La DSI en 2030 : quels défis pour l’environnement de travail ?

En quelques années, le poste de travail s'est transformé en "environnement de travail". Une révolution qui est loin d'être achevée, et qui va continuer de mettre les DSI face à des challenges importants.

Si l’informatique a révolutionné le poste de travail à partir des années 1990, les technologies numériques ont, ces dernières années, bouleversé les usages. Plusieurs phénomènes – notamment le cloud, la mobilité et la consumérisation – se sont conjugués pour faire évoluer en profondeur la manière d’accéder au système d’information de l’entreprise et d’utiliser les applications. Tant et si bien que le poste de travail s’est transformé en environnement de travail, dont les caractéristiques peuvent se résumer dans la formule suivante : « AnyTime, AnyWhere, AnyDevice ».

Qu’en sera-t-il dans 10 ou 15 ans ?

La révolution de l’environnement de travail n’est pas seulement technologique, elle est aussi culturelle. De nombreuses études, comme celles de l’Arseg (1), montrent bien à quel point la transformation s’opère à tous les niveaux. Les outils, les interfaces entre les collaborateurs et les données de l’entreprise, le lieu de travail lui-même, l’ergonomie des bureaux et des espaces… les impacts se ressentent même dans la manière dont le temps de travail s’organise.

Voici certains des principaux aspects qui devraient caractériser notre environnement de travail à l’horizon 2030 :

Continuité totale des usages

C’est le point le plus central. Sans porter de jugement sur le bien-fondé du phénomène, chacun peut constater la porosité, voire l’effacement des frontières qui marquaient traditionnellement une rupture d’espace et de temps entre la sphère privée et la sphère professionnelle. Consulter ses e-mails professionnels et y répondre ne s’arrête plus au moment où l’on quitte son bureau.

Il n’y a plus un poste de travail unique et sédentaire, auquel on accède à heures fixes, mais des appareils et des écrans, toujours plus nombreux, qui seront autant d’interfaces avec le système d’information de l’entreprise. Et que tous les collaborateurs de l’entreprise peuvent utiliser facilement à tout moment, en tout lieu. Ce phénomène ne va faire que s’amplifier avec les technologies dites les objetsconnectéset les objets connectés de toutes sortes. On peut le constater aujourd’hui, ne serait-ce qu’avec la multiplication des montres connectées.

Collaboration et suivi des actions

Trouver la bonne information au bon moment, va représenter l’un des principaux facteurs conditionnant l’efficacité, la productivité et les performances des collaborateurs. Mais aussi leur confort de travail. La gestion des connaissances (Knowledge Management) et les outils permettant de les partager vont devoir être de plus en plus intégrés à l’environnement de travail. Non seulement au sein de l’entreprise, mais également avec d’autres organisations, dans une démarche de réseau communautaire et collaboratif. A l’heure ou l’information nous entoure constamment, il est nécessaire de se recentrer sur sa qualité plutôt que sa quantité et donc de réintégrer la dimension de confiance en cette dernière.

Support aux utilisateurs ultra-personnalisé

L’une des grandes caractéristiques de l’évolution de l’environnement de travail est qu’il va vers toujours plus de personnalisation. Mécaniquement, le support aux utilisateurs doit s’adapter et aller vers une plus grande agilité. Notamment au niveau des modalités de contact et de la disponibilité des services. Des solutions sont en cours de développement s’appuyant sur de l’IA (Intelligence Artificielle).

Parallèlement, l’autonomie de l’utilisateur va devoir s’élargir pour lui donner les moyens de résoudre efficacement, par lui-même, des demandes qui nécessitent aujourd’hui l’aide d’un tiers. Pour la génération Y et les suivantes qui sont nées avec les technologies numériques, c’est à la fois nécessaire et naturel. L’enjeu est donc de laisser à l’utilisateur la possibilité de modifier son environnement autant qu’il le souhaite tout en évitant l’aspect envahissant d’une sur-personnalisation déjà programmée.

La DSI face à de nouveaux challenges… et de nouvelles responsabilités

Naturellement, cette transformation et ce concept d’environnement de travail créent de nouveaux défis pour le DSI. Le DSI de 2030 (qui ne s’appellera probablement plus « DSI », mais peut être Direction Intégrée de l’Information…) devra composer avec des systèmes d’informations multiples et interconnectés, répondre à des challenges liés à la sécurité, à la flexibilité, à la gestion des actifs ou encore aux attentes des collaborateurs en termes de personnalisation et de besoins métiers.

Mais, au-delà de ces impératifs techniques qui sont désormais bien identifiés et largement commentés par tous, le vrai défi pour la DSI en 2030 sera peut-être celui de la transmission du savoir et des méthodes à l’ensemble de l’entreprise.

Aujourd’hui en effet, beaucoup d’informations passent par la DSI, son rôle est central. Dans les années à venir et en 2030, le challenge sera non pas de développer ce rôle central, mais de réussir à intégrer les éléments qui rendent le DSI indispensable à chacun des services de l'entreprise. Il ne suffira plus de donner l'accès à telle base de données au marketing ou d'installer un CRM chez les commerciaux. Le vrai défi sera de transmettre le savoir et les méthodes de la DSI aux différentes fonctions et aux différents métiers, dans une optique d'agilité totale nécessaire pour répondre au mieux aux besoins de l'entreprise.

Il faudra que les outils soient maîtrisés par tous les métiers pour permettre à l'ensemble de fonctionner le plus efficacement possible. Pour atteindre ce but, il faudra d'une part simplifier les outils et d'autre part orienter les formations vers la maîtrise de ces derniers.

Ainsi en 2030, la DSI devra devenir globale, transférer son savoir-faire dans tous les services et se consacrer à un rôle de coordinateur. Plus qu’un nouveau défi, il s’agira surtout d’une nouvelle responsabilité, garante du bon fonctionnement de l’entreprise !

(1) Association des Directeurs et Responsables de l’Environnement de Travail