Benoist Grossmann (Idinvest Partners) "Nous levons un FCPR dédié au numérique de 100 millions d'euros"

Le capital-risque français est-il vraiment en crise ? Pas selon Benoist Grossmann, qui nous explique pourquoi.

JDN. Après une année 2012 agitée suite à la fronde des pigeons, quel est votre état d'esprit quant au marché de capital-risque français ?

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Benoist Grossmann est "managing director" chez Idinvest Partners. © S. de P. Idinvest Partners

Benoist Grossmann. Je suis clairement optimiste et il faut le rester. Pratiquement tous les fonds qui cherchaient à lever ont réussi à le faire. Chez Idinvest Partners, nous visons une collecte ISF de 40 millions d'euros en 2013. Il faut se rendre compte que ce montant représente deux fois le montant de l'ensemble des fonds levés par les acteurs français dans les années 90'. Il faut à cela ajouter le fait qu'aujourd'hui, les start-up ont besoin de moins en moins de capitaux pour se développer. Enfin, il faut se réjouir que le gouvernement se soit rendu compte de son erreur sur fiscalité des plus-values de cessions. Nous ne sommes pas à l'abri d'une bonne surprise pour le prochain projet de loi de finances. Disons que ce fut surtout un mauvais signal pour les entrepreneurs : quand quelqu'un créé une société, il ne pense pas à la vendre.

Quelle est le bilan d'Idinvest en 2012 et quelle est votre stratégie ?

Il est difficile de statuer sur un bilan en termes de performances pour 2012. Nous avons réalisé peu de sorties. Nous avons toutefois refinancé certaines sociétés comme Viadeo, Deezer et Criteo. Sur ces opérations, nos tickets moyens étaient autour de 10 millions d'euros. En revanche nous avons décidé cette année de concentrer davantage notre portefeuille, c'est-à-dire que nous allons principalement effectuer des opérations de refinancement. Nous sommes par ailleurs en train de lever un FCPR (Fonds commun de placement à risque, ndlr) exclusivement dédié au digital de 100 millions d'euros.

Quels seront les montants investis par ce fonds ? Ses critères d'investissements ?

Nous sommes relativement agnostiques sur nos tickets d'investissements mais je tiens à préciser que nous comptons également faire de l'amorçage. Nous n'avons pas de critères quant aux secteurs et zones géographiques ciblés.

"Nous nous concentrons sur les serials entrepreneurs"

Il y a évidemment des business models dans lesquels nous souhaitons éviter d'investir, qu'il s'agisse de sites marchands qui disposent d'un faible taux de rétention client ou de l'e-commerce intégré verticalement, dont je doute de la rentabilité. Nous nous concentrons davantage sur l'activité des serials entrepreneurs

Vous êtes actionnaires de Sensee. On attend toujours le grand envol de l'optique en ligne...

Il est vrai que le marché de l'optique en ligne n'est pas des plus dynamiques. En revanche les acteurs doivent prendre leurs marques dès aujourd'hui puisque c'est un marché qui attend un élément déclencheur avant de décoller : que les mutuelles remboursent moins.

Pourquoi la vente de Webedia prend-elle autant de temps ?

Il n'y a pas d'urgence. Il s'agit d'une belle société dont la croissance était de 50% en 2012. Son modèle permet de maintenir des coûts publicitaires élevés de 8 à 12 euros pour mille sur des opérations spéciales et d'attirer des annonceurs de très bonne qualité.

Titulaire d'un doctorat en physique de l'Université Pierre et Marie Curie, Benoist Grossmann a travaillé pour la NASA entre 1984 et 1990. Il reprend ses études en 1993 et sort diplômé de l'IEP de Paris un an plus tard. En 1988, il intègre en tant qu'associé le fonds d'investissement de Vivendi, Viventures Partners, qu'il quitte en 2002 pour devenir Managing Director chez Idinvest Partners.