ACTUALITE
28/06/2007
Les Etats-Unis inquiets de l'usage détourné des visas de travail
Les sénateurs Dick Durbin (démocrate) et Chuck Grassley (républicain) viennent de publier une liste des compagnies qui usent et abusent des visas de type L et H-1B. Les visas L peuvent être utilisés par les compagnies multinationales pour transférer des employés d'autres pays dans leurs locaux situés aux Etats-Unis. Ces visas n'ont pas les mêmes contraintes que celles des visas H-1B, qui sont soumis au préalable à une annonce classée destinée à mettre ces postes en concurrence avec les salariés américains. Sur un plan comptable, on constate que les demandes de visas H-1B et L sont en nette augmentation. Pour l'année fiscale 2006, 53 000 demandes de visas L ont été approuvées, soit une augmentation de 7% par rapport à l'année fiscale précédente, et 11% par rapport à 2004. Dans le classement des plus gros utilisateurs de visas de catégorie L, on trouve l'entreprise indienne Tata consultants, qui s'est vu attribuer 4887 visas. Cette même entreprise a également utilisé 3046 visas H-1B la même année, selon l'agence d'immigration américaine. L'entreprise américaine Cognizant Technology Solutions et l'entreprise indienne Wipro complètent ce trio de tête. Les sénateurs Durbin et Grassley expliquent que la croissance des chiffres d'obtention des visas L et H-1B montre que l'utilisation de ces visas est
dévoyée. Il pourrait s'agir en fait d'une tentative des sociétés américaines
de faire travailler sur le sol américain des employés étrangers, moins bien
rémunérés que les employés américains, une sorte d'offshoring interne. Ce
sont aussi ces mêmes entreprises qui délocalisent les emplois depuis les Etats-Unis
en direction des pays émergeant pour diminuer leurs coûts, mettant de fait
au chômage de nombreux employés américains. "J'aimerais savoir le nombre de
travailleurs américains qui sont employés par ces groupes, en comparaison avec
le nombre de travailleurs étrangers qu'ils amènent chez nous" déclare le sénateur
Grassley. De fait, 14 des 20 premières entreprises qui font appel aux visas de type L sont des entreprises qui délocalisent. Lettre au ministère de la justice "Nous avons commencé à nous interroger sur la façon dont de nombreuses entreprises
respectent les exigences du visa H-1B " explique le sénateur Durbin. L'homme politique dit attendre une réaction du gouvernement sur ce point. Une lettre a été envoyée au ministre de la justice et de l'immigration,
Alberto Gonzales, visant à poser des questions sur la nature de la lutte de
l'administration fédérale dans ce domaine. Le visa H-1B permet à un professionnel étranger de pénétrer légalement aux Etats-Unis et de travailler pour un employeur américain pour une période de temps déterminée. Les conditions d'acceptation d'un visa H-1B sont au nombre de 4. L'employeur américain doit sponsoriser le professionnel étranger, il doit avoir une "occupation spécifique" qui exige des compétences a priori introuvables sur le sol américain. Le professionnel étranger doit au moins avoir une licence universitaire ou de l'expérience. Enfin, l'employeur doit avoir offert au moins le même salaire à un travailleur américain par l'intermédiaire d'une annonce classée.
Les multinationales transfèrent également leurs employés étrangers
aux Etats Unis par le biais du visa L. Les exigences pour un visa L1 sont
également au nombre de 4. Chaque employé doit avoir travaillé pour
le même employeur pour au moins une année avant l'application du visa L1.
L'employé doit continuer à fournir ses services au même employeur aux Etats-Unis.
L'employé doit travailler en tant que directeur, exécutif, ou un poste qui
requiert une capacité et des connaissances spéciales. Le salarié américain doit enfin
fournir des informations concernant la nature de son travail et la relation
avec la compagnie américaine affiliée.
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