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Analyse
 
26/12/2007

L'iPhone échoue au seuil de l'entreprise

Manque d'ouverture de la plate-forme, absence de push-mail ou non support des applications tierces, l'iPhone ne répond pas aux cahiers des charges de l'entreprise. La concurrence y gagne l'inspiration.
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6,1 centimètres de largeur, pour 11,5 et 1,16 centimètres de longueur et d'épaisseur : ce sont les mensurations d'un appareil qui fait rêver beaucoup d'utilisateurs de smartphones en cette fin d'année, parmi lesquels nombre de professionnels que l'idée d'en faire un outil de leur activité en entreprise fait plus qu'effleurer.

Pour son constructeur, Apple, le téléphone se destine avant tout aux particuliers. Mais les spécifications de l'iPhone le destinent-elles à rester cantonné sur le seuil de l'entreprise ? Pour le moment, en tout cas dans sa version 1, Apple n'a exprimé aucune volonté d'en faire un outil à destination des professionnels. Plusieurs fonctionnalités incontournables pour un usage en entreprise sont en effet manquantes.

Premier frein, le manque d'ouverture qui empêche de porter des applications métiers sur l'iPhone. Si Apple a promis un kit de développement (SDK), le smartphone ne supporte pas les applications tierces sans que certains composants ne soient craqués, rendant ainsi caduque la garantie, comme l'explique le cabinet Forrester.

En outre, détaille Benoît Lemaire, directeur technique d'Ibelem, "l'iPhone est inutilisable dans le monde pro à la grande insatisfaction de nos clients professionnels qui ne peuvent pas l'exploiter avec leurs outils métiers. En effet, il n'intègre pas nativement de brique middleware permettant de connecter les applications métiers des entreprises au terminal".

Possesseur d'un iPhone, le directeur technique n'en reconnait pas moins les lacunes de l'appareil, qualifiant son système de gestion des emails de dépassé de quatre ans. De plus, contrairement aux systèmes BlackBerry ou Windows Mobile, la plate-forme Apple ne permet pas le push-mail, une fonction favorisant la productivité et très en vogue auprès des professionnels.

"L'iPhone n'intègre pas nativement de brique middleware"
(B. Lemaire - Ibelem)

Les messages ne sont pas acheminés automatiquement vers l'iPhone, l'utilisateur doit lui-même les charger. Le smartphone ne peut se synchroniser avec les serveurs de messagerie largement déployés en entreprises comme Microsoft Exchange et Lotus Notes (IMAP et SMTP). La sécurité du terminal n'a pas non plus été étudiée pour un usage professionnel.

Outre le fait qu'il soit difficile, voire impossible, pour une DSI d'encadrer les usages compte tenu de sa nature fermée, aucune interface d'administration n'est disponible pour pouvoir administrer à distance un terminal ou une flotte d'iPhone. L'impossibilité d'installer des logiciels et l'absence d'une solution de cryptage en natif ne permettent pas le chiffrement des données stockées. Problématique pour une population de cols blancs amenés à enregistrer et transférer des informations sensibles.

A ces lacunes, s'ajoutent encore en France la limitation à des contrats avec l'opérateur Orange (à moins de faire désimlocker l'iPhone), l'absence de la 3G, Apple ayant privilégie la technologie EDGE. Forrester ajoute de son côté le clavier tactile qu'il qualifie d'inadapté à un usage en entreprise, en raison d'une certaine complexité dans la rédaction des messages. Un clavier touches classiques garantirait selon le cabinet une plus grande rapidité d'exécution.

"Ce qui va surtout changer, c'est la fourniture native de terminaux dédiés pour des métiers"
(B. Lemaire - Ibelem)

Si l'iPhone ne peut a priori pas répondre aux exigences de l'environnement entreprise, il convient toutefois de rappeler que l'appareil n'en est encore qu'à sa première génération. Apple travaillerait déjà aux versions 2 et 3 de son téléphone. La deuxième édition pourrait même, selon une rumeur, être présentée dès le Macworld expo 2008 qui se tiendra à San Francisco du 14 au 18 janvier. La 3G serait vraisemblablement l'une des fonctionnalités à intégrer l'iPhone v2.

Quant au push-mail, il pourrait également signer son arrivée, explique Benoît Lemaire. Toutefois, précise-t-il, il pourrait s'agir d'un système autonome comme le propose déjà RIM et Microsoft. Une solution qui si elle peut satisfaire les particuliers, contraint les entreprises à ajouter un connecteur supplémentaire

Mais si l'iPhone ne répond pas aux cahiers des charges des professionnels, ces derniers peuvent toujours se tourner vers d'autres constructeurs dont l'offre s'est rapidement adaptée pour épouser un design qui semble plaire aux utilisateurs. Ainsi RIM, dont le terminal BlackBerry est déjà destiné aux professionnels - et qui parallèlement s'oriente à présent vers la cible des particuliers - devrait proposer un nouveau modèle au premier semestre 2008.

Nokia a lancé la commercialisation en novembre du N95. Chez HTC, il s'agit de la gamme HTC Touch équipée de l'OS Microsoft Windows Mobile. Les professionnels peuvent donc opter pour des alternatives, qui même si elles ne bénéficient peut-être pas de l'aura Apple, dont la qualité du marketing n'est plus à démontrer, disposeront d'outils entreprise. Mais l'innovation la plus attendue, quel que soit le constructeur, concerne la batterie dont l'autonomie reste encore trop limitée alors que les usages se multiplient en entreprise, notamment pour des utilisations consommatrices d'énergie.

 
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En termes de tendances, la téléphonie d'entreprise, inspirée par Apple, devrait s'ouvrir aux écrans tactiles, parfois en les combinant au stylet et aux claviers touches.

"Ce qui va surtout changer, c'est la fourniture native de terminaux dédiés pour des métiers - médecin, technicien, etc - avec des applications nativement reconnues pour une approche verticalisée. Pour les cols blancs, on s'oriente vers une fusion de l'appareil professionnel avec celui réservé à la sphère privée. Cette évolution a déjà commencée", commente le directeur d'Ibelem.

 


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