Green IT : premières avancées et premiers enseignements

Une démarche de Green IT se doit d'être portée au plus haut niveau de l'entreprise, au-delà de la zone d'influence de la DSI. Car, si les outils et leviers du Green IT sont bien entre les mains de la DSI, les impacts en vont bien au-delà

Depuis maintenant 2 ans nous assistons à l’éclosion des démarches Green IT dans les rapports annuels des grandes entreprises. Effet crise aidant, les entreprises cherchent désormais à afficher une image éthique et, à ce titre, les démarches Green IT deviennent un enjeu majeur tant en termes de visibilité et de notoriété qu’en termes d’atout commercial ou de performances financières.

Mais qu'entend-on donc par Green IT ? Souvent employée, rarement comprise, la notion même de Green IT échappe encore à la plupart des personnels IT, pourtant les premiers concernés. De fait, elle reste principalement employée par des sociétés technologiques innovantes de niche même si elle est reprise depuis peu par quelques acteurs majeurs tel que Google.

On peut également citer les sociétés qui désirent surfer sur la vague "verte" et qui ajoutent avec plus ou moins de bonheur à leurs offres existantes la notion de "Green IT". Si cela est parfois pertinent et apporte une réelle valeur ajoutée, la plupart de ces offres ne sont en fait que l'évolution de démarches ou d'outils existants peu adaptés au contexte particulier du Green IT.

En parallèle, on peut noter qu'un grand nombre d'entreprises élaborent d'importantes campagnes de communication dans le seul but de donner à l'opinion publique une image "écologique responsable" alors même que ces campagnes coûtent bien plus chères que leurs actions réelles en faveur de l'environnement.

Ce phénomène, appelé "Green Washing" ou éco blanchiment en français, n'aide malheureusement pas à la compréhension des véritables enjeux qui lient les systèmes d'informations avec la maîtrise et la diminution des émissions de CO2.

Il est important de comprendre, dans un premier temps, que plus de 60% des émissions de CO2 d'une société du secteur tertiaire sont dues aux consommations électriques, un quart aux transports et 10% aux consommations de papier.

Or, près de la moitié de cette consommation électrique provient de l'IT à travers l'alimentation des salles serveurs et des postes de travail des utilisateurs. Contribuer à la réduction de ces consommations a donc un impact direct et important sur les émissions de CO2. C'est ce que l'on appelle le "Green IT".

Mais les technologies de l'information peuvent également aider à réduire les émissions d'autres postes émetteurs en CO2. Les transports (petite et grande mobilité) et la consommation de papier sont particulièrement concernés. Classiquement, les entreprises ont envisagé, aussi pour des problématiques de réduction de coûts, d'utiliser les outils de téléconférence et visioconférence.

En pratique, ceux-ci ne sont réellement utilisés que ponctuellement du fait d'une qualité souvent jugée insuffisante par rapport à une réunion "classique". Mais, les évolutions technologiques et leur arrivée à maturité permettent désormais de récréer des conditions immersives très poussées au sein des vidéoconférences (la "téléprésence"). Ceci, complété par la mise à disposition d'outils de collaboration à distance (Web conférence, instant messaging, etc.), des solutions de type partage d'une flotte de véhicules professionnels et par la rationalisation des moyens d'impression constitue le volet "IT for Green", ou, autrement dit "la technologie au service du développement durable".

Le Green IT, au sens dans lequel on l'entend, comporte donc en réalité deux volets distincts et complémentaires, l'un directement sous contrôle de la DSI, l'autre où la DSI est un contributeur. Les enjeux sont donc transverses et doivent s'inscrire dans une stratégie qui dépasse le domaine de responsabilité des DSI seules.

Dès lors et à la vue de ces différents éléments, la difficulté pour une entreprise donnée consiste à définir et mettre en place sa propre stratégie Green IT. Et pour cela, il faut d'abord se poser les mêmes questions de bon sens que lors de tout programme de transformation : Pour quels objectifs ? Dans quels délais ? Quelle gouvernance ? Quel pilotage ? Avec quels moyens ? Etc.

Il est illusoire de penser que le Green IT n'est que la somme d'initiatives locales ou individuelles. En effet, à quoi cela sert-il qu'une DSI s'évertue à choisir des composants moins énergivores pour ses serveurs si d'un autre coté les métiers continuent à réclamer des puissances supplémentaires alors que nous savons tous que celles-ci sont trop souvent disproportionnées par rapport aux besoins ? Et plus encore, par nature, le Green IT est transverse au sein d'une entreprise : les évolutions qui vont être apportées touchent aussi bien les infrastructures des applications métiers que le poste de travail de l'utilisateur.

En conséquence, une démarche Green IT se doit d'être portée au plus haut niveau de l'entreprise, au delà de la zone d'influence habituelle de la DSI. Car, si les outils et leviers du Green IT sont bien entre les mains de la DSI, les impacts en vont bien au delà, et doivent faire l'objet d'un accompagnement spécifique à travers une conduite du changement adaptée. Et si un changement d'outil peut s'effectuer en l'espace d'une année, un changement de mentalité, pour qu'il soit durable et ancré, prend beaucoup plus de temps, de l'ordre de trois années.

Nous tenons donc ici l'ensemble des axes qui structurent une démarche Green IT efficace: élaboration, gouvernance, pilotage, mise en œuvre, et accompagnement. On retrouve la même démarche que pour n'importe quel autre programme mené au sein d'une entreprise, mais adaptée au contexte Green IT et à ses enjeux. Mais au final, n'est-ce pas là justement le signe de la maturité ?