L’exploitation des Big Data au cœur des élections

Dans les mois à venir, plusieurs élections d’importance vont avoir lieu dans le monde : élections présidentielles aux Etats-Unis, présidentielles et législatives en France et en Allemagne, etc. La question qui se pose, c’est le visage que ces élections vont prendre à l’ère Big Data.

Se forger une opinion en se basant sur des faits

On sait depuis la réélection de Barack Obama en 2012 que les Big Data sont devenues l’une des premières armes du marketing politique. Micro-ciblage améliorant drastiquement l’efficacité des collectes de fonds, connaissance pointue des exigences des électeurs et affinage des programmes en fonction, personnalisation des messages, analyse prédictive, utilisation massive des réseaux sociaux… Les Data Scientists ont relégué dans le passé les traditionnelles campagnes électorales. A l’instar des bouleversements qu’il engendre dans le commerce et l’industrie, le numérique rebat les cartes des offres politiques.

Mais si un candidat à une élection dispose d’une vue à 360° sur les électeurs, le contraire est encore rarement vrai ! Pourtant, alors que les débats commencent à enflammer les réseaux sociaux, le numérique peut aider les électeurs, dont une partie des indécis, à définir leur vote. Ce choix est un processus long et difficile qui implique de faire des recherches fastidieuses, de croiser des informations pour relever des approximations, voire des contre-vérités, de vérifier ce qu’a réellement réalisé le candidat dans le passé, etc.

Comme on l’a vu récemment dans l’affaire des Panama Papers, les technologies open source pourraient facilement permettre à des organismes indépendants qui maintiendraient une neutralité politique, d’analyser de manière objective les programmes des différents candidats, pour que les électeurs aient toutes les cartes en main au moment du scrutin.

Les Big Data et l’Open Data, des outils pour révolutionner la citoyenneté

Aux Etats-Unis, par exemple, l’administration Obama a ouvert l’accès à de très nombreux jeux de données en Open Data pour illustrer les actions du gouvernement. Non seulement, on peut consulter des informations sur les budgets fédéraux à venir et les comparer avec les budgets antérieurs, mais le gouvernement a fait de ce site un véritable outil de transparence : y apparaissent la liste de tous les employés de la Maison Blanche avec leur salaire, ou des informations sur les donateurs. Derrière cette volonté affichée d’informer, l’idée est surtout de créer de l’engagement avec les citoyens.

En France, l’expérience électorale de Barrack Obama a fait des émules. Dans la perspective d’un automne marqué par les primaires à droite (et en janvier 2017, à gauche), tous les partis et candidats se lancent dans une nouvelle stratégie d’analyse inspirée du marketing, où « l’électeur est un consommateur et le candidat un produit ». La renommée de la plateforme Nation Builder ainsi que la croissance des start-up françaises Digitalebox ou 50+1 illustrent cette nouvelle dynamique et l’usage de plus en plus rependus des solutions Big Data par les politiques.

Au-delà de la communication

Mais au-delà de la communication avec les citoyens, les data scientists de la Maison Blanche ont impulsé une nouvelle manière de trouver des réponses inédites aux grandes problématiques sociales et économiques – reposant sur l’analyse de nombreux jeux de données. Depuis le transport et les infrastructures jusqu’à la lutte contre la criminalité ou la fraude, les résultats positifs obtenus grâce au numérique viennent naturellement valoriser aujourd’hui l’action publique.

Parallèlement, à l’heure où les projections des instituts de sondage sont de plus en plus souvent remises en cause (comme récemment lors du vote britannique sur le Brexit), les Big Data peuvent apporter une vue plus précise et globale en se passant des échantillons. Comme l’ont souligné les travaux de Pierre Bourdieu, une opinion est difficilement réductible à un chiffre. Mais avec les Big Data, ce sont des connaissances qui sont directement obtenues de l’analyse de milliers de données.

Alors qu’une partie croissante de l’électorat appelle de ses vœux une nouvelle approche de la politique, les Big Data peuvent contribuer à l’avènement de démocraties plus transparentes, plus directes et plus en phase avec les exigences des citoyens.