L'Administration 2.0 : nouveau défi pour le secteur public

L'enjeu est de moderniser le service public, pour le recentrer sur les nouveaux enjeux sociétaux dans le respect des contraintes de coûts et d'efficacité.

"La parole est à l'imagination". C'est ce qui résume le mieux la situation actuelle en matière de nouvelles technologies numériques pour le service public.
 
Dans un univers contraint financièrement, parfois menaçant, toujours mobile, l'administration publique doit construire une nouveau modèle de fonctionnement moins coûteux, plus efficace et créateur de lien social.
 
Dernier rempart des plus faibles mais aussi socle d'une vie collective et harmonieuse, le secteur public doit être fort sans creuser le déficit public, disponible sans être omniprésent, porteur d'une humanité qui double la simple mise en oeuvre d'une prestation réglementaire.
 
Pressée d'être en première ligne et à l'écoute tout en étant contrainte à respecter d'innombrables règles, l'administration dispose de deux leviers mobilisables:
- Les hommes et les femmes de la fonction publique
- Le numérique et l'Administration 2.0, sujet de cette tribune
 
La situation actuelle fait immanquablement penser à l'Après-Guerre et aux profondes réformes qui en ont découlé. De nouveau, on peut constater un univers en mutation : un changement de modèle (la mondialisation), un nouveau tissu social à créer (nouvelles valeurs, nouvelles solidarités), de nouvelles technologies disponibles (internet, mobilité, média sociaux), des énergies disponibles (jeunesse, forces vives, associations).

Il existe également des différences fortes vis-à-vis des années 1945-1950 qui imposent la recherche de nouvelles solutions : un monde multidimensionnel, une gouvernance polycentrique, des évolutions rapides et parfois déstabilisantes.
 
Au-delà des prérogatives de puissance publique (application et respect des lois et règlements), le rôle du service public, et notamment local, est de revenir à la proximité et au sens social, culturel et éthique de cette nouvelle situation. Le service public est le contrepoint et le pendant du système marchand, il peut combler la fragmentation du monde, les replis culturels, tempérer les inégalités sociales et cognitives.
 
Pour ce faire, il faut que le service public puisse utiliser les mêmes outils numériques que tout autre prestataire de service, avec la même efficacité, la même imagination, la même sécurité.  La force du numérique est aujourd'hui démontrée : mobilisation des énergies, instantanéité des échanges, développement économique, partage des connaissances, ... Cet outil et son formidable potentiel sont à la disposition du service public pour créer le socle social, économique, culturel de demain.
 
Chaque territoire, fort de son identité, peut créer le "territoire digital" qui lui ressemble pour renforcer le tissu économique, faire valoir et créer du savoir. Fibre optique, réseaux sociaux, téléservices, démocratie numérique, mobilité, ... ces outils, qui font se lever des nations, peuvent également être au service des territoires et du service public.
 
L'univers numérique qui s'ouvre face aux forces vives de l'Administration est quasiment sans limite : peu onéreux, extrêmement dynamique, profondément démocratique et plus humain qu'il n'y paraît (il suffit de parcourir blogs, réseaux sociaux et autres gazouilleurs pour s'en convaincre).
 
Maîtrisé par la puissance publique, cette nouvelle forme d'administration que nous baptiserons Administration 2.0 peut s'inscrire et renforcer nos valeurs traditionnelles : liberté - égalité - fraternité. C'est par le numérique que le service public peut se régénérer et que peut éclore une nouvelle forme de démocratie et de solidarité sociale.
 
A l'aube de ce nouveau défi, les approches du service public numérique ne manquent pas à Nice, Bordeaux, Toulouse, Strasbourg, Evreux, Angers, ... sans oublier les départements, les régions et l'Etat.
 
Il manque encore le souffle, l'élan ou la capacité à assumer clairement l'entrée dans cette nouvelle donne, qui n'est pas une politique publique parmi d'autres mais bien l'émergence d'un nouveau service public du partage, de la connaissance et de la solidarité.
 
"Le pouvoir par la violence doit disparaître car il détruit ceux qu'il voudrait dominer, le pouvoir par l'argent est limité par la valeur finie sur laquelle il s'appuie, alors que le pouvoir par le savoir peut enrichir des millions d'Hommes sans appauvrir celui qui nous transmet ce savoir." Alvin Toffler - écrivain, sociologue et futurologue américain.