Maxime Cerda (Stamp) "Stamp lance son DSP dédié au streaming le 2 janvier et prépare une deuxième levée de fonds"
Après un premier tour d'amorçage d'un million d'euros en septembre, le cofondateur de l'ad network confie au JDN vouloir déjà assurer l'indépendance technologique de sa plateforme
JDN. Stamp annonce ce mardi 19 novembre le lancement de sa DSP, qui sera live en janvier. Qu'est-ce qui change par rapport à votre offre actuelle d'ad network ?
Maxime Cerda. Il s'agira en effet du premier DSP exclusivement dédié au streaming et à l'écran TV en Europe. Nous embarquons de nouveaux partenaires tels que Canal+ et RMC BFM, en plus de M6, Pluto TV, Molotov et des chaînes des constructeurs de CTV telles que LG, Phillips et TCL. Nous pouvons également annoncer l'arrivée de TF1 mais uniquement pour les inventaires de TV segmentée pour le moment. Pour les autres chaines comme celles du groupe Altice, Canal et M6 nous réunissons tous les inventaires de vidéo à la demande et de TV segmentée.
Pour ce qui est de notre proposition de valeur : notre DSP se rapproche beaucoup plus d'un Google Ads ou d'un Meta, car le but pour nous est de rationaliser et simplifier l'achat média. Aujourd'hui, programmer sa campagne sur un DSP, c'est une affaire d'expert, alors que sur Google Ads ou sur Meta, n'importe qui peut le faire. Notre modèle est : que vous soyez un trader en programmatique, un acheteur de multiscreen en agence ou un annonceur, vous pourrez activer votre campagne sur Stamp. La plateforme vous guide et vous propose votre plan média automatiquement.
Vous déclarez être directement intégrés aux inventaires des chaines et services de VOD. Un DSP généralement s'interface aux SSP…
Cette tendance de désintermédiation est déjà en cours dans le marché, à l'instar de ce que font Magnite avec ClearLine et The Trade Desk avec Open Path. Stamp se positionne à mi-chemin entre l'offre et la demande et a même vocation à servir d'autres plateformes vidéo, comme Dailymotion qui se sert de Stamp pour aller vers la CTV. Notre ambition est de servir tout le marché et de réunir à terme les inventaires de tous les services d'AVOD y compris des Gafam. Pour ces derniers en revanche, tant qu'ils n'auront pas ouvert leurs inventaires aux plateformes tierces, nous serons obligés de passer peur leur propre DSP.
Quelles sont les briques que vous ajoutez à votre réseau pour en faire un DSP ?
Stamp a été fondé par des vétérans de l'adtech pour bâtir un écosystème propre au streaming et à l'écran de télévision. Depuis le départ notre ambition était de faire évoluer notre ad network avec une visée technologique afin de devenir à la fois une place de marché et un outil d'achat. Le DSP que nous lançons le 2 janvier s'appuie sur notre propre algorithme, qui reçoit, traite et classifie en continu l'ensemble des métadonnées contextuelles des ad requests, sur notre propre SSP mais également sur des technologies externes comme Beeswax (FreeWheel) pour le bidder et SpringServe (Magnite) pour l'ad serving. A terme, d'ici deux ans, notre objectif est de devenir indépendants technologiquement, en construisant nos propres solutions en interne, de A à Z. Et pour le volet mesure des audiences et reporting, nous travaillons avec Implcit et pour le ciblage ID cross-éditeurs, avec First-id.
Comment comptez-vous financer le développement de votre technologie ?
Pour l'instant, le volet régie nous permet de financer nos ambitions : Stamp a été lancé l'été 2023 (incubée chez TF1, ndlr) ; son chiffre d'affaires est passé de 525 000 euros en 2023 à 4,2 millions d'euros en 2024 (la start-up a rejoint le programme d'accélération d'Ouest France en octobre 2024, ndlr). En septembre nous avons réalisé une levée de fonds d'amorçage d'un montant d'un million d'euros auprès de business angels et de la BPI. Nous avons l'ambition de finir 2025 avec plus de 10 millions d'euros de recettes issues à la fois de notre activité d'ad network et de DSP. Nous prévoyons de clôturer d'ici juin un nouveau tour de table beaucoup plus important, qui devra avoisiner les 10 millions d'euros et qui sera central pour nous permettre de bâtir notre indépendance technologique et nous internationaliser.
Quel est votre modèle économique et comptez-vous le faire évoluer ?
Le modèle économique de la régie, c'est le CPM : on achète les inventaires et on les revend avec une marge liée à la valeur que nous apportons notamment à travers notre algorithme de ciblage cross médias. Pour le DSP, nous serons sur un modèle de rev share sur le média selon un taux hautement compétitif. Contrairement aux grands acteurs de ce marché, nous n'imposerons pas de montants minimum d'investissements. C'est ce qui rendra notre DSP accessible aux annonceurs des PME, le but étant de servir tout le monde, les gros comme les petits, les annonceurs comme les agences. A terme nous souhaitons quitter le modèle économique de régie pour devenir juste un acteur technologique.