La presse mondiale accuse Google d'être sa principale menace

L'Association mondiale des journaux demande à l'Europe et aux Etats-Unis de bloquer le partenariat Google/Yahoo sur les liens sponsorisés. Selon elle, tous les éditeurs de site Internet sont en danger.

Le temps se couvre pour Google et son nouveau partenaire, Yahoo. Après les Etats-Unis, c'est au tour de l'Europe d'annoncer avoir ouvert une enquête officielle quant à la légalité de leur partenariat face aux lois européennes. "A la mi-juillet, nous avons décidé d'ouvrir une enquête préliminaire de notre propre initiative sur les effets potentiels d'un accord Google-Yahoo sur la concurrence", a révélé le porte-parole de la Commission Jonathan Todd. Chez Google, on semble serein. En effet, l'accord entre les deux géants du Web mondial ouvrant à Google la possibilité de diffuser ses liens sponsorisés sur les sites de Yahoo porte uniquement sur les Etats-Unis et le Canada. Aussi estime-t-il que les retombées seront minimes sur le Vieux Continent.

Mais ce n'est pas l'avis de l'association mondiale des journaux (AMJ) qui, après les annonceurs américains (lire l'article : Les annonceurs américains dénoncent l'accord entre Google et Yahoo sur le SEM, du 08/09/08) demande aux autorités de la concurrence d'Amérique du Nord et d'Europe de bloquer cet accord. Pour l'AMJ, qui rassemble 77 associations nationales de journaux, et 18 000 journaux à travers le monde, ce partenariat aurait des conséquences bien plus graves, aux Etats-Unis comme en Europe. Selon elle, ce rapprochement commercial aurait un impact négatif sur les revenus publicitaires générés par Google et Yahoo aux sites de presse (comme aux sites en général), et ferait en parallèle augmenter le prix des liens sponsorisés.

Yahoo liant son destin à celui de Google, l'association craint qu'une digue protégeant la concurrence sur le marché publicitaire ne s'effondre. Partant du principe que l'accord proposé affaiblira inévitablement Yahoo dans sa concurrence avec Google, l'AMJ avance ses hypothèses. "Les annonceurs migreront de plus en plus vers Google car ils constateront qu'ils gagnent moins s'ils font appel à Yahoo. Yahoo aura donc moins d'annonces propres à proposer et sera donc en moins bonne position pour offrir un meilleur accord que Google". Et les liens sponsorisés étant plus chers de 20 % sur Google que Yahoo, les éditeurs craignent de devoir payer plus.

Par ailleurs, dans la mesure où Yahoo passerait sous la coupe de Google en n'osant plus le concurrencer, l'AMJ craint que ce dernier ne soit tenté de favoriser certains annonceurs dans les résultats naturels de son moteur. Ce qui, vu le scénario imaginé par l'association, ferait encore augmenter le prix des liens sponsorisés qui deviendraient alors le seul outil de promotion des sites...

 "A l'exception de certains médias d'Etat, jamais dans l'histoire de l'édition une seule entreprise n'a menacé d'exercer un tel contrôle sur la destinée de la presse", assène l'AMJ.