Michel Germain (Arctus-ClubNet) "Avec la crise, l'intranet chic et choc est mis à l'index"

La mise en œuvre d'intranets dans les grands comptes nécessite l'élaboration de règles strictes de gouvernance. Ce n'est pas le cas dans les PME où les strates hiérarchiques sont moins bloquantes.

Observez-vous une percée des technologies Web 2.0 dans les intranets ?

En termes d'intégration des technologies Web 2.0, on note cette année une prise en compte importante des blogs, des wikis et également des alertes RSS par les entreprises. En revanche, les usages ne sont pas encore très répandus. Cela s'explique par le fait qu'elles en sont encore majoritairement au stade de l'implémentation et que seule une poignée est passée au stade plus avancé de l'utilisation.

Cette relative prudence est également à mettre en regard avec les déficits d'implication dans certains cas de la formalisation des besoins, de l'implication du management et de la mise en œuvre de règles de gouvernance ad hoc.

Si elles sont à même de tirer les usages vers le haut elles sont loin d'être répandues partout. Or, c'est précisément la maturité du modèle organisationnel de l'entreprise qui est à même de libérer les énergies pour faire basculer l'entreprise vers le Web 2.0.

En quoi la mise en œuvre des intranets en environnement PME et grands comptes diffère-t-elle le plus ?

"Le service de la communication n'est plus le propriétaire de l'intranet mais plutôt son animateur"

Dans les PME, on observe bien souvent que les règles de gouvernance n'ont pas besoin d'être formalisées ce qui n'est pas du tout le cas dans les grands comptes. On décrira plutôt un phénomène d'auto-gouvernance dans les PME qui ont une plus grande visibilité sur le projet intranet. Cela s'explique notamment par des échelons hiérarchiques moins nombreux et une meilleure implication directe des acteurs.

La taille de l'entreprise influe également fortement sur le choix de la plate-forme technologique utilisée pour supporter l'intranet. Ainsi, on voit apparaître de plus en plus des fermes de blogs permettant de partager à moindre coût des informations et des connaissances.

Elles répondent aux besoins des PME qui doivent impérativement avoir une approche opérationnelle de leur intranet là où dans les grands comptes on trouve encore de nombreux projets intranet court-termistes.

La brique collaborative est en tout cas centrale dans les intranets d'aujourd'hui, autant chez les PME que des grands comptes. En ces temps de crise, les entreprises préfèrent minorer les outils chic et choc pour se concentrer sur ceux, moins tape à l'œil et orientés sur le collaboratif, véritable pierre angulaire de leur intranet.

Les services de la communication sont-ils toujours les seuls maîtres à bord de l'intranet ?

La Communication joue toujours un rôle important dans la stratégie intranet des entreprises, du fait le plus souvent de son antériorité historique. Mais aujourd'hui, d'autres compétiteurs métiers comme les ressources humaines ou encore les services commerciaux sont pourvoyeurs de l'information intranet. La prédominance de la communication sur l'intranet tend au contraire à s'effriter face à la montée en puissance d'autres acteurs de l'entreprise.

Le rôle de la communication a changé. Elle n'est plus le propriétaire de l'intranet mais plutôt son animateur, chargée de fédérer un réseau de contributeurs individuels ou collectif. Son principal rôle est désormais d'expliquer les règles d'usage de l'intranet, mais de plus en plus, ce sont les entités et services métiers qui ont la main dessus. C'est pourquoi il est nécessaire de conférer aux acteurs intranet un niveau d'indépendance coordonnée qui ne peut pas se faire sans une élaboration préalable de règles de gouvernance.

Michel Germain est directeur associé d'Arctus, président de ClubNet et professeur associé au Celsa.