Inflation, croissance et Donald Trump : la Fed au carrefour des incertitudes

Inflation, croissance et Donald Trump : la Fed au carrefour des incertitudes La baisse des taux amorcée en 2024 pourrait s'interrompre face aux défis économiques que la nouvelle administration américaine pourrait accentuer.

Avec une dernière réduction des taux directeurs pour 2024, la Fed cherche un équilibre délicat entre soutien à l'économie et lutte contre une inflation persistante. L'arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche en janvier 2025 ajoute une complexité supplémentaire, avec des politiques susceptibles d'impacter durablement l'économie américaine.

Une politique monétaire sous tension

Depuis septembre 2024, la Réserve fédérale a baissé ses taux directeurs à trois reprises. Après une réduction de 50 points de base en septembre, suivie d'une autre de 25 points en novembre, les taux sont désormais fixés dans une fourchette de 4,25% à 4,50%.

Cette série d'ajustements visait à contrer les premiers signes de ralentissement de l'emploi et à accompagner une désinflation progressive, avec un taux d'inflation passant de 2,5% en août à 2,3% en octobre.

Cependant, en novembre, l'inflation a rebondi à 2,7%, notamment en raison de hausses persistantes des prix des biens de consommation. Hors alimentation et énergie, deux catégories volatiles, l'inflation a même atteint 3,3%. Cette remontée survient alors que le coût du logement affiche des progrès, mais reste insuffisant pour compenser les pressions sur d'autres secteurs.

Les incertitudes liées à l'administration Trump

La prise de fonction imminente de Donald Trump en janvier 2025 complique les projections économiques de la Fed. Ses annonces de hausses tarifaires sur les importations chinoises et d'augmentations de droits de douane sur d'autres partenaires commerciaux pourraient alimenter une nouvelle vague inflationniste. Ces mesures protectionnistes risquent d'élever les coûts pour les consommateurs tout en favorisant une consommation nationale plus chère, comme le souligne Les Echos.

Par ailleurs, les réductions d'impôts prévues par l'administration Trump, combinées à une politique d'expansion budgétaire, pourraient stimuler la croissance économique à court terme. Toutefois, elles risquent également de surchauffer une économie déjà proche de son plein potentiel, compliquant encore davantage le travail de la Fed.

Jerome Powell, président de la Fed, a souligné qu'il maintiendra l'indépendance de l'institution, même face à d'éventuelles pressions politiques. Il a récemment affirmé que toute déviation dans la politique monétaire sera basée sur des données économiques concrètes, et non sur des considérations politiques.

Perspectives pour 2025

Les projections actuelles de la Fed anticipent une stabilisation des taux directeurs autour de 3,4% d'ici fin 2025 selon Reuters. Toutefois, les marchés restent prudents, certains prévoyant une réduction plus limitée, à 3,9%. La trajectoire dépendra en grande partie des premières décisions budgétaires et commerciales de l'administration Trump, qui pourraient modifier le paysage économique de manière imprévisible.

Les investisseurs surveillent également de près les prévisions économiques actualisées de la Fed, publiées après chaque réunion. Ces projections incluent des indicateurs clés comme le taux neutre à long terme, attendu pour la première fois au-dessus de 3% en huit ans, ce qui reflète un ajustement structurel des attentes économiques.

En parallèle, les marchés obligataires ont réagi aux récentes annonces monétaires, avec des rendements des bons du Trésor à 10 ans se maintenant au-dessus de 4,4%. Cette tendance, combinée à la volatilité accrue sur les marchés actions, témoigne des incertitudes pesant sur l'économie américaine à l'aube de 2025.