Déficit commercial : une amélioration fragile, portée par la chute des importations

Déficit commercial : une amélioration fragile, portée par la chute des importations L'écart entre les importations et les exportations françaises se réduit en 2024, atteignant son niveau le plus bas depuis deux ans. Derrière cette amélioration apparente, les chiffres montrent une baisse généralisée des échanges plutôt qu'un véritable rebond économique.

Le déficit commercial de la France s'est réduit en 2024, atteignant 81 milliards d'euros, contre 99,6 milliards en 2023, selon les chiffres publiés par les Douanes françaises. Cette amélioration apparente repose essentiellement sur une forte baisse des importations (-4% en valeur), tandis que les exportations diminuent également, mais plus légèrement (-1,6%).

Une réduction du déficit davantage liée aux importations qu'aux exportations

Les importations françaises ont chuté à 698,9 milliards d'euros, après deux années de hausses exceptionnelles. Ce repli s'explique en grande partie par la baisse de la facture énergétique, qui atteint 55,6 milliards d'euros en 2024, contre 68,9 milliards en 2023. Cette diminution de 13 milliards d'euros est un des principaux leviers de la réduction du déficit commercial.

D'autres secteurs enregistrent une baisse des importations : les biens d'équipement et machines (-4,2%), la métallurgie (-5,3%) et l'automobile. Ce dernier secteur voit ses importations reculer de 7% en valeur, atteignant leur plus bas niveau depuis 2005 pour les véhicules thermiques.

La tendance générale reflète un ralentissement des échanges commerciaux dans un contexte d'incertitudes économiques et géopolitiques. "C'est caractéristique d'une situation de rétractation des échanges, on commerce moins", analyse Olivier