Charles-Henri Schulz (The Document Foundation) "Nous allons renforcer l'écosystème de LibreOffice"

La suite bureautique Open Source gonfle les muscles dans sa version finale 3.3. L'essor des certifications autour de LibreOffice pourrait bien intéresser les entreprises.

JDN Solutions. Quelles sont les principales qualités de LibreOffice 3.3 par rapport à OpenOffice ?

Charles-Henri Schultz. L'un des principaux apports de LibreOffice se situe au niveau du temps de démarrage, beaucoup plus rapide. Mais il y a également des améliorations au niveau du module OnePress, d'import-export SVG, des documents au format Lotus, Wordperfect ou encore Works. Il y a également des améliorations au niveau de l'interface avec la présence d'un navigateur de styles et la possibilité de voir le plan d'un document une fois ouvert.

Les feuilles de calcul gèrent désormais jusqu'à 1 million de lignes, il y a des boutons pour les feuillets et les comportements des cellules ont été améliorés. L'export vers Open XML a aussi été activé et amélioré par rapport à celui d'OpenOffice. En mode Weconférence pour les présentations, l'organisateur de la réunion à accès à une interface dédiée qui lui permet de connaître le contenus des slides prochaines et de voir ses notes.

Par rapport à OpenOffice, LibreOffice utilise beaucoup moins de Java pour faire fonctionner son module de base ce qui permet aux développeurs d'éviter de se faire incruster par des dépendances. Pour palier Java, le codage en dur est préconisé pour peu cependant qu'il n'en créé pas de nouvelles.

Quel intérêt pour les entreprises de se tourner vers LibreOffice ?

"Développeurs et localiseurs migrent massivement vers LibreOffice"

Ce qui va vraiment permettre aux entreprises de s'intéresser à la bureautique Open Source c'est la problématique que l'on vient justement de résoudre sur la solidité du projet et sa pérennité. On a résolu le problème de l'homme malade avec une communauté désormais 100% impliquée.

Nous allons également mettre en place une véritable réflexion autour des certifications et d'une politique solide de formations en renforçant l'écosystème LibreOffice avec des partenaires intégrateurs mais également des éditeurs.

Aujourd'hui, il n'existe pas de label certifiant la capacité d'expertise sur OpenOffice et c'est ce que nous pensons justement mettre au point pour LibreOffice. Cette transparence de l'engagement communautaire et la mise à disposition de services de qualité contribuent à abaisser les barrières à l'entrée pour implémenter LibreOffice.

La scission Oracle-OpenOffice était-elle inévitable et comment se porte la Document Foundation aujourd'hui ?

Avec le recul, cette scission entre Oracle et OpenOffice était inévitable. Ce n'est pas une critique vis-à-vis d'Oracle, mais je pense qu'il ne souhaite désormais pas développer de logiciels sur le mode communautaire. Cela n'empêche cependant pas qu'ils aient des logiciels sous licence Open Source, mais disons que le soutien et l'implication aux communautés du libre ne font plus partie de leur plan.

Aujourd'hui, OpenOffice est vidée de sa substance et ce que l'on constate aujourd'hui, c'est une migration massive des développeurs et des localiseurs d'OpenOffice vers LibreOffice. Cela a commencé avec la disparition de leur organe de gouvernance puis s'amplifie aujourd'hui avec la fin du développement de la version 3.3, dernière version d'OpenOffice sur laquelle ils étaient impliqués jusqu'au bout.

On a commencé la Document Foundation avec une vingtaine de développeurs le 28 septembre dernier et maintenant on est au-delà de la centaine sans compter la cinquantaine de localiseurs. Ce qui est important, c'est qu'un contributeur nous rejoint par jour et 1 localiseur tous les 2 jours. On est sur des courbes de croissances qui dépassent de loin celles d'OpenOffice à l'époque.

Charles-Henri Schulz est membre du comité exécutif The Document Foundation.