Développer son activité en Allemagne : pourquoi et comment ?

Développer son activité en Allemagne : pourquoi et comment ? Comment profiter de l'effervescence du marché de l'économie numérique en Allemagne ? Faut-il opérer depuis la France ou y ouvrir une filiale ?

Avec 400 nouvelles start-up créées en tout juste sept ans, Berlin s'installe comme une scène incontournable de l'écosystème numérique européen, voire international. Une opportunité de marché pour les sociétés françaises ?

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Benoît Thieulin, dirigeant de l'agence digitale La Netscouade © S. de P. La Netscouade

"La ville peut capitaliser sur la présence de vrais talents de toutes origines et des coûts provinciaux. Par ailleurs l'Allemagne est en train d'accueillir des sociétés de capital-risque réputées, comme Earlybird à Hambourg" note Alex Farcet, co-fondateur et dirigeant du programme d'accélération de start-up européennes Startupbootcamp. Et pour Benoît Thieulin, dirigeant de l'agence digitale La Netscouade, "Berlin est devenu une place incontournable de la veille dans l'innovation", à un point tel que "nous avons ouvert un labo de R&D à Berlin pour permettre à nos salariés de consacrer s'ils le souhaitent 20% de leur temps à se pencher sur des projets innovants". Et les avantages sont nombreux : une scène très dynamique, des loyers bon marché (1000 euros pour 100m²) et un coût de la vie largement inférieur à la vie parisienne.

Mais le marché allemand est également complexe et éclaté, en témoigne les différents centres économiques tels que Francfort, Hambourg, Stuttgart, Berlin, Cologne et Munich qui y cohabitent. Et si l'Allemagne est le second marché dans l'e-commerce européen, ses résidents préféreront choisir des fournisseurs et prestataires nationaux qu'étrangers. Comment donc profiter de l'effervescence économique de ce pays ? Faut-il attaquer ce marché depuis la France ou aller installer une filiale et s'encombrer de la lourdeur administrative découlant de telles démarches ?

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Nenad Cetkovic, directeur des opérations Europe de Lengow © S. de P. Lengow

Si les coûts relatifs au fonctionnement d'une filiale sont notoirement moins élevés en Allemagne qu'en France, la réalité est plus complexe. "La fiscalité est en fait plus compliquée qu'on l'imagine, note André Meillassoux, avocat spécialisé en droit international et économie numérique, du cabinet ATM Avocats. Les taux de charges sociales et d'imposition sont différents et au final, les coûts sociaux sont moins lisibles." Toutefois, quand un entrepreneur du Web débute son activité sur le territoire allemand sans y avoir de salariés présents à 100%, il peut choisir le statut d'établissement stable. "Ce qui nécessite de se déclarer auprès des administrations fiscales et sociales allemandes". Une manière de prendre le poul du marché avant d'ouvrir sa filiale. Chez le spécialiste de la gestion de catalogue Lengow, le directeur des opérations Europe Nenad Cetkovic considère qu'il n'y a "aucun intérêt à créer une filiale. Nous avons choisi de faire appel à des natifs allemands à Paris qui, grâce à un programme de VoIP, peuvent prospecter avec un numéro allemand". Il note qu''il est cependant nécessaire d'appliquer la TVA intracommunautaire, dont le coût est plus élevé (19%) qu'en France. "Un surcoût peu significatif."

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Vincent Karachira, dirigeant de Next Performance © S. de P. Next performance

Le spécialiste du retargeting Next Performance avait également décidé d'opérer depuis Paris mais "il était nécessaire d'expliquer aux clients comment optimiser leurs campagnes marketing en ligne, chose difficilement faisable à distance" raconte Vincent Karachira, le dirigeant de la société. Cette dernière a donc ouvert une filiale sur place au statut une GmbH (SARL) "car il est plus facile pour nous de facturer avec une société allemande", explique-t-il. "Il a fallu compter entre deux et trois mois pour régler les modalités administratives, à savoir rédiger les statuts, les déposer, ouvrir un compte en banque et immatriculer la société."

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André Meillassoux, Avocat © S. de P. ATM Avocats

Quant aux statuts, "vous pouvez opter pour le statut d'AG, proche de la SA et de la SAS française qui permet de céder librement ses parts". L'entrepreneur peut également choisir la GmbH, proche de la SARL, plus adapté aux petites structures type PME-PMI. "Mais le grand succès allemand est le statut hybride de GmbH & Co. KG, un mélange entre une société en commandite simple et une SARL. Autrement dit, plutôt que d'être une personne physique, l'associé commandité est une personne morale" explique André Meillassoux. L'avantage de statut est qu'il n'y a pas de limitation de capital et que le commandité a le droit de limiter ses responsabilités dans le cadre de négociations avec ses actionnaires. Et d'ajouter : "le succès de ce statut s'est également fait ressentir auprès des filiales de sociétés étrangères, ce qui montre que les sociétés ont bien compris les subtilités du système allemand afin d'implanter leur filiale plus facilement dans l'écosystème local ".

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