INTERVIEW 
 
Alexandre Baumeister
DSI
Boursorama Banque
Alexandre Baumeister
"Nous sommes surdimensionnés par rapport à un site d'audience équivalente"
Le portail d'information et de services financiers fait la part belle aux développements spécifiques en se basant sur une infrastructure libre. Parmi ses principaux enjeux : la disponibilité et l'anticipation des pannes.
13/03/2007
 
  En savoir plus
 La précédente interview de Boursorama (06/05)
Dossier Sites Web
  Le site
Boursorama.com
JDN Solutions. Quelle infrastructure supporte le site Internet Boursorama et l'activité banque ?
Alexandre Baumeister. La plate-forme d'hébergement nous est fournie par NTT Europe Online qui met à notre disposition ressources, sécurité, connectivité et machines, soit une centaine de serveurs dédiés. Le développement des applications, hébergées par NTT Europe Online, leur administration et celle de la plate-forme sont en revanche assurés en interne par nos équipes, qui se partagent entre production et développement.

La plate-forme Web, qui accueille le site français, mais également ceux des entités espagnole, anglaise et allemande, se compose de fermes de serveurs, indifférenciés - une quarantaine -, pour lesquels le trafic est load balancé. Boursorama, c'est aussi une vingtaine de serveurs de base de données - 4 CPU, 8 à 12Go de RAM -, en clusters, spécialisés dans un type d'information ou de traitement. Certains sont ainsi dédiés à l'enregistrement, le stockage des données de personnalisation des membres, etc. Nous disposons également de quelques serveurs de développement, de validation et de production.

Hormis l'infrastructure Web, de quelles autres briques applicatives disposez-vous ?
Lorsque vous êtes client Boursorama et que vous vous authentifiez, vous faites alors appel à d'autres briques. Après le passage dans un environnement sécurisé, vous accédez ainsi à l'ensemble des produits bancaires. Ces briques ne sont pas gérées sur la plate-forme Web, mais derrière d'autres niveaux de sécurité. Une partie est hébergée par Atos Worldline, qui traite notre order management system, et l'autre par EDS Barcelone, pour ce qui concerne notre back-office bancaire, issu de l'acquisition de CaixaBank.

Fin 2004, début 2005, nous avons en outre fait le choix de redévelopper entièrement en interne une solution de CRM, en J2EE. Cette brique est interfacée avec les autres, elle est l'outil au quotidien des services clientèle. C'est l'application unique pour les centres d'appels, les agences et nos services, qui partagent ainsi tous une même vision client.

Pourquoi n'avoir pas plutôt opté pour une solution CRM du marché ?
Un serveur de production va générer des contenus et les mettre à disposition des autres serveurs Web"
Nous avons fait le choix de redévelopper plutôt qu'adopter un progiciel du marché, principalement parce que nous ne voulions pas d'un logiciel qui imposerait d'adopter un autre mode d'organisation. Nous avons fait appel en assistance à Proxiad et l'application est en production depuis début 2006.

En 2006, suite à la fusion avec CaixaBank, notre périmètre produit a beaucoup changé, au travers notamment de l'arrivée de produits bancaires que notre CRM ne connaissait pas encore. Il a donc fallu y remédier, tout comme pour l'interconnexion au back-office avec lequel le CRM ne dialoguait pas.

Le site Boursorama affiche un très grand nombre d'indicateurs, dynamiques. Sur quelles solutions vous appuyez-vous pour rester performant sur l'affichage ?
C'est le challenge de Boursorama, à l'inverse de beaucoup de sites de e-commerce proposant des catalogues majoritairement figés. Dans notre cas, chaque fois que vous accédez à une page ou que vous la rafraîchissez, les données sont modifiées, qu'il s'agisse par exemple des cotations boursières ou de l'actualité en provenance d'une quinzaine de fournisseurs de contenu.

Ce sont des informations pour lesquelles nous n'avons pas d'autre choix que de mettre les ressources nécessaires pour être capable de les fournir. Nous cherchons donc à trouver des techniques d'optimisation qui ne pénalisent pas la qualité : système de cache, de génération de zones de contenu de page utilisables par l'ensemble des serveurs sur la base d'une seule génération.

Un serveur de production va ainsi générer des contenus et les mettre à disposition des autres serveurs Web, leur évitant ainsi de faire autant de requêtes qu'ils fournissent de pages. L'objectif est de réduire au maximum la sollicitation des bases de données.

