Nucléaire français : pourquoi EDF temporise sur ses investissements

Nucléaire français : pourquoi EDF temporise sur ses investissements EDF temporise sur le développement de ses réacteurs EPR2. Entre défis financiers, incertitudes politiques et héritage des erreurs passées, l'entreprise publique retarde ses investissements stratégiques.

EDF, en charge de relancer le nucléaire en France, freine le lancement de son ambitieux programme EPR2. Alors que les premiers réacteurs de nouvelle génération sont censés voir le jour d'ici quelques années, l'entreprise se heurte à des obstacles financiers et politiques. À ce jour, aucune garantie claire de l'État actionnaire n'a été donnée, obligeant EDF à ajuster ses ambitions.

Les obstacles financiers et les leçons du passé

Le coût du programme EPR2 est colossal, estimé à plus de 100 milliards d'euros, incluant les frais de financement. La construction des six réacteurs seule pourrait dépasser les 67,4 milliards d'euros, selon des chiffres révélés par Les Échos au printemps dernier. L'inflation complique encore davantage la tâche, faisant grimper les prix des matières premières et de la main-d'œuvre.

EDF cherche à éviter les erreurs commises sur le chantier de l'EPR de Flamanville, qui avait explosé les délais et les coûts. "Plus le temps de construction s'étire, plus le coût final augmente", rappelle une source citée par Les Échos.

Pour limiter ces risques, l'entreprise s'efforce de réduire la durée de construction des EPR2, avec un objectif ambitieux fixé à 70 mois pour les deux derniers réacteurs, grâce à l'effet de série.

L'absence d'engagement clair de l'État

Le soutien financier de l'État actionnaire reste flou, ralentissant les prises de décision chez EDF. Une source proche du dossier affirme : "Aucune entreprise ne peut s'engager plus avant dans un projet industriel sans garanties de son actionnaire". Cette absence de visibilité pousse EDF à envisager une réduction drastique de ses investissements pour 2025, les limitant à 1,1 milliard d'euros.

La validation du dossier des EPR2, initialement prévue fin 2024, a été repoussée à janvier 2025. Cette décision est liée à la situation politique française, marquée par l'absence de gouvernement opérationnel, toujours selon des sources citées par Les Échos.

Les incertitudes liées à la demande énergétique

Outre les obstacles financiers et politiques, EDF fait face à une demande d'électricité en baisse en France. La programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), actuellement en consultation, reste floue quant aux priorités énergétiques du pays. Cette incertitude complique la projection des besoins énergétiques à long terme et, par conséquent, la rentabilité des EPR2.

Par ailleurs, EDF doit également s'assurer que les négociations avec la Commission européenne aboutissent. Ces discussions portent notamment sur les aides de l'État et les conditions de financement, comme un éventuel prêt à taux zéro pour soutenir le programme.