Les serveurs peuvent-ils limiter leurs émissions de gaz à effet de serre ?

Le programme "Climate Savers Computing Initiative" est né. Ce projet doit mettre en place un partenariat destiné à réduire l'impact énergétique des équipements informatiques. Au nombre des participants, on trouve des entreprises de pointe comme Intel, Google, Dell, Hewlett Packard, IBM, Lenovo et Microsoft.

D'autres partenaires institutionnels comme l'agence américaine pour la protection de l'environnement s'y associent également, avec des acteurs du monde associatif, le WWF par exemple, qui est initiateur du projet. Le but de ce projet est d'économiser l'énergie consommée par les équipements informatiques et de réduire les émissions de gaz à effet de serre issue du cycle de vie du matériel IT.

"Aujourd'hui, un ordinateur de bureau moyen gâche près de la moitié de son énergie, et le serveur moyen gâche le tiers de son énergie " explique Urs Hölzle, vice-président de Google." Le programme Climate Savers Computing Initiative mettra en place un nouvel objectif d'une efficience de 90% pour l'approvisionnement en énergie, qui s'il est atteint, réduira les émissions de gaz à effet de serre de 54 millions de tonnes chaque année, et réduira de 5.5 milliards de dollars les coûts en énergie ".

Pat Gelsinger, vice-président du Digital Enterprise Group chez Intel ajoute :" D'ici 2010, le programme réduira les émissions de gaz à effet de serre d'un volume égal à celui que nous obtiendrions si nous enlevions plus de 11 millions de voitures des routes. "

Les moyens que se donnent les membres du projet pour parvenir à ces objectifs ont également été évoqués. Cela passe essentiellement par des normes plus strictes en matière de construction de l'équipement informatiques. "La spécification Energy Star 2007 prévoit pour le bloc d'alimentation d'un micro-ordinateur un rendement électrique d'au moins 80%, la barre sera relevée à 90% minimum par le groupement d'ici à 2010. Dans le même temps, celui-ci fera passer de 85 à 92% le rendement électrique imposé aux blocs d'alimentation de certains serveurs " explique le communiqué.

L'agence américaine de protection de l'environnement dans le même temps doit produire un rapport dans moins de deux semaines qui préconise une extension de la norme Energy Star aux serveurs et équipements des centres de données. Jusqu'à présent, il était très difficile de mettre en place cela notamment à cause de la difficulté à mesurer les consommations énergétiques de ces installations.

Ce qui pose problème, ce n'est pas la technologie, mais bel et bien le financement. Car faire plus propre, c'est aussi faire plus cher. Les coûts additionnels seront de 20 $ sur le prix d'un ordinateur et de 30 $ pour un serveur estime Intel. Mais les coûts diminueront avec le temps. Par ailleurs, une machine non optimisée consomme aujourd'hui 30$ par an en électricité. Cette facture pourrait descendre à 10$, selon Pat Gelsinger, ce qui devrait permettre d'amortir dans le temps l'investissement initial supplémentaire.

En plus de ces initiatives portant sur la construction, la partie sensibilisation du public passera entre autre par des rabais qui seront accordés par les distributeurs d'électricité membres du programme afin d'encourager l'achat des ordinateurs respectant la plus haute norme d'efficacité.

En plus des entreprises et des autorités, les particuliers sont invités à se joindre au projet. " Nous demandons aux individus du monde entier de se joindre à nous pour mettre en place une meilleure gestion de l'énergie de leur équipement informatique et d'acheter des ordinateurs plus économiques. " ajoute Urs Hölze.

Les initiateurs du projet estiment que les ventes des ordinateurs écologiques, plus chers, devraient d'abord bien fonctionner au Japon, en Europe et Amérique du Nord. Puis des pays émergeants comme la Chine devraient être en mesure d'adopter ses nouveaux ordinateurs. L'optimisme est donc de rigueur.