Bertrand Quesada (Teads) "Les activités combinées d'Outbrain et de Teads généreront un chiffre d'affaires de plus de 1,7 milliard de dollars"
Bertrand Quesada, co-CEO de Teads, livre au Journal du Net son analyse sur les coulisses et l'impact de l'acquisition de Teads par Outbrain.
JDN. Outbrain annonce ce jeudi 1er août l'acquisition de Teads pour un milliard de dollars. Vous aviez déjà tenté un mariage en 2022. Qu'est-ce qui a permis de débloquer la situation ?

Bertrand Quesada. Nous sommes très proches avec Outbrain, nous nous connaissons depuis très longtemps et nos synergies sautent aux yeux. Nous travaillons sur les mêmes pages, à des emplacements différents. De plus cela fait des années que chacun d'entre nous élargit ses compétences aux territoires de l'autre : Teads, historiquement dans le branding, se développe dans la performance en middle funnel tandis qu'Outbrain se positionne aussi désormais sur la vidéo. Cela nous permet de créer de facto un champion des deux catégories qui répondra à toutes les problématiques des annonceurs. Un leader dans la performance qui se marie à un leader dans la vidéo, c'est unique dans l'open web.
L'open web justement se porte mal, la grosse majorité des budgets des annonceurs partent chez les Gafam. Quel est pour Outbrain et pour Teads le principal enjeu de cette opération ?
Nos deux activités combinées généreront un chiffre d'affaires de plus de 1,7 milliard de dollars, ce qui en fera une société d'une taille importante. L'intérêt de ce rapprochement est dans la création d'une plateforme end-to-end dans l'open web servant à la fois l'offre et la demande. Notre positionnement, qui a toujours été de nous intégrer directement à la fois aux publishers et aux annonceurs, devient une tendance dans notre industrie. La raison est qu'une solution intégrée offre des résultats supérieurs aux clients.
Le rapprochement de nos offres et de nos équipes donnera une puissance de frappe deux fois supérieure qui nous permettra d'innover encore plus dans la publicité vidéo et dans la performance. C'est une opportunité unique de créer un acteur qui se focalise sur la partie premium de l'open web. Nous constatons déjà l'excitation que cela suscite auprès de nos clients.
Quels bénéfices cette fusion représenterat-elle pour vos partenaires publishers ?
Les bénéfices immédiats de disposer d'une seule plateforme intégrée : une solution plus rapide et simple à utiliser. Tous les formats que nous pourrons créer ensemble leur générera davantage de monétisation. Contrairement aux Gafam, qui les ont abandonnés, nous plaçons les publishers au cœur de notre business.
Les ambitions de Patrick Drahi pour la vente de Teads étaient bien supérieures au milliard de dollars de votre accord. Est-ce que les résultats obtenus par Teads en 2023, en recul, expliquent en partie cette dépréciation ?
Altice, qui est l'actionnaire de Teads, est le mieux placé pour répondre à cette question. Mais il faut avoir en tête que cette notion de prix est très relative, cela dépend du contexte. Un bon prix un jour sera un mauvais prix le lendemain et inversement. S'il y a un deal, c'est que tout le monde est content. En ce qui concerne l'année 2023, elle a été difficile au niveau macroéconomique et pas uniquement chez nous. La bonne nouvelle, c'est que la situation s'améliore, même si la Chine a des difficultés, que la guerre sévit toujours en Ukraine et que la situation est compliquée au Moyen-Orient. La baisse de l'inflation et l'enthousiasme autour des Jeux olympiques nous permettent de faire une bonne année.
Qu'est-il prévu pour vos équipes respectives ?
Il est trop tôt pour nous prononcer sur notre future organisation, ce travail sera réalisé durant les prochains trimestres. Ma vision est que cette opération créera énormément d'opportunités pour tout le monde. Nos offres sont suffisamment complémentaires pour que l'overlap soit assez limité.
David Kostman, CEO d'Outbrain, sera le CEO de la nouvelle structure tandis que vous et Jeremy Arditi, co-CEO de Teads, passerez coprésidents. Avez-vous prévu une durée minimale de votre engagement à ce poste ?
Cette opération est un nouveau chapitre de notre aventure qui a démarré il y a vingt ans et j'en suis très heureux. Nous avions lancé une start-up pour faire quelque chose de grand et là nous changeons de dimension. Je n'ai pas signé de clause d'engagement minimal mais il n'est pas question pour moi d'y aller en reculant. Nous nous connaissons très bien avec David et Yaron (Yaron Galai, cofondateur et président d'Outbrain, ndlr) et depuis des années. Pour réussir un mariage il faut bien se connaître et beaucoup travailler pour que cela fonctionne bien. Nous avons beaucoup d'envie et d'énergie pour le faire.