Denis Dorval (Alfresco) "Un éditeur Open Source meurt sans une communauté dynamique"

Grâce à l'intégration du framework Java Spring, Alfresco tente de secouer le marché de la gestion de contenu. La croissance de 60% de ses revenus en 2010 doit le conforter dans sa stratégie.

Pour quelles raisons soutenez-vous ardemment le standard CMIS ?

Le standard CMIS a été élaboré pour simplifier l'intégration de données en gestion de contenu issues aussi bien de sources structurées que non structurées. CMIS est à la gestion de contenu ce que peut être SQL pour les bases de données, c'est-à-dire un standard permettant de garantir l'interopérabilité entre les différents systèmes de gestion de contenu existants, aussi bien propriétaires qu'Open Source.

Une première tentative de standardisation via OJCR a été tentée mais rejetée en raison du manque d'implication de certains acteurs comme Microsoft ou EMC. De notre côté, nous avons soutenu très tôt le groupe de travail OASIS chargé de le mettre au point en impliquant dans le projet d'autres éditeurs qui pouvaient y trouver un intérêt, comme SAP par exemple.

Nous croyons fort à ce standard et nous ne sommes aujourd'hui plus les seuls car il va permettre aux clients finaux de favoriser la mise au point d'un référentiel documentaire global permettant d'être moins dépendant de tel ou tel fournisseur de solutions. Mais aussi de fluidifier le marché et de permettre aux entreprises de se tourner vers d'autres solutions en cas de problèmes techniques ou commerciaux.

Comment vous positionnez-vous par rapport aux autres acteurs du marché ?

Nous nous positionnons sur un marché de l'ECM avec une plate-forme moderne et à l'architecture flexible basée sur des standards ouverts. Par rapport à d'autres acteurs comme Microsoft, IBM ou Documentum, nos solutions coûtent moins chères et posent moins de problèmes d'intégration.

L'un des principaux points forts réside dans l'intégration du framework Java Spring, un langage de programmation non plus orienté objet mais aspect. Il apporte une bien plus grande modularité et flexibilité que les autres architectures. Il est possible de rajouter des fonctionnalités très facilement sans effectuer un gros travail de développement.

"Les interfaces utilisateurs des grandes solutions propriétaires sont rejetées en masse"

Les interfaces utilisateurs proposées par les grands éditeurs de l'ECM sont rejetées en masse et ne touchent au final qu'une population cible très faible par rapport à la population initiale. Concernant les coûts, ils sont inexistants en termes de licences, auxquels s'ajoutent des frais d'intégration pas plus élevés que pour les autres solutions du marché.

De même, si les éditeurs propriétaires peuvent être pénalisés par la baisse des budgets d'investissements des entreprises, ce n'est pas le cas des solutions Open Source qui sont généralement calées sur des budgets d'exploitation ne nécessitant pas de réinjecter de nouvelles liquidités mais plutôt d'en réallouer certaines. Ce qui joue clairement en notre faveur.

Où en êtes-vous par rapport à Nuxeo ?

Nous n'avons pas la prétention d'être le seul éditeur Open Source en gestion de contenu du marché. Nuxeo, également français, a commencé son activité bien avant celle d'Alfresco. Ce que l'on observe dans les appels d'offres c'est la présence en short list d'une seule solution Open Source parmi d'autres propriétaires et quasiment jamais deux solutions Open Source présentes simultanément.

Au-delà de ce constat, Alfresco se distingue par la taille de sa communauté de développeurs de plus de 150 000 membres au niveau mondial et de 2 200 membres en France. C'est un facteur différenciant fondamental car sans dynamisme de la communauté, c'est la mort assurée d'un éditeur Open Source.

En ce qui nous concerne nous avons réalisé plus de 20 millions de dollars en 2009 et devrions clôturer 2010 avec une croissance de 60% de notre chiffre d'affaires. Cela s'explique par plusieurs raisons : nous sommes sur un marché porteur qui profite de l'explosion des contenus structurés et non structurés et nous avons une stratégie prix adaptée avec une proposition de valeur technologique très crédible.

Denis Dorval est vice-président EMEA d'Alfresco.