L'alignement métier des systèmes d’information : un enjeu majeur des DSI

Le cadrage de l'organisation de l'entreprise et des évolutions de son SI est un élément décisif pour guider l'alignement stratégique, en garantissant que tous les participants coopèrent dans une même direction.

Un enjeu sans cesse renforcé
Faire en sorte que le SI soit au service du métier, qu’il fluidifie et optimise le fonctionnement de l’entreprise, et qu’il soit réactif aux évolutions de l’entreprise et du métier : ceci est une exigence de la direction générale depuis que l’informatique existe, mais son acuité augmente sans cesse face à la compétition et aux attentes des clients, tandis que sa difficulté croit du fait de l’ampleur et la lourdeur de l’existant, ainsi que de la complexité croissante du SI. Le problème concerne l’ensemble de l’entreprise, notamment la direction générale, la MOA et la MOE. Il nécessite une réponse globale, qui commence par une organisation interne adaptée et une démarche partagée dans l’entreprise

Cadrer les évolutions du SI et de l'organisation

Une entreprise adresse un ou plusieurs métiers en fonctionnant selon ses objectifs. Le cadrage de l'organisation de l'entreprise et des évolutions de son SI est un élément décisif pour guider et aligner ces travaux, en garantissant que tous les participants coopèrent dans une même direction. Le cadrage comprend tout d'abord la définition de la "vision" de l'entreprise, notamment ses objectifs. Il est ensuite enrichi par l'inventaire des règles métier, qui indiquent les règles devant être appliquées par l'entreprise et son SI dans son fonctionnement quotidien. Il est enfin complété par l'analyse des besoins qui guideront la réalisation du SI.

Ces trois disciplines (analyse des objectifs, analyse des règles métier, analyse des besoins) fournissent les points d'entrée indiquant ce que chacun doit réaliser, et ce à quoi le système doit se conformer. Ils forment une sorte de "contrat" que chacun peut comprendre.

L'Architecture d'entreprise - Formaliser le métier et le SI
C'est une évidence : aligner le métier sur le SI nécessite que le métier, l'entreprise et le SI soit connus de tous les intervenants, selon leurs préoccupations. Il faut donc formaliser le métier, l'entreprise, le SI : le cartographier, le modéliser. Le partage de connaissance sur le métier et sur le SI, enjeu majeur de la coopération MOA/MOE, doit être facilité par le fait que tous les intervenants disposent de modèles adressant leurs problématiques, liés les uns aux autres sous un référentiel commun : un seul outil pour le métier et l'IT favorise la communication

L' Architecture d'entreprise est une discipline internationalement reconnue, permettant de définir ce que sont le métier, l'entreprise, le SI et les cibles souhaitées. Les plans essentiels sur lesquels doit se concentrer l'architecture d'entreprise sont schématisés en plan "métier", "organisation" et "architecture logique", le plan "logiciel" adressant la partie informatique.

Cadrer le SI sur le métier ne doit pas aboutir à calquer le SI sur les dysfonctionnements internes d'une entreprise. Pour se dégager des contingences d'une entreprise, de son histoire, de ses évolutions parfois rapides, il est recommandé de formaliser le "métier" indépendamment de l'entreprise. Cette définition structure et contraint la manière dont une entreprise fonctionne. Le modèle métier guidera la manière d'optimiser l'organisation, et permettra de vérifier la pertinence et la complétude des processus métier. Il fournira la base conceptuelle du référentiel société, en même temps qu'il permettra de définir des échanges de données entre sociétés liées au métier.

A partir du métier, des objectifs et de l'existant, l'organisation de l'entreprise est formalisée en faisant apparaître les rôles, les responsabilités, les flux et événements métier, les processus métier puis en mesurant la réponse de ces éléments aux objectifs et leur fonctions face aux objets issus du métier proprement dit. Les objectifs sont quantifiés et assignés à des éléments de l'organisation : ce travail permet de vérifier que l'organisation répond aux objectifs, et de retravailler l'organisation pour répondre aux indicateurs de performance attendus. C'est ainsi par exemple que l'on s'attachera à retravailler un processus métier, pour l'optimiser face aux objectifs qu'il doit satisfaire. L'organisation se complète par une vision géographique, qui détermine comment l'organisation est déployée sur les différents sites de l'entreprise.

Le plan de l'architecture logique s'attache à décrire le système existant et le système cible, de manière macroscopique, sans s'attacher aux technologies de réalisation informatiques. Partant de la cartographie du SI, qui est d'abord un répertoire des applications et référentiels existants, qui les organise et structure en termes fonctionnels, identifie les flux d'échange et fournit des caractéristiques de ces éléments, le plan logique permet de décrire le système cible en recherchant une architecture "idéale".

L'architecture logique constitue la vision sur le SI partagée entre la MOA et la MOE. Elle présente la configuration du système avec  les constituants que doit connaître la MOA pour jouer son rôle de propriétaire du système et de maîtrise d'ouvrage, et prédéfinit les travaux à réaliser pour la MOE. Des règles permettent d'identifier les « composants de services » et services nécessaires, à partir des processus métier (et de leurs activités devant être supportées par le SI) et à partir du modèle métier qui fournit les notions métier essentielles à gérer. Le cahier des charges est initié à partir du modèle de l'organisation, et complété relativement au modèle logique. Les travaux de réalisation délégués à la MOE sont ainsi fortement cadrés.

Un outil de modélisation et un référentiel unique pour supporter la continuité des travaux

La modélisation de l'architecture d'entreprise puis du logiciel doit être vue sous la forme d'une évolution continue, d'un enchaînement logique entre les différents plans de modélisation, afin que chaque décision prise en aval, chaque élément de modèle, puisse être tracé vers un modèle amont, pour de proche en proche remonter jusqu'à la formalisation du métier et aux éléments de cadrage (règles métier, objectifs, exigences, dictionnaire). On a ainsi une chaîne de traçabilité, qui constitue l'outil majeur assurant l'alignement SI/Métier : l'outillage permet de mesurer la complétude d'un modèle (par exemple, toutes les exigences sont-elles couvertes ? Tous les termes du dictionnaire sont-ils représentés ?) et permet également d'effectuer des analyses d'impact, par exemple : Quelles parties de l'organisation, quels éléments du SI sont impactés par la modification de tel objectif ?

Ce cadrage continu permet de garantir le suivi des réalisations. On peut par exemple demander ce qui justifie l'introduction d'une exigence (par exemple la réponse à un objectif), qu'est ce qui dans le SI satisfait cette exigence (par exemple un composant de services), et comment cette exigence sera vérifiée lors de la livraison du développement (par exemple un jeu de tests associé à l'exigence).

Cette évolution requiert que les modèles soient dans un même référentiel, gérés par un outil fédérateur. Une nouvelle génération d'atelier intègre les standards UML2 (Unified Modeling Language - Standard OMG) pour les aspects logiciels, BPMN pour les processus métier, des extensions dédiées pour formaliser l'Architecture d'entreprise et chacun de ses plans, et un support dédié à l'analyse des objectif, l'analyse des règles métier, le dictionnaire métier et l'analyse des besoins.

Cette démarche soutenue par un support outillé a l'avantage de permettre aux intervenants de prendre des décisions (priorités, investissements) informées relativement à la situation de l'entreprise et de son SI. Cependant, l'alignement SI sur le métier suppose en préalable une volonté de la direction générale, avec une organisation interne (MOA/MOE) adaptée assurant un partage des pratiques et des objectifs.