L'avenir du format ODF remis en question

Le format ODF (OpenDocument Format) n'est pas mort, mais il a pris un gros coup de bambou. L'OpenDocument Foundation vient en effet de décider de délaisser son cheval de bataille après 5 ans de travail, au profit de CDF (Compound Document Format), prôné par le W3C.

Les difficultés techniques, mais aussi les tiraillements au sein de l'Oasis (Organization for the Advancement of Structured Information Standards), l'organisme en charge du développement de l'ODF, et le rôle ambigu de Sun Microsystems ont eu raison de la première tentative de format universel bureautique.

L'OpenDocument Foundation présentait à ce sujet le 31 octobre au GOSCON (Government Open Source Conference) de Portland un document contenant les considérations qui lui font apporter sont soutien au CDF.

Sun, de son côté, jouait depuis février dernier la carte StarOffice, son propre format documentaire, et son rapprochement avec Microsoft sur des projets bilatéraux donnait à penser que l'interopérabilité avec ODF / OpenXML ne serait pas une priorité pour ses développeurs, engagés pour une part non négligeable sur des projets du Libre.

Que va faire IBM ?

Les supporters du format ODF, au sein de l'Oasis, font part de leur mécontentement envers l'OpenDocument Foundation, et expliquent que pour leur part, ils continueront à travailler au développement de l'ODF. IBM, acteur de poids dans le monde du Libre, propose l'ODF dans la suite bureautique gratuite Lotus Symphony lancée le mois denier. Pas question pour Big Blue de laisser tomber l'Open Format Document précise un responsable IBM des projets Open Source, Bob Sutor.

Microsoft de son côté, devrait se féliciter des difficultés de l'ODF, en vue de proposer son propre format documentaire, OpenXML.

Une conséquence pour la moins cocasse de l'arrêt du projet ODF réside dans son adoption par l'ISO comme norme documentaire sous l'appellation ISO 26300. Cette reconnaissance par le monde des normes, dont la communauté du Libre s'était félicité en mai 2006, vaut-elle finalement quelque chose si les promoteurs même du format expliquent aujourd'hui les difficultés d'interopérabilité de l'ODF et lui préfèrent un autre format non normé ?

Enfin, les administrations et les gouvernements qui avaient fait un pas vers l'ODF comme la Russie et l'Afrique du Sud entre autres se poseront certainement la question de la pertinence de leur choix au vu de la volatilité de la communauté en charge de la promotion de l'ODF.