Déficit public : Pierre Moscovici alerte sur une dette "qui nous empêche d'agir"
La censure du budget gouvernemental met en lumière l'urgence de redresser les finances publiques françaises. Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes, avertit sur les dangers d'une dette qui limite la capacité d'action de l'État et compromet sa crédibilité internationale.
Une dette préoccupante et un déficit alarmant
Pierre Moscovici, intervenant sur LCI le 8 décembre, a souligné les dangers d'une dette publique devenue trop lourde. "Une dette trop importante nous empêche d'agir", a-t-il affirmé cité par Capital, alertant sur une perte progressive de crédibilité pour la France. Selon lui, bien que la censure budgétaire n'ait pas provoqué de panique sur les marchés, la situation reste sous haute surveillance.
Le déficit public attendu pour 2024 est estimé à 6,1% du PIB, bien au-delà de l'objectif initial de 4,4%. Pierre Moscovici insiste sur la nécessité de ramener ce chiffre à 5% dès 2025, un objectif jugé essentiel pour préserver les marges de manœuvre de l'État. Toutefois, il estime qu'en l'absence de réformes, ce chiffre pourrait rester proche de 6%, un niveau incompatible avec les engagements pris auprès de l'Union européenne.
Pour l'heure, une loi spéciale a été adoptée pour garantir la continuité des services publics. Cependant, cette mesure temporaire ne permet pas de résoudre les problématiques structurelles des finances publiques françaises, et un nouveau budget devra être voté en 2025.
L'impact sur la fiscalité des Français
L'absence de budget risque également d'avoir des répercussions sur la fiscalité des ménages. La non-réindexation du barème de l'impôt sur le revenu pourrait entraîner une hausse des prélèvements pour environ 18 millions de foyers, selon l'OFCE. Une telle situation pourrait rapporter entre 3 et 4 milliards d'euros au Trésor public, mais au prix d'un impact significatif sur le pouvoir d'achat.
Pierre Moscovici a précisé que "la loi spéciale n'est pas faite pour modifier le barème de l'impôt", relaie Le Figaro, rendant indispensable l'adoption d'un budget complet au début de l'année prochaine. Cette situation souligne l'urgence pour les responsables politiques de trouver un consensus sur les mesures fiscales et budgétaires nécessaires.
Une économie sous tension mais pas en récession
Interrogé sur l'état de l'économie française, le haut fonctionnaire s'est voulu prudent. Il a déclaré ne pas percevoir de signes de récession imminente, tout en reconnaissant que "la pente est un peu plus sévère". Cette position contraste avec celle du président du Medef, Patrick Martin, qui estime que la France est entrée dans une légère récession selon Les Echos.
Dans ce contexte, le premier président de la Cour des comptes appelle à un rééquilibrage budgétaire. Il plaide pour des économies intelligentes et une gestion prudente des finances publiques afin d'éviter un affaiblissement progressif de l'économie.