Réseau social d'entreprise : pourquoi Atos met la main sur BlueKiwi

Réseau social d'entreprise : pourquoi Atos met la main sur BlueKiwi BlueKiwi, fort de son succès en France, comptait s'imposer en Europe. En le rachetant, le géant des services IT devrait pouvoir l'aider à monter en puissance tout en étoffant son propre portefeuille d'outils collaboratifs.

C'est confirmé : BlueKiwi, éditeur de solutions de réseau social d'entreprise (RSE) vient de se faire racheter par Atos. BlueKiwi n'étant pas coté, le montant de l'opération ne sera pas communiqué. Si le montant de 20 millions d'euros a pu être évoqué, il serait, selon nos sources, bien inférieur.

 

BlueKiwi, champion hexagonal des RSE


Crée par les frères Carlos et Manuel Diaz, en 2006, BlueKiwi s'est en tout cas imposé comme le champion hexagonal des RSE. Cette véritable pépite française du SaaS avait clairement le vente en poupe. Entre 2010 et 2011, BlueKiwi a ainsi vu son chiffre d'affaires progresser de plus de 40%, pour atteindre 5 millions d'euros. Quant au résultat net, il devait être positif cette année.

L'éditeur avait en outre déjà levé par deux fois des sommes importantes : en 2007, 4 millions d'euros avait été injectés dans la jeune pousse par Sofinnova Partners, puis deux ans plus tard, c'est Dassault Systèmes qui lui avait apporté 4,7 millions d'euros.

Autre atout : une déjà solide base d'utilisateurs. En France, BlueKiwi a déjà séduit des grands comptes, parmi lesquels Total, Allianz, GDF-Suez, Veolia, Somfy, Gefco, L'Oreal, SFR, Thalès et BNP Paribas, mais aussi l'Apec ou encore Pôle Emploi... En tout, BlueKiwi revendique un parc de 200 clients pour un nombre d'utilisateurs dépassant les 200 000.

 

Conquérir l'Europe avec Atos


Son P-DG, Jean-Luc Valente nous confiait récemment préparer une troisième levée de fonds d'un montant de 5 millions d'euros, et envisager de s'associer avec "un grand acteur de l'hébergement" pour mieux conquérir l'Europe.
 

C'est sans doute ce que va permettre cette acquisition d'Atos. Le géant des services informatiques, se disputant le leadership du secteur en Europe avec Capgemini, réalise là une opération qui s'inscrit dans la droite ligne des propos tenus par son PDG, Thierry Breton, en 2011. Ce dernier avait en effet annoncé que son entreprise allait donner l'exemple en renonçant à l'e-mail en interne d'ici 2014. Derrière cette annonce se cachait la montée en puissance des outils collaboratifs et des réseaux sociaux professionnels, qui, justement, doivent permettre de remplacer le messages électroniques.

 

"Cette acquisition vient enrichir le portefeuille d'offre d'outils collaboratifs d'Atos."

Enrichir le portefeuille d'offre d'outils collaboratifs d'Atos


Si, sous cet éclairage, l'acquisition d'Atos se révèle logique, elle ne va pas sans susciter quelques questions. Car la SSII est déjà présente sur le terrain des outils collaboratifs. Elle est par exemple et entre autres partenaire de Microsoft et propose son expertise autour de SharePoint, que certains pourront préférer à BlueKiwi. "Cette acquisition vient enrichir le portefeuille d'offre d'outils collaboratifs, mais pas l'appauvrir. En fonction des demandes, Atos continuera bien entendu à intégrer d'autres solutions que celle de BlueKiwi", a tenu à faire savoir un porte-parole d'Atos.

"Cette acquisition s'inscrit dans une logique plus vaste qui vise à développer le portefeuille de ces offres, ce qui pourra passer par d'autres acquisitions", a également prévenu ce porte-parole. Preuve que le sujet des RSE mobilise en interne chez Atos, les équipes de la SSII ont d'abord rencontrer celles de BlueKiwi dans le cadre de leur montée en compétences sur les RSE. "Les deux équipes se sont bien entendues, ce qui a sans doute contribué à faciliter le projet d'acquisition", rappelle le porte-parole.

 


Impacts pour BlueKiwi


Quant aux impacts pour l'éditeur, son effectif, sa direction, ses produits, le porte-parole d'Atos indique qu'il est prématuré de répondre à ces questions. Mais, il y a fort à parier que BlueKiwi puisse profiter de la force de frappe considérable, notamment en Europe, d'Atos pour mieux convaincre en dehors de l'Hexagone. L'infrastructure dont dispose la SSII, et la maîtrise qu'elle en a, peut également sans aucun doute aider BlueKiwi à monter en puissance. 
 

Carlos Diaz a indiqué de son côté que BlueKiwi allait conserver pour le moment son indépendance, sans doute en vue d'une intégration continue. Le cofondateur évoque même la possibilité que BlueKiwi devienne un laboratoire destiné, au sein d'Atos, à développer les offres d'outils sociaux. Un marché relativement émergeant, mais en forte croissance.
 

En France, selon Pierre Audoin Consultants, le marché des logiciels et services informatiques liés aux RSE, portails et outils collaboratifs devrait afficher une progression annuelle moyenne de 9,8% au cours des trois prochaines années. Pour l'heure, PAC estime ce marché à 230 millions d'euros en France pour 2012.