Faire de la donnée un élément clé de la réindustrialisation française

Les données économiques, sociales et fiscales des entreprises sont un atout majeur pour identifier, rapatrier, renforcer et fidéliser une industrie indispensable à la souveraineté de la France.

En date du 17 octobre 2022, il existait 82,2 millions de comptes sociaux d’entreprises françaises diffusés sur les serveurs de l’Institut National de la Propriété Industrielle (INPI) pour les comptes sociaux à partir de 2016. Ce sont environ 4,1 milliards de données économiques, sociales et fiscales certifiées par l'État disponibles pour identifier précisément les entreprises constituant l’appareil producteur français mais surtout celles qui ne le constituent pas encore. Cette matière brute inestimable est un atout majeur pour identifier, rapatrier, renforcer et fidéliser une industrie indispensable à la souveraineté de la France.

La donnée certifiée au service des entreprises produisant en France

L’industrie est définie par l’ensemble des activités économiques qui produisent des biens matériels par la transformation et la mise en œuvre de matières premières. Cette définition est intéressante car elle met en avant deux points fondamentaux nécessaires à l’identification d’entreprises industrielles :  premièrement, une entreprise industrielle transforme et met en œuvre de la matière première ; deuxièmement, une entreprise industrielle vend des biens issus de cette transformation. 

Ces deux points se traduisent facilement dans les comptes sociaux des entreprises, en particulier leurs comptes de résultats grâce à la constitution de leur chiffre d’affaires ainsi que l’analyse de leurs charges de production. Quatre paramètres suffisent à contrôler si une entreprise est réellement industrielle ou non, soit 828M de données structurées disponibles gratuitement depuis le site de l’INPI. 

En complément de la nomenclature NAF, l’analyse de la donnée financière est une mine d’or pour détecter et mesurer l’activité industrielle française sans tomber dans le piège des effets d’annonce relayées par la presse. 

En statistiques nous connaissons le biais du survivant, une forme de biais de sélection consistant à concentrer son attention sur les sujets ayant réussi mais qui sont des exceptions statistiques (des « survivants ») plutôt que des cas représentatifs. 
Nous retrouvons ce phénomène tous les jours dans la presse, qui met en avant une infime partie de l’actualité (souvent portée par de grands noms) mais qui représente souvent une exception de l’ensemble du tissu industriel français lui permettant de survivre. 

Au-delà du biais statistique, il existe aussi un vrai risque quant à la fiabilité de l’information relayée. Pour exemple, une grande entreprise française fait la une des journaux vantant la création de 1 000 emplois dans le Grand-Est sur un horizon de 5 ans grâce à l’ouverture d’une nouvelle usine. Beaucoup de cabinets vont prendre cette information comme argent comptant et l’intégrer dans leurs baromètres de l’industrie française passant immédiatement au beau fixe sans se soucier de la concrète réalisation de ces emplois durant la période énoncée. Mais n’est-ce pas trop tôt pour crier victoire ? Ici le biais des survivants ne serait plus un effet de bord mais deviendrait un effet tunnel menant irrémédiablement au crash de l’industrie française si on ne la mettait pas en perspective avec de la donnée certifiée. 

Cette donnée permet de comprendre des dynamiques sectorielles mais aussi territoriales pour innover là où le besoin se fait sentir. 

Identifier pour mieux réindustrialiser

En identifiant les secteurs stratégiques de l’industrie, la donnée certifiée devient motrice de la réindustrialisation française en permettant une analyse précise de leurs évolutions et parfois de leur absence.  

Le plus compliqué est de comprendre que des données sont manquantes dans notre analyse pour en tirer des conclusions fiables. Ici, l’analyse des comptes sociaux de l’ensemble des entreprises nous permet grâce à la nomenclature NAF d’identifier des secteurs d’activité stratégiques non représentés dans l’économie française. 

Ces informations permettent de les identifier pour créer des appels à projets mais aussi d’identifier les entreprises nécessaires à son développement dans un territoire donné (cf projet « Les territoires d’expérimentations » permettant d’identifier des communes où l’implantation d’entreprises industrielles serait plus facile). 

Mais un système n’est stable que si celui-ci n’a pas de fuite, c’est ici qu’intervient l’identification et la fidélisation des entreprises déjà existantes.
 

Fidéliser l’existant

Fidéliser coûte 5 fois moins cher que de prospecter. Un client trouvant votre outil trop compliqué ou bien manquant d’accompagnement cherchera forcément à trouver une meilleure solution ailleurs. C’est de là que commence la fuite de son portefeuille et ici de son industrie. 

Identifier les entreprises industrielles grâce à la donnée certifiée devrait permettre aux services publics d’aller de manière proactive à leur contact et de les accompagner pour éviter une fuite à l’étranger ou bien des difficultés économiques pouvant les mener à la faillite. 

La donnée devient inévitable pour réindustrialiser durablement le territoire. L’industrie est indispensable à la souveraineté de la France ainsi qu’à sa prospérité économique, sociale et fiscale. On ne compense le déficit industriel d’un pays que par l’augmentation de sa dépendance étrangère à des matières premières et services indispensables à aux besoins physiologiques (se nourrir, se chauffer…) et sécuritaires (sécurité du corps, de l’emploi, de la santé…) de ses habitants. Près de 4,1 milliards de données certifiées émanant du gouvernement sont à disposition de chacun pour construire la réindustrialisation de la France sur des données fiables et apporter la souveraineté industrielle dont nous avons tant besoin.