Patrick Bertrand (Cegid) "Nous attendons une croissance de notre activité SaaS de 15% pour 2008"

Entré dans une phase de turbulence depuis septembre, l'éditeur de progiciels compte aborder 2009 avec pragmatisme. Des remparts existent pour sauvegarder une majeure partie de son activité et ses revenus.

Quel bilan tirez-vous de votre activité en 2008 et envisagez-vous sereinement 2009 ?

Il est vrai que depuis le mois de septembre la situation s'est quelque peu compliquée, et même si le début d'année a été correct, nous avons subi au même titre que d'autres acteurs du secteur, une décélération brutale de l'activité.

Pour autant, nous ne pensons pas voir le secteur entrer en récession ou en décroissance pour une raison forte qui est que l'informatique demeure un élément moteur de l'amélioration de la productivité de l'entreprise, et que c'est précisément dans ce type de situation qu'elle prend tout son sens et a toute sa raison d'être.

Mais nous ne nous faisons pas d'illusions. Le marché sera très dur et on attend la réalisation du mois de décembre pour se prononcer sur le dynamisme de notre activité. Pour 2009, le point qui me paraît le plus important, c'est la façon dont les décideurs informatiques vont aborder ce début d'année et qui donnera sans doute la tendance globale pour la suite.

Comment comptez-vous faire face à la crise ?

Malgré un contexte difficile, Cegid apparaît bien armé pour résister et ce pour au moins 3 raisons. D'une part, nous nous trouvons dans une situation où notre chiffre d'affaires récurrent représente 47% de notre chiffre d'affaires global, ce qui n'est pas rien. Ensuite, nous ne sommes pas mono produit et avons développé 7 domaines d'expertise métier complémentaires afin de répartir les risques de faiblesse d'activité. Enfin, aucun de nos clients ne représente plus de 2% de notre chiffre d'affaires, ce qui, en cas de remise en question d'un gros contrat, nous éviterait d'être financièrement fortement impacté.

"Les SI devraient constituer un axe majeur de productivité des entreprises en 2009"

Cela nous donne donc des clés plutôt positives pour affronter 2009 et une crise économique qui sera difficile pour tout le monde. Nous pensons d'ailleurs que beaucoup d'entreprises vont investir dans plusieurs domaines clés du système d'information, comme la paye, les ressources humaines, la gestion de leur masse salariale mais aussi pour tout ce qui concerne l'amélioration du prix de revient de leur production. Dans leur priorisation d'investissements pour 2009, les SI devraient constituer un axe majeur de productivité des entreprises.

Par ailleurs, les récentes acquisitions de VCS Timeless et de Civitas vont nous permettre d'apporter entre 25 et 30 millions d'euros de chiffre d'affaires supplémentaires. Ce n'est pas négligeable dans ce contexte économique morose et au regard de la très grande fragmentation du secteur des éditeurs de logiciels.

Avez-vous placé beaucoup d'espoir dans la distribution de vos solutions en mode SaaS ?  

Nous avons observé et observons pour cette année une montée en puissance nette en termes d'utilisation de nos solutions en mode SaaS ou ASP. Maintenant, en ce qui concerne les revenus issus de cette activité pour l'exercice en cours, ils sont liés aux gros contrats de fin d'année en cours. Il faudra donc attendre début 2009 pour en savoir plus même si nous l'attendons en croissance comparable à celle du marché, c'est-à-dire entre 10/15% pour cette année (en 2007, l'activité SaaS de Cegid avait généré 11 millions d'euros de revenus, NDLR).

Ce qui est certain, c'est que la croissance du mode de distribution de solutions en SaaS tire partie d'une certaine manière de la crise financière actuelle en permettant aux entreprises de payer à l'utilisation un service et d'étaler le paiement dans le temps par la transformation d'un investissement en charge d'exploitation.

Le SaaS devient donc plus que jamais un élément supplémentaire de la capacité des entreprises à pouvoir investir davantage dans leur système d'information, bien que l'on préférerait 100 fois se trouver dans un contexte économique plus favorable.

Patrick Bertrand est directeur général de Cegid.