Comment les grands clouds se positionnent sur la blockchain

Comment les grands clouds se positionnent sur la blockchain Ces derniers mois, Microsoft et IBM ont ouvert leur cloud aux développeurs qui souhaitent recourir aux transactions par chaîne de blocs. Quid de ces offres de Blockchain as a Service.

Le "buzz" autour de la blockchain ne pouvait laisser indifférents les grands noms de l'informatique. Alors que le Bitcoin sent le soufre, la technologie qui le porte ouvre des possibilités dont on ne mesure pas encore l'ampleur. Décentralisée et réputée infalsifiable, une chaîne de blocs permet de valider des transactions de façon sécurisée et sans tiers de confiance. Elle peut par exemple s'appliquer pour l'exécution d'un prêt financier, d'une transaction immobilière ou encore d'un pari sportif.

Le concept
de Blockchain as a Service

Face à l'engouement pour le sujet, les fournisseurs IT ont multiplié les annonces ces derniers mois. C'est tout d'abord le cas de Microsoft qui tente de populariser l'acronyme de BaaS pour Blockchain as a Service. Au sein de son service Azure DevTest Labs (actuellement en préversion), la firme de Redmond propose aux développeurs d'expérimenter des applications de blockchain basées sur son cloud. Ils peuvent provisionner des machines virtuelles afin de créer des environnements de test à la volée.

Microsoft se positionne sur la blockchain bancaire

En parallèle, Microsoft constitue un écosystème de partenaires dans le but d'enrichir les applications de blockchain disponibles sur Azure. En novembre, l'éditeur a annoncé son rapprochement avec la fondation Ethereum. Sa plateforme permet d'exécuter des "smart contracts" (ou contrats intelligents) selon des règles prédéfinies. Depuis, la liste des partenariats s'est allongée, avec notamment Strato, ConsenSys ou MultiChain. Dernièrement, le groupe a signé un accord avec un consortium de 42 banques visant à faire de son cloud l'un des socles de la blockchain bancaire. Directeur de la stratégie Blockchain chez Microsoft, Marley Gray donne, tous les mois, des nouvelles de cet écosystème sur le blog d'Azure.

Service Azure DevTest Labs sur lequel Microsoft propose de tester des applications de blockchain. © Capture JDN

Dans le même esprit que Microsoft, IBM met à disposition sur son PaaS Bluemix des outils de DevOps pour créer, déployer et superviser des développements autour de blockchain. "Un service expérimental", précise-t-il. Big Blue a publié quelques exemples d'application sur GitHub et propose des scenarii d'usage - comme la gestion de la chaîne logistique d'une voiture vendue en leasing [vidéo]. IBM entend également mettre à contribution sa plateforme IoT Watson pour associer objets connectés et blockchain afin, par exemple, de garantir la traçabilité et l'intégrité d'un colis durant son trajet.

Un lave-linge qui commande sa lessive en toute autonomie

Autre cas d'application mis en avant par le géant IT : le recours à la blockchain pour gérer les interactions entre une multitude d'objets connectés ou encore leur faire exécuter des smart contracts. Au CES de 2015, IBM et Samsung ont présenté un lave-linge utilisant un tel procédé pour commander de la lessive en toute autonomie (voir la vidéo).

IBM marie Blockchain et open source

Côté conseil, IBM va ouvrir des centres d'expérimentation sur le sujet (baptisés "Garages") à Londres, New York, Singapour et Tokyo, mais  aussi en France nous promet-on. Des entités où ses experts aideront les entreprises à mettre en œuvre des services de blockchain. Enfin, le géant américain a fourni 44 000 lignes de code au projet Hyperledger, une initiative open source qui vise à promouvoir la blockchain. Soutenue par la Fondation Linux, Hyperledger qui compte aussi dans ses rangs Accenture, Intel, Cisco ou VMware vient de placer un cadre d'IBM, Chris Ferris, à sa tête.

Basé sur le cloud Bluemix d'IBM, le service IBM Blockchain est taillé pour créer, déployer et superviser un service transactionnel de blockchain.  © Capture JDN

Orange a mis en place une cellule de veille

Du côté des acteurs du cloud français, Orange a mis en place une cellule de veille, baptisée ChainForce. Ses équipes basées dans la Silicon Valley observent les initiatives locale et les start-up prometteuses dans le domaine de la blockchain appliquée aux télécoms. Via son fonds Orange Digital Ventures, l'opérateur a récemment investi dans la société californienne Chain, spécialiste du sujet.

Que penser de ces offres ? Pour Benoit Lafontaine, directeur technique chez Octo Technology, elles relèvent principalement de l'effet d'annonce. "Face à un tel engouement, les acteurs doivent se positionner et occuper le terrain", souligne-t-il. Les offres sont, selon lui, assez pauvres. "Il s'agit avant tout de machines virtuelles préconfigurées, avec Ethereum dessus dans le cas de l'offre de Microsoft, mais sans la partie supervision pour monitorer le réseau. Par ailleurs, l'offre manque de cas réutilisables. Les exemples publiés sur GitHub sont peu nombreux."

Un marché encore en phase d'exploration

Du côté d'IBM, on reconnaît volontiers que le marché est encore dans une phase d'exploration avec la mise en place de prototypes et non de projets en production. "Blockchain leader" chez IBM France, Luca Comparini observe toutefois une maturité accrue sur le sujet chez ses interlocuteurs. A ses yeux, "la France présente un terrain très favorable. Le pays n'a rien à envier aux Etats-Unis et au Royaume-Uni même si les start-up spécialisées y sont plus nombreuses", constate l'expert.

Une technologie pour traiter les contrats dans l'assurance

Les secteurs identifiés comme cibles des technologies de blockchain par les géants IT ? En tête, on trouve sans surprise la finance, à la fois pour le transfert d'actif entre deux parties sans tiers de confiance ou encore l'exécution de contrat. Autre domaine en ligne de mire : l'assurance, notamment en vue d'exécuter des prestations - surtout si elles font intervenir des objets connectés comme c'est le cas pour les offres d'assistance à domicile ou de conduite connectée.

"La technologie montre son intérêt dans tous les domaines où il y a des interactions et un besoin de traçabilité des échanges", indique Francois Levy, consultant en services financiers chez IBM . Dans l'automobile ou l'aéronautique, la blockchain permettrait d'assurer une meilleure connaissance des fournisseurs, en donnant la possibilité d'identifier les responsables en cas de produit détaillant. Luca Comparini précise qu'IBM, opérant dans des secteurs réglementés, n'intervient que dans le cadre de blockchains privées où l'identité est requise... et pas dans celui des blockchains ouvertes et publiques, sans contrôle ni restriction - dont le Bitcoin a popularisé l'usage.