Altice : 2,6 milliards pour sauver l'empire de Patrick Drahi
Confronté à une dette vertigineuse, Altice engage un bras de fer avec ses créanciers, entre cessions d'actifs et propositions de restructuration.
fait face à un défi de taille pour préserver son empire. Entre pressions financières et attentes des créanciers, Altice est au cœur de négociations complexes, où chaque décision pourrait redéfinir l'avenir du groupe.
Patrick Drahi négocie la survie financière d'Altice
Depuis mars dernier, Patrick Drahi, fondateur d'Altice et propriétaire de SFR, s'efforce de renégocier les 24 milliards d'euros de dette de son groupe. Ces discussions, entamées dans un climat tendu, ont récemment progressé. Selon les informations communiquées par Altice dans un document publié ce jeudi, le milliardaire propose un versement immédiat de 2,6 milliards d'euros en cash à ses créanciers, issus des cessions d'actifs stratégiques réalisées sur l'année écoulée.
Parmi ces ventes figurent celles du pôle médias comprenant BFMTV et RMC (1,55 milliard d'euros) et des datacenters d'Altice (535 millions d'euros). Ces transactions ont permis d'amasser environ 3,38 milliards d'euros. Ce montant doit permettre à Drahi de restructurer la dette dite sécurisée, en la réduisant de 20 milliards d'euros à 13,7 milliards d'euros et en repoussant les échéances de remboursement à 2029 et 2031.
Les créanciers divisés sur les conditions
Malgré ce geste, les créanciers sécurisés, représentés par des fonds d'investissement internationaux, maintiennent leurs exigences. Ils acceptent le paiement en cash de 2,6 milliards d'euros mais souhaitent réduire la dette sécurisée à 14,4 milliards d'euros au lieu des 13,7 milliards proposés. Ils exigent également un taux d'intérêt de 7,5%, contre 6,5% dans le plan initial d'Altice. En échange, ils pourraient monter jusqu'à 34% du capital d'Altice France, bien que Drahi semble prêt à céder seulement 18% des parts.
Pour les créanciers non sécurisés, représentant 4 milliards d'euros de dette, Altice propose une décote drastique : seulement 215 millions d'euros en cash et une réinstallation de 645 millions d'euros, soit une réduction de plus de 80%. À ce stade, les négociations avec ces créanciers n'ont pas encore débuté.
Un observateur proche des négociations explique : "Altice est parti du point A, les créanciers du point Z. Aujourd'hui ils sont sans doute respectivement au point F et M", a rapporté Le Figaro.
Une situation financière sous tension
Les résultats financiers d'Altice pour 2024 montrent un ralentissement de la performance économique du groupe. L'Ebitda devrait atteindre 3,35 milliards d'euros, en baisse par rapport à 2023 (3,9 milliards d'euros). Ce recul s'explique en partie par la perte de deux millions de clients chez SFR sur deux ans, ainsi que par la cession d'actifs clés.
Le groupe, conscient de la pression des échéances financières, envisage d'autres options pour refinancer sa dette. Des discussions ont été initiées avec des investisseurs tiers, comme le fonds Apollo, pour une nouvelle émission de dette à hauteur de 13,7 milliards d'euros.
Bien que l'ambiance soit plus sereine qu'au printemps dernier, les discussions restent complexes. Les créanciers cherchent à maximiser la rentabilité de leurs investissements, tandis que Patrick Drahi tente de maintenir son contrôle sur Altice malgré les concessions demandées.
Pour l'heure, les parties n'ont pas encore trouvé de terrain d'entente. Un accord pourrait encore prendre des mois, laissant l'avenir d'Altice suspendu à des négociations délicates.