Emmanuel Macron en Arabie Saoudite : modernisation, défense et diplomatie en tête d'affiche
Pour son troisième déplacement en Arabie Saoudite depuis 2017, Emmanuel Macron marque un tournant dans les relations franco-saoudiennes. Accompagné d'une importante délégation économique, il cherche à consolider la coopération dans des secteurs stratégiques tout en s'imposant comme un médiateur sur des dossiers géopolitiques majeurs. Cette visite, qui s'inscrit dans le cadre de Vision 2030, symbolise les ambitions partagées des deux nations face aux défis globaux.
Un partenariat stratégique pour renforcer la coopération bilatérale
Emmanuel Macron et Mohammed ben Salmane (MBS) ont signé un partenariat stratégique visant à intensifier les relations entre leurs deux pays. Cet accord couvre des domaines d'avenir tels que la transition énergétique, l'intelligence artificielle, et la défense.
"Transition énergétique, défense, mobilités, culture et bien plus : nous allons multiplier nos coopérations dans tous les domaines", a déclaré Emmanuel Macron sur le réseau X, repris par Le Figaro, reflétant la volonté des deux dirigeants de bâtir une relation durable.
Ce partenariat s'inscrit dans le cadre du programme Vision 2030, qui ambitionne de moderniser l'Arabie Saoudite et de diversifier son économie. La visite d'Emmanuel Macron est également marquée par la présence de grands noms de l'économie française, comme TotalEnergies, EDF et Dassault Aviation, ainsi que plusieurs start-up innovantes. Ces acteurs espèrent capitaliser sur les opportunités offertes par les projets phares du royaume, notamment dans les énergies renouvelables et les infrastructures technologiques.
Diplomatie et géopolitique au cœur des échanges
Outre l'économie, la dimension diplomatique de cette visite est cruciale. La situation au Moyen-Orient, marquée par des conflits persistants, a occupé une place centrale dans les discussions. Emmanuel Macron et MBS ont convenu d'œuvrer ensemble à la stabilisation de la région, en priorisant le Liban et Gaza. Le président français a appelé à une élection présidentielle rapide au Liban, sans président depuis plus de deux ans, et a réaffirmé son soutien à une désescalade durable dans les territoires palestiniens.
Le dossier israélo-palestinien reste un point de convergence entre Paris et Riyad. Les deux dirigeants soutiennent la solution à deux États, une position qui contraste avec celle du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou. Par ailleurs, Emmanuel Macron espère un soutien saoudien à l'armée libanaise, affaiblie par un manque de moyens logistiques, afin de renforcer la stabilité à la frontière israélienne.
Un enjeu économique stratégique
La diversification économique du royaume offre de nombreuses opportunités aux entreprises françaises. Le projet Al-Ula, destiné à faire de ce site archéologique un pôle touristique majeur, illustre parfaitement cette ambition. Ce mégaprojet, soutenu par des investissements de 20 milliards de dollars selon Le Monde, met en avant l'expertise culturelle et touristique française.
D'autres partenariats économiques sont en discussion, notamment dans le domaine des énergies renouvelables. TotalEnergies a déjà lancé la construction d'une usine pétrochimique d'une valeur de 11 milliards de dollars, renforçant ainsi sa présence dans le royaume. Cependant, les perspectives économiques restent fragilisées par la baisse des prix du pétrole, ce qui contraint Riyad à ajuster certains projets.
Une relation en pleine mutation
La relation franco-saoudienne a connu des hauts et des bas ces dernières années. Emmanuel Macron, l'un des premiers dirigeants occidentaux à avoir renoué avec MBS après l'assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, cherche à renforcer cette "relation dense", selon l'Élysée. Pour MBS, cette visite est une opportunité de redorer l'image de son pays et de s'affirmer comme un acteur incontournable sur la scène internationale.
En parallèle, Riyad continue de diversifier ses alliances diplomatiques. Bien que des négociations soient en cours avec Washington pour normaliser ses relations avec Israël, MBS reste ferme sur la reconnaissance d'un État palestinien comme condition préalable. Cette position stratégique reflète son ambition de jouer un rôle clé dans la recomposition géopolitique régionale.