France, Italie, Belgique : quand les déficits publics menacent la stabilité économique de l'Europe

Les efforts budgétaires à venir dans plusieurs pays européens soulèvent des interrogations quant à l'avenir de la croissance économique. Avec des dettes publiques atteignant des niveaux records, les risques pour l'économie européenne se multiplient.

La zone euro se trouve à un tournant décisif alors que trois de ses principales économies — la France, l'Italie et la Belgique — font face à des déficits publics croissants. Ces déficits pèsent lourd sur la stabilité économique de l'Union monétaire et posent la question de la capacité de ces États à équilibrer leurs finances sans compromettre la croissance à long terme.

La situation budgétaire en France, Italie et Belgique

Les déficits publics en France, Italie et Belgique ont atteint des niveaux préoccupants, et la tendance ne montre pas de signes d'amélioration. Selon le FMI, la dette publique de l'Italie devrait atteindre 144% du PIB en 2029, dépassant ainsi celle de la Grèce, qui était jusqu'ici un cas emblématique de la crise des dettes souveraines.

En France, la situation est tout aussi critique : avec un ratio de 115% du PIB en 2029, le pays devrait doubler la dette de l'Allemagne, qui reste à des niveaux plus modérés. Quant à la Belgique, son déficit dépasse largement les 100%, posant des défis similaires.

L'économiste Charles-Henri Colombier, de l'institut Rexecode, a déclaré dans une étude récente citée par Les Echos : "Si l'on considère que la situation budgétaire d'un pays est préoccupante quand son ratio de dette publique est déjà élevé et quand, pour pouvoir le stabiliser, celui-ci va devoir opérer un ajustement significatif de ses comptes publics dans les prochaines années, alors trois Etats membres de la zone euro répondent à cette définition : l'Italie, la France et la Belgique".

Impact des déficits sur la croissance de la zone euro

La France, l'Italie et la Belgique représentent à elles seules près de 38% du PIB de la zone euro. Ainsi, les efforts d'assainissement budgétaire qu'ils entreprendront auront un impact direct sur l'ensemble de la région. Les économistes estiment que les efforts visant à réduire les déficits auront un effet récessif.

Jean-Christophe Caffet, économiste en chef chez Coface, avertit : "Ce qu'il faut éviter à tout prix, c'est l'assainissement budgétaire à marche forcée pour tout le monde en même temps dans la zone euro, comme au début des années 2010". Un tel scénario entraînerait selon lui une récession majeure.

En France, par exemple, une réduction annuelle du déficit de 25 milliards d'euros diminuerait la croissance de 0,7 point chaque année. "Depuis début 2019, la moitié de la croissance française provient de la dépense publique. Or, ce levier va disparaître à court terme si les futurs gouvernements veulent stabiliser la dette publique", explique Charles-Henri Colombier. 

En Belgique comme en Italie, les projections économiques suivent une tendance similaire. En Italie, l'extinction des fonds du plan de relance européen prévue pour 2026 mettra fin à une importante bouffée d'air financière. Cette situation renforcera la pression sur le gouvernement. Il devra alors veiller à maintenir le déficit public à 4% du PIB, un défi considérable.

L'Allemagne et les moteurs de croissance manquants en Europe

Pendant que la France, l'Italie et la Belgique luttent pour maîtriser leurs déficits, l'Allemagne, première économie de la zone euro, fait face à ses propres défis. Malgré un endettement plus modéré, le pays refuse de lever son frein à l'endettement pour stimuler des investissements massifs, notamment dans les infrastructures.

Cette situation affaiblit encore davantage les moteurs de croissance de la zone euro. Selon une récente étude de l'institut économique allemand IFW de Kiel, le PIB de l'Allemagne devrait baisser de 0,1% cette année et n'augmenter que de 0,5% l'an prochain, laissant peu de marge de manœuvre pour compenser la faiblesse des autres grandes économies européennes.