout juste aux Etats-Unis. Nous arrivons donc à point nommé, au moment de la commercialisation des premières box avec une technologie qui a fait ses preuves en Europe", commente Marie-Véronique Lacaze, PDG de Witbe. Il est vrai que, de ce côté-ci de l'Atlantique, Witbe a déjà les principaux opérateurs télécoms dans sa besace : Orange (avec lequel il signe un contrat dès 2005), mais aussi Deutsche Telekom, Vodafone ou encore Telefonica.

Marie-Véronique Lacaze est PDG de Witbe. Elle a co-fondé cette société avec son mari Jean-Michel Planche, qui est SVP Innovation & Technology de Witbe.  © Witbe

La particularité de l'offre de Witbe ? Ses robots de monitoring tracent la qualité des flux IP de tout type (télé, voix, app mobile, site web...), telle qu'elle est perçue par l'utilisateur final. Et ce, en reproduisant des scénarios de test (la lecture d'une vidéo, la connexion à un compte bancaire, un tunnel d'achat sur un site d'e-commerce...). Au final, le processus doit permettre de détecter un problème avant même que l'utilisateur ne s'en rende compte.

Fort de cet historique, le premier galop d'essai commercial de Witbe côté américain a été concluant. Il a abouti à la signature d'une dizaine de contrats avec des opérateurs ou des chaînes de télévision d'envergure nationale ou internationale - dont Comcast, Rogers, Time Warner, HBO ou encore Bell Canada, notamment. "2015 a été l'année des premiers déploiements de nos robots de supervision par ces acteurs. 2016 sera celle du passage à l'échelle de ces projets", ajoute Marie-Véronique Lacaze. "Le plus souvent, ils commencent à utiliser nos outils de suivi de la performance de l'affichage vidéo. Car cette performance peut provoquer la volatilité des clients, ce qui a une incidence directe sur le chiffre d'affaires, tant en matière de vente que de revenu publicitaire."

Witbe est en train d'optimiser ses algorithmes de performance pour la K4

C'est d'ailleurs sur ce terrain de la vidéo que Witbe concentre actuellement une grosse partie de ses efforts de R&D. Son algorithme d'analyse de la qualité d'image vidéo en live est, par exemple, en cours d'optimisation en vue de prendre en charge la 4K. Autre chantier, toujours dans le même domaine : l'amélioration du suivi de la qualité de la vidéo sur mobile, et de la bonne diffusion des publicités géolocalisées qui leur sont associées.

Une infrastructure "prête à passer à l'échelle"

Pour capitaliser au mieux sur ces premières positions prises outre-Atlantique, Witbe compte en premier lieu embaucher de nouveaux commerciaux. Ils viendront étoffer ses équipes américaines basées à New York et Montréal (rappelons que cette entreprise française est aussi présente à Singapour et à Hong Kong). Des recrutements sont aussi prévus pour constituer une équipe dédiée au développement et à l'animation du réseau de vente indirecte de Witbe - qui compte déjà plusieurs grands noms à son actif (BT, Altran, Wipro, Tata, Osiatis...). "Notre marché, désormais à maturité, intéresse de plus en plus les grands intégrateurs tant dans l'optique d'accompagner les chantiers de nos clients opérateurs, que les projets des groupes du Cac40 qui utilisent nos solutions pour superviser leurs systèmes critiques", souligne-t-on chez Witbe.

L'un des derniers produits de Witbe : Witbe Earth est conçu pour suivre en temps réel le statut et la performance de l'ensemble des nœuds d'un réseau de diffusion vidéo OTT, jusqu'aux réseaux de diffusion de contenu (CDNs) associés. © Capture Witbe

Un chiffre d'affaires trimestriel de +160% en Amérique du Nord

Côté infrastructure informatique et produits, Witbe précise avoir beaucoup renforcé ces dernières années la robustesse de ses plateformes de supervision mutualisée et dédiée (en particulier autour du Big Data), notamment pour leur permettre de passer à l'échelle. En 2015, l'éditeur a aussi livré toute une série d'outils visant à industrialiser les déploiements de ses robots de supervision. Des outils qui visent notamment à faciliter le développement des scripts de scénarios de test qui leur sont dédiés.

Sur 2015, Witbe a réalisé un chiffre d'affaires de 15,2 millions d'euros, dont 66% à l'international. Au 1er trimestre 2016, son CA se hisse à 3,4 millions d'euros, en hausse de 52% en un an. Sur cette période, les ventes réalisées en Amérique du Nord progressent de 162%, contre +10% pour la zone EMEA. L'objectif pour Witbe est désormais d'atteindre 60% de CA réalisé côté américain dans les deux ans, contre 43% en 2015.