La redistribution, un rempart essentiel contre la pauvreté en France
La redistribution des richesses en France est l'un des leviers les plus efficaces pour atténuer les inégalités et réduire la pauvreté. En 2021, elle a permis d'éviter à 4,4 millions de personnes supplémentaires de tomber sous le seuil de pauvreté. Derrière ces chiffres, se cachent des réalités sociales variées et des populations particulièrement touchées par la pauvreté, malgré l'intervention de l'État.
L'effet massif de la redistribution en France
En 2021, le système de redistribution en France, comprenant la fiscalité directe et les prestations sociales non contributives telles que le RSA et les allocations familiales, a réduit de près d'un tiers le nombre de personnes pauvres, selon une étude de la DREES.
Sans cette redistribution, le pays compterait 13,5 millions de pauvres, soit un taux de pauvreté de 21,4%. Grâce à ces dispositifs, ce taux a pu être réduit à 14,5%, soit 9,1 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté.
La redistribution a également permis de réduire fortement les inégalités de revenus. En effet, le rapport entre le niveau de vie des 20% les plus riches et celui des 20% les plus pauvres a été ramené de 8,2 à 4,5, selon la même étude. Ce mécanisme de redistribution s'avère donc crucial pour maintenir un certain niveau de justice sociale en France.
Impact sur les catégories les plus vulnérables
Certaines populations bénéficient plus particulièrement de la redistribution, notamment les familles monoparentales, les chômeurs, les inactifs, et les jeunes de moins de 20 ans.
Pour les familles monoparentales, par exemple, le taux de pauvreté passe de 39% à 18,5% grâce à la redistribution, un écart significatif de 20,5 points. Pour les chômeurs, le taux de pauvreté est réduit de 35% à 23%, et pour les jeunes de moins de 20 ans, de 20% à 8,5%. Malgré ces aides, ces catégories restent parmi les plus touchées par la pauvreté.
L'effet de la redistribution est moins marqué chez les retraités, qui sont nettement moins concernés par la pauvreté. En 2021, la redistribution a réduit leur taux de pauvreté de seulement 3,5 points. Selon Lionel Wilner, directeur du Centre de recherche et études statistiques (Crest), cité par Les Échos, "Le niveau de vie des personnes âgées par rapport au reste de la population est assez bon aujourd'hui", ce qui explique pourquoi les retraités sont moins dépendants des prestations sociales non contributives.
En effet, les retraités bénéficient déjà de pensions qui sont souvent suffisantes pour les maintenir au-dessus du seuil de pauvreté, limitant ainsi l'impact des autres formes de redistribution sur cette catégorie de la population.
Les prestations sociales : un soutien vital
Les prestations sociales non contributives constituent une part significative du revenu des ménages les plus pauvres en France. En moyenne, elles représentent 38% du revenu disponible pour les personnes vivant sous le seuil de pauvreté. Ce soutien est particulièrement important pour les familles monoparentales, les chômeurs, et les jeunes sans emploi ni formation, qui dépendent fortement de ces aides pour subvenir à leurs besoins quotidiens.
Sans ces prestations, 4,4 millions de personnes supplémentaires tomberaient dans la pauvreté, et le taux de pauvreté atteindrait 21,4% de la population.