Le courage comme trait distinctif du DSI à l’ère numérique ?

Le passage au numérique crée une rupture qu’une entreprise ne peut se permettre d’ignorer d’autant que sa survie dépend de la rapidité d’adaptation de son pôle IT.

Les dirigeants souhaitent que leurs DSI mènent l’offensive et trouvent les moyens de mettre à profit la technologie informatique afin que leurs structures puissent mieux soutenir la concurrence à l’ère numérique. Néanmoins selon l’étude menée par BPI (Business Performance and Innovation) Network, les efforts déployés sont loins de répondre aux attentes, mettant en évidence des dissonances inquiétantes entre équipes informatiques et responsables métier. Concrètement l’écart entre les « chefs de file » et les « lanternes rouges » ne fera que se creuser avec l’émergence d’une nouvelle catégorie de leaders – constituée de pionniers – capables de progresser bien plus vite que les retardataires.

La présence d’une direction informatique audacieuse et courageuse jouera un rôle clé, en permettant de rallier l’entreprise aux chefs de file. Les DSI doivent véritablement repenser leurs missions afin de déployer de nouvelles stratégies d’innovation exigées par leurs entreprises et s’imposer comme les éléments moteurs de la transformation digitale. Pour réussir, il faut parfois sortir des sentiers battus et remettre en question les mécanismes de pensée et d’action traditionnels.

1. Réinventer les prérogatives habituelles pour promouvoir une culture de l’innovation

L’amertume ressentie par les dirigeants d’entreprises par rapport au degré d’innovation dont font preuve leurs équipes informatiques est croissante. Au lieu de faire entrer leurs entreprises dans une nouvelle ère d’innovation ultra-agile, les informaticiens sont freinés par des tâches de maintenance toujours plus nombreuses, des compressions d’effectifs et des infrastructures vieillissantes. Les équipes informatiques consacrent bien trop de temps aux tâches d’automatisation de bas niveau alors qu’elles devraient se recentrer sur l’innovation et désorganiser la concurrence. Elles doivent privilégier les opérations appelées à infléchir les résultats de l’entreprise.

Face à la rupture numérique, la capacité à innover rapidement relève moins d’une question de budget que du développement d’une culture de l’innovation. Vous avez beau fournir la bande passante et les outils, les collaborateurs doivent avoir soif de créativité et brûler d’envie de tester de nouvelles expériences. Les grandes entreprises doivent puiser leur inspiration auprès des start-up, de l’Open Source et des environnements de financement participatif. Dans toute approche bimode, des ressources seront dédiées aux projets financés et validés par votre entreprise – mais il vous faut également une culture où les collaborateurs brassent des idées, tout simplement parce qu’ils vouent une véritable passion à cet exercice.

Les entreprises doivent également s’attacher à redéfinir les missions des professionnels de l’informatique : faire en sorte de rendre leurs prérogatives plus séduisantes pour ces spécialistes en résolution de problèmes… Il importe que les DSI examinent l’éventail complet des tâches à accomplir afin de dissocier celles qui doivent impérativement demeurer en interne de celles qui peuvent être confiées à des prestataires externes.

2. Pour accélérer votre transformation numérique ? Solliciter la direction de l’entreprise !

Il est important que les DSI s’assurent du soutien des autres hauts responsables de l’entreprise dans cette transformation numérique. Les tensions croissantes entre les équipes informatiques et leurs collègues ont fait obstacle à une communication propice à la collaboration, à l’innovation et à une véritable transformation informatique. L’une des récriminations fréquemment exprimées, côté informatique, est que les acteurs métier tardent trop avant de les convier à débattre d’un plan de travail car peu dispose d’équipes transversales dynamiques au sein de leurs sociétés aujourd’hui.

Cette situation dénote un manque d’engagement de la part des cadres dirigeants dans certaines entreprises. Les DSI doivent reconnaître leur rôle et l’assumer pleinement en renforçant les relations en question et en encourageant la collaboration transversale. Les hauts dirigeants qui sont conscients des atouts induits par une transformation informatique doivent communiquer clairement cette vision aux collaborateurs à tous les échelons de l’entreprise. Aucun progrès ne peut être escompté en l’absence de direction solide. Les DSI doivent se faire l’écho de ce changement qui s’impose, et défendre un dialogue pluridisciplinaire nourri avec les différents partenaires.

Les DSI doivent également solliciter les conseils et retours d’informations des autres cadres dirigeants afin d’évaluer le degré d’avancement des objectifs à court et long terme ou bien à défaut d’être évalués par des indicateurs métier.

3. Ne pas se laisser intimider par le big data

L’essor du big data impose un besoin d’innovation rapide.  Ces évolutions offrent de gigantesques opportunités aux entreprises. Les DSI eux-mêmes sont en butte à des pressions croissantes pour fournir les outils et processus indispensables à la mise en œuvre d’une stratégie big data au sein de leurs entreprises, qui procurera un nouvel éclairage et de nouvelles perspectives commerciales.

Le big data est crucial en ceci qu’il vous dote des moyens nécessaires pour prendre de meilleures décisions, en temps réel. En libérant les données de l’entreprise, il est possible de transformer radicalement le mode de fonctionnement de cette dernière et piloter sa refonte. Les DSI ne doivent pas perdre de vue que les données sont le moteur de cette transformation. Aujourd’hui, il s’agit d’aiguiser sa faculté à exploiter les données et à trouver les moyens de retirer une valeur ajoutée de celles-ci. De toute évidence, ceci est plus facile à dire qu’à faire et, pour certains, la tâche peut paraître intimidante, voire insurmontable. Le volume d’informations traitées par l’entreprise lambda a connu une progression exponentielle depuis dix ans. Nombre de DSI hésitent à exploiter les modèles big data : ils craignent d’être perdus et, ce faisant, de passer à côté de ce qu’ils recherchent ou de ne pas mesurer les retombées. En vérité, ils ne doivent pas avoir peur du big data, mais jouer habilement cet atout.

Le secteur a brossé un tableau trompeur de l’analytique : beaucoup demeurent persuadés qu’ils ignoreront tout de ce qu’ils trouveront tant que l’écheveau des données ne sera pas démêlé. Ce n’est pas forcément vrai. Nombre d’exemples immédiats indiquent que vous savez ce que vous recherchez ― que ce soit dans les tentatives pour améliorer la qualité ou l’efficacité, ou éventuellement minorer les coûts ou les risques. En ayant un résultat précis en tête, les informations dont les entreprises ont besoin sont inventoriées, rassemblées et, surtout, intégrées à leur activité.

Tirer le meilleur parti des données exige bien davantage que de collecter, stocker et traiter des informations ; cela necessite également de mettre en place un environnement informatique agile, généralement hybride afin de féférer les ressources cloud, les réseaux et la sécurité.

4.   Changer le regard porté sur la cybersécurité

La cybersécurité est l’une des grandes priorités de tout DSI soucieux d’opérer la transformation numérique de son entreprise. Face à la prolifération des cyberattaques et aux graves implications entraînées par la perte des données confidentielles de l’établissement, les politiques de sécurité parcellaires et correctives ne sont plus à la hauteur. Les DSI doivent changer leur façon de voir les choses : pour continuer à assurer la sécurité de son entreprise, il ne faut plus considérer plus la cybersécurité comme un « verrou », servant uniquement à repousser les menaces. Inévitablement, à terme, chaque entreprise déplorera des incidents de sécurité.

Évidemment, le big data fait naître de nouvelles préoccupations en matière de sécurité. Du fait de leur caractère non structuré, ces données sont plus vulnérables aux failles de sécurité que les informations générées par les applications classiques.

Les données non structurées rendent les professionnels de la sécurité nerveux. Tout simplement parce que ces données ne sont pas « associées » à un profil ou une catégorie de risque bien précis, et que leur intérêt pour l’établissement reste à définir. Résultat ? Elles ne peuvent être mises en correspondance avec les règles de gouvernance de l’entreprise et demeurent un point faible dans les mécanismes de sécurité. D’autant qu’avec des flux de données non structurés circulant au sein de l’entreprise, le risque de contenus malveillants est accru.

Malgré ces réalités, les DSI ne devraient pas laisser l’anxiété qu’ils éprouvent en matière de sécurité contrecarrer les ambitions qu’ils nourrissent à l’égard du big data. La sécurité doit d’emblée faire partie intégrante de l’analyse des big data.