Choisir son CMS : retour d’expérience sur Wordpress, Joomla!, eZ Publish et Drupal
Pilier de la majeure partie des sites Web, le choix du Content Management Système (Système de Gestion de Contenu ou CMS dans le reste de l'article) pose toujours un problème aux décisionnaires. Petits conseils nés de l'expérience.
Le choix offert, la popularité de certaines solutions et les « on-dit » ne facilitent pas la prise de décision. J’ai donc souhaité partager avec vous mon retour d’expérience sur quelques-unes d’entre elles, notamment sur les solutions open source PHP les plus utilisées sur le marché afin de fournir quelques éléments de réponse à vous qui êtes confrontés à ce type de décision structurante.WordPress
Souffrant d'une réputation le
considérant souvent, à tort, comme un simple système de blogging WordPress a su
prendre un tournant important dans son développement au cours des années
2007/2009, période durant laquelle, en plus de corriger des centaines de bugs,
il a su s'adjoindre de vraies fonctionnalités de gestion de contenu. L'offre
d'extensions pouvant lui être associées est excellente et la personnalisation
du thème et du design est en général assez aisée. Techniquement le code est assez clair, et la
fragmentation des fichiers beaucoup moins contraignante que sur d'autres
solutions (Joomla!, par exemple).
WP est idéal pour les sites institutionnels ou
événementiels (pour lesquels il excelle notamment par sa rapidité de mise en
production) toutefois avec un minimum d'objets à gérer, car la médiathèque n’est
pas son point fort. WP possède une belle communauté très active et les mises à
jour sont régulières sans dépasser la
fréquence du supportable pour une TMA correcte. Pour finir, si le directeur artistique
vous fait défaut, sachez que beaucoup de sites proposent des thèmes prêts à
installer et qui ne nécessitent que peu de connaissances graphiques pour être
personnalisés. Il ne faut donc pas mettre de suite WP à l’index à l’heure du
choix, il répond à beaucoup de besoins et permet de challenger d’autres
solutions qui paraîtraient plus évidentes de prime abord.
Joomla!
De loin celui que sur lequel je n’aurais
pas misé un copeck il y a quelques temps, il est pourtant devenu une véritable
alternative depuis sa version 1.6 (actuellement 2.5 en L.T.S.). Joomla a franchi
un véritable cap s'approchant des autres CMS réputés plus professionnels en
améliorant sa gestion des droits (et donc du workflow) via la refonte de ses
ACL (Access Control Layer). Outre cette avancée, la hiérarchisation des
articles a également été revue pour une version plus complète, voir complexe,
mais nécessaire pour rivaliser avec d'autres produits.
L'ergonomie de son backoffice, sa vraie
force, reste d'une exceptionnelle intuitivité et convient parfaitement à un
public néophyte habitué aux outils bureautiques courants. La médiathèque est un
des modèles du genre. Son système de plug-ins et de composants en fait l'un des
plus faciles à faire monter en fonctionnalité, mais la fragmentation et le nombre
de ses fichiers rendent son évolution programmatique assez pénible et réservée
à des connaisseurs de la solution. On notera également sa gestion particulière
(et anachronique) des contenus à base de menus déroulants en guise de filtres (!).
Joomla peut adresser toutes sortes de
sites, il peut être associé à des extensions e-commerce ou encore à caractère
communautaire (Joomsocial par exemple).
eZ
Publish
Une solution à la logique assez
déroutante au départ (très fortement orientée objet) mais qui s’avère la plus
puissante finalement, avec un niveau de maîtrise des objets dans les pages
assez « bluffant ». Par ailleurs, le socle fonctionnel proposé de
base est le plus complet du marché actuellement. La médiathèque vaut également
le détour, avec celle de Joomla c’est une référence : hiérarchisation,
classement, arborescence, simplicité d'utilisation et une restitution au
contributeur super intuitive.
En revanche, comparé à des solutions où
l’improvisation peut encore faire illusion, eZ Publish est un CMS de
spécialistes et ils sont rares. C'est le risque majeur de cette solution :
s'engager sans avoir d’expert. A côté de cela, un éditeur (eZ Systems) porte la
solution avec une version « entreprise » un peu sur le modèle de
RedHat. On aime ou on n’aime pas, mais cela reste (largement) moins onéreux que
les systèmes de licence des solutions propriétaires et présente quelques
avantages, comme le support et un accompagnement possible en phase de
conception.
La communauté, plutôt de taille moyenne,
donne l'impression de ne travailler qu'en vase clos (et en anglais) mais
commence à avoir une certaine présence sur les réseaux sociaux (due notamment à
l’effort de l’éditeur). Solution à réserver pour des budgets conséquents et à
des projets de moyenne et grande ampleur. Il ne faut pas hésiter à s'appuyer
sur l'éditeur, la conception et l'architecture n'étant pas évidentes à penser
pour quelqu'un d’étranger à ce CMS.
La diffusion d'eZ Publish repose
principalement sur un réseau d'entreprises partenaires, ce qui le rend par
conséquent élitiste et en cela dommageable pour les bloggeurs et TPE qui
pourraient profiter de sa puissance et de sa robustesse si une politique plus
ouverte sur la communauté était menée. Par contre, l’avantage est que la
roadmap est très proche des demandes clients.
Drupal
La montée en puissance de Drupal sur le
marché ces deux dernières années est tout simplement impressionnante. Voilà la
solution la plus souple du marché, Drupal peut répondre à pléthore de
problématiques, mais son principal problème réside dans la pauvreté
fonctionnelle qu'elle offre dans une installation de base. Pour comparaison, il
ne faut pas moins d'une quinzaine d'extensions pour avoir le niveau de
fonctionnalités natif d'eZ Publish. Certains plaideront pour la souplesse du
principe (pourquoi rendre un service qui n'est pas demandé). Ce qui serait
effectivement un bon positionnement si les fondamentaux indispensables à un CMS
étaient intégrés au core du produit. Malheureusement ce n'est pas le cas et de
nombreuses extensions sont vite nécessaires. C’est un défaut majeur,
principalement lors des montées de version, qui posera le problème de la rétro
comptabilité de tous les modules. C'est une question de choix, on peut assumer
cette maintenance mais cela demande du temps.
A contrario du précédent CMS, Drupal est
issu de la communauté open source. Bénéficiant de cette communauté
très active et étant d'une facilité de prise en main sans commune mesure par
rapport à eZ (ajoutez à cela sa modularité), il est capable d'adresser tout
type de projet.
Par ailleurs, Drupal se trouve dans une
situation un peu délicate dans ses versions puisque situé entre une V7 qui n’a
pas convaincu tout le monde et une V8 (passage très attendu sur le framework
Symfony2) qui va tout bouleverser, et cela, sans réelle garantie d’un support
des développements effectués sur les précédentes versions.
Conclusion
Pas question de classement ici parce que finalement, et comme il est de bon ton de dire : le
meilleur outil est celui dont on sait se servir.
D’autres paramètres entrent en compte
dans le choix comme la charge estimée, la maintenance, les coûts de
développement et de montée en compétence, le planning, les disponibilités des
ressources sur le marché (dans le cas où elles ne sont pas internalisées).
Les références professionnelles plaident
en faveur de Drupal ou eZ Publish mais ces derniers sont dans une période de
mutation (Drupal de V7 à 8 et eZ de V4.x à 5) assez profonde qui me pousse à
penser qu’il est urgent d’attendre. En effet, aucune garantie sur la rétro
compatibilité des nouvelles versions n’est fournie par les deux solutions (même
si du côté eZ Systems on y pense et des développements sont en cours).