Jean-Paul Alibert (HP) "Le Green IT divise par 2,5 la consommation des datacenters"

Les grands groupes français se sont lancés dans la modernisation de leurs datacenters. Des projets de Cloud privé qui représentent plusieurs centaines de millions d'euros.

JDN Solutions. Que pensez-vous de la notion de Cloud privé ? Ce modèle est-il réellement nouveau ?

Jean-Paul Alibert. C'est une tendance qui émerge depuis 2005. Au départ, ce modèle n'avait pas été baptisé ainsi. Et je ne sais pas comment il sera désigné en 2015. Il renvoie à un ensemble d'éléments entourant les centres de données : l'émergence de la virtualisation, l'automatisation de la gestion des centres de données par le biais de processus d'approvisionnement d'infrastructure, de gestion du changement et de mise en conformité.

L'idée étant au final de gagner en souplesse et en agilité. A ces processus, s'ajoute un mouvement en faveur de nouveaux modes de financement, notamment autour des CAPEX, qui permettent d'améliorer encore l'élasticité.

Ce que vous appelez l'automatisation de centre de données est-elle aussi répandue que la virtualisation ?

L'automatisation des datacenters avec des outils de provisionning est clairement un sujet nouveau. Les entreprises dotées de gros parcs de serveurs sont généralement plus avancées dans ce domaine. C'est également le cas des DSI ayant déjà lancé une base de données de gestion des configurations.

La consolidation des centres de données s'inscrit-elle dans cette tendance ?

Il s'agit d'un mouvement différent du Cloud privé, mais qui a lieu en parallèle. La majorité de nos grands clients se sont lancés dans la consolidation de leurs centres de données, avec à la clé la recherche de gains de coûts. Cette tendance recouvre deux grands sujets. Les grands groupes en profitent pour se doter d'infrastructure de nouvelle génération en remplacement de datacenters généralement vétustes, avec notamment pour objectif d'optimiser l'efficacité énergétique. Ils déploient également des contrats de niveaux de service avec les métiers, en fonction du degré de criticité de chaque système.

"Des projets d'une année peuvent désormais être mis en place en quelques mois"

L'idée est de fournir au métier un service au meilleur prix, tout en étant capable d'être réactif. Une mission qui implique de disposer de l'architecture agile que nous avons déjà évoquée, avec des processus d'automatisation et de virtualisation. Ces processus permettent de réduire les temps de développement et de déploiement des nouvelles applications, ce qui contribue aussi à la baisse des coûts. Des projets demandant presque une année peuvent ainsi être mis en place en quelques mois.

Le Green IT n'est-il pas un concept purement marketing ? Les DSI sont-elles réellement intéressées par cette démarche ?

L'optimisation de l'efficacité énergétique est une vraie problématique pour les grands DSI. Tout comme l'optimisation des niveaux de service, elle fait partie des principaux points de la matrice des coûts de ces projets de centres de données. Une démarche de Green IT permet de diviser par 2 à 2,5 la consommation énergétique des datacenters. Pour nos grands clients, ce ratio peut représenter jusqu'à plusieurs dizaines de millions d'euros d'économies chaque année.

Le design et la création de grands centres de données que nous mettons en œuvre sont des projets de plusieurs centaines de millions d'euros d'investissement, avec un ROI qui s'étale sur une dizaine d'années.

Que proposez-vous comme solutions en matière de Cloud privé ?

Nous venons de lancer deux nouvelles offres centrées sur cette problématique. Flex Datacenter qui apporte une solution de centre de données modulaire optimisée d'un point de vue énergétique, et l'offre de services Cloud Start qui permet de déployer un Cloud privé rapidement, en moins de 30 jours.

"Attention à bien veiller à définir les niveaux de service en amont du projet"

En matière de centres de données verts, nous proposons une offre de datacenter optimisé dans un container. Elle permet de limiter le ratio de perte d'énergie à 1,2, contre un rapport de 3 pour les centres de données traditionnels installés sur des plateaux de bureau.

Quel est le principal piège dans lequel les entreprises mettant en œuvre un projet de Cloud privé peuvent tomber ?

Il est important de négocier les bons niveaux de service avec les métiers, correspondant au degré de criticité business. Si cette phase n'est pas respectée, le chantier peut très vite se compliquer à la fois côté métier et informatique.

Il est important également de se poser la question des compétences. De quelles expertises ai-je besoin ? Parmi elles, y-a-t-il des compétences que je peux sous-traiter, ou dois-je tout prendre en charge en interne ?

Pour des entreprises sortant des groupes de niveau CAC40, il sera en général difficile de tout internaliser. Il est recommandé à minima de maitriser l'architecture déployée. Dans le cas de la virtualisation par exemple, la DSI devra maitriser le pilotage du projet, la maitrise d'œuvre, la TMA et l'infogérance pourront être, elles, externalisées. Le choix dépendra de l'existant et des compétences internes.

Jean-Paul Alibert a fait toute sa carrière dans les Services IT, d'abord dans une start-up éditeur et intégrateur partenaire d'HP dont il prend la direction des opérations en 1990. En 1993, il rejoint le groupe Industriel Elsydel-Ascom en tant que membre du comité de direction des activités françaises et directeur général de sa filiale d'Informatique Industrielle et Embarquée. En 1996, il prend la direction de la division de Marché Industrie chez Unilog (Logica) puis, en 2000, il rejoint Atos Origin où il dirige durant 6 ans les divisions Secteur Public et Services puis Energie - Industrie. Il rejoint HP France en 2006 et dirige l'activité Conseil et Intégration France. En décembre 2008, il est nommé directeur général de l'activité HP Technology Services France et prend en charge les activités Consulting et Intégration, Maintenance, Support, Formation de l'activité Technology Services France.  Jean-Paul Alibert est diplômé d?ingénierie électronique de l'ESME-Sudria et d'un MBA de l'IAE-Paris.