La consommation des ressources pour un site répondant vite, sans montée exponentielle de la taille de la plate-forme est un souci permanent. Malgré tout, nous sommes surdimensionnés par rapport à un site d'audience équivalente, mais qui proposerait un contenu bien plus statique.

Etes-vous passé comme prévu à une architecture multisites ?
Oui. Nous disposons désormais d'une plate-forme principale et d'une de secours, distante, hébergée à Londres. C'est un gain de sécurité face à la survenance de risques divers. Cela permet également de garantir la disponibilité du service utilisateur, de préserver notre audience, notre image de marque et les revenus publicitaires.

En outre, en tant que banque, un certain nombre de réglementations nous imposent de disposer de ces infrastructures redondantes et d'un plan de continuité d'activité. Pour ce dernier, nous avons notamment une obligation d'actualisation et de test deux fois par an.

Des pannes comme celles qui ont affecté Redbus en 2006 vous confortent probablement dans cette décision ?
L'application de gestion de contenu, auparavant réservée aux informaticiens, est désormais plus ouverte et à disposition des fonctionnels"
C'est un risque potentiel qu'il faut couvrir et qui nécessite donc que nous soyons prêts à y faire face en cas de survenance. Toutes les entreprises du domaine bancaire ont une obligation de disponibilité et la réglementation bancaire leur impose d'évaluer les risques et de définir des procédures.

La prise de conscience dans le milieu bancaire s'est véritablement effectuée au moment du 11 septembre. De nombreux livres blancs ont ensuite été réalisés par des grands spécialistes afin d'être prêt à contrevenir à tout incident de grande ampleur, mais aussi de moindre importance. Des incidents comme celui de Rebus ou d'autres font l'effet de piqûres de rappel. Ces cas concrets nous rappellent que cela peut effectivement nous arriver.

L'année dernière, la grippe aviaire a ainsi été prise au sérieux par l'ensemble des banques : vos salariés ne peuvent plus venir, vous devez faire une reprise d'acticité à l'étranger, comment faites-vous ? Tout incident doit donc être couvert par le fait que nous ayons des postes de travail en quantité, des machines pour fournir des services en local, un PRA avec des travailleurs formés et disposant de procédures efficaces.

Envisagez-vous de mettre en place de la virtualisation ?
C'est un domaine que nous suivons, mais nous ne l'utilisons pas pour le moment. Nous avons une plate-forme qui actuellement répond à nos besoins. En 2006, nous avons réinvesti pour ajouter des serveurs, tout en conservant un parc homogène. Mais peut-être étudierons-nous plus sérieusement la question à l'occasion d'un renouvellement de nos serveurs ou du contrat d'hébergement.

Sur quelle solution vous appuyez-vous par la gestion de l'e-mailing, des alertes et autres newsletters ?

Depuis le début, nous utilisons le logiciel Neolane qui gère donc l'envoi des newsletters, des alertes - sur cotation, dépassement de seuil, déclenchement d'ordre, sur débit, etc -, ainsi que celui des SMS. Cela représente donc approximativement 30 000 SMS et plusieurs millions de mails par mois.

Votre application de gestion de contenu reste développée en interne ?
Oui. Elle repose sur une interface Web avec gestion de droit, d'autorisation, de versionning, de prévisualisation, tout un workflow permettant de travailler de manière autonome dans un environnement sécurisé. L'application, auparavant réservée aux informaticiens, est désormais plus ouverte et à disposition des fonctionnels. Marketing et services client veulent en effet avoir la main sur les messages adressés aux clients et sur l'évolution du contenu.

L'arrivée d'Internet Explorer 7 vous a-t-elle contraint à des corrections du site ?
Le souci permanent est celui de la disponibilité, de la robustesse de la solution qui est parfois un peu chahutée par les évolutions de l'audience"
Oui, mais il s'agissait dans l'ensemble de modifications assez légères de compliance, des évolutions mineures sur les CSS et un peu de JavaScript. C'est un exercice auquel nous sommes rompus. La dernière mise à jour d'IE qui va colorier la barre de navigation du site selon le niveau de confiance nécessite également des modifications.

Comme nous sommes sensibles aux évolutions et notamment celles apportant plus de sécurité, nous allons bien entendu faire l'investissement nécessaire pour l'intégrer au site Boursorama Banque. Pour que l'URL s'affiche bien en vert, il faut ainsi être en possession d'un certificat SSL dernière génération. Nous allons donc acquérir un nouveau certificat auprès d'une autorité de certification, vraisemblablement VeriSign, avec qui nous travaillons déjà.

Soignez-vous la compatibilité avec Firefox ?
Nous faisons en sorte d'avoir un site adapté à tous les navigateurs. Firefox, plus proche des standards, nous demande moins d'efforts. Si tous les navigateurs étaient sur le même standard, cela nous simplifierait la vie.

Boursorama reste-t-il d'ailleurs toujours un contributeur de l'Open Source ?
Oui, même si, pour ma part, j'ai désormais très peu de temps pour m'y consacrer. Si vous tapez mon nom sur Google, vous y trouverez certainement un certain nombre de contributions concernant MySQL, PHP, même si je n'y suis plus actif. Mais d'autres membres de l'équipe participent cependant toujours à l'effort communautaire.

Lors de votre transfert d'hébergement chez Verio France, vous avez migré vos PC sous Linux Debian et Red Hat, délaissant Solaris. Etes-vous globalement satisfait ?
Très satisfait, aussi bien en termes de performances, de support de la communauté que de disponibilité des drivers. L'administration est plus simple et nous disposons de plus des compétences en interne. L'équipe de production baigne dans le milieu Open source, et plus particulièrement Linux, depuis 1991-1992.

Quelles sont les problématiques principales de gestion au quotidien d'un site comme Boursorama ?
Le souci permanent est celui de la disponibilité, de la robustesse de la solution qui est parfois un peu chahutée par les évolutions de l'audience : Boursorama banque est en forte croissance, des recrutements de clients sont en cours, l'activité des marchés est très volatile en ce moment et donc les utilisateurs sont eux aussi très actifs. Hormis cela, il y a de nombreux projets à mener. Boursorama ne se repose jamais. En moyenne, c'est notamment une acquisition par an, ce qui nécessite de fusionner les structures, mais aussi les systèmes d'information.

Et votre tâche au quotidien ?
A mon avis, ce qui me soucie le plus, ce n'est pas forcément la production informatique. Je dispose d'équipes et de responsables compétents sur qui me reposer dans ce domaine, même si - lorsqu'un problème se pose - c'est un souci pour toute la DSI, et donc moi-même.

Je passe cependant plus de temps à faire de la gouvernance, du management des reportings, de la stratégie. Pour caricaturer par rapport à des personnes baignant dans la production de la plate-forme, ce qui était auparavant mon cas puisque je suis passé par toutes les étapes, je passe mon temps en réunion. Je fais de la réunionite aiguë. Mais, attention, c'est du travail !

Quelques sont vos projets technologiques en 2007 ?
  En savoir plus
 La précédente interview de Boursorama (06/05)
Dossier Sites Web
  Le site
Boursorama.com
Pour la plate-forme Web, l'objectif est notamment de passer en MySQL 5. Nous avons également d'autres projets de mise à niveau applicative qui nécessitent beaucoup de tests de non-régression et d'adaptation du code. Sur le plan de la sécurité, il s'agit aussi de suivre l'actualité pour Linux, Apache, PHP, MySQL - LAMP -, les vulnérabilités, d'être prêts à appliquer des patchs, upgrader, etc.

En outre, nous avons un projet important pour l'entité anglaise de Boursorama et qui va consister à concevoir un autre site Internet. Cela va donc entraîner une mise à niveau de la plate-forme en termes de capacité.

La DT de Boursorama.com
 La direction technique
Effectif
17 personnes
 Les solutions technologiques 
Bases de données
MySQL
Langage de développement
PHP
Serveur Web
Apache
Système d'exploitation
Linux
CRM
Développements internes
Gestion de contenu
Développements internes
Solution d'e-mailing
Neolane
 
Propos recueillis par Christophe AUFFRAY, JDN Solutions

PARCOURS
 
 
Alexandre Baumeister, directeur des systèmes d'information, diplômé de l'université Henri Poincaré de Nancy
2002 A l'issue du rapprochement entre Finance net et Fimatex, il devient directeur informatique de Boursorama.
1997 Directeur informatique de Finance net SA.

   
 
  Nouvelles offres d'emploi   sur Emploi Center
Auralog - Tellmemore | Publicis Modem | L'Internaute / Journal du Net / Copainsdavant | Isobar | MEDIASTAY
 
 
 


Voir un exemple

Voir un exemple

Voir un exemple

Voir un exemple

Voir un exemple

Toutes nos newsletters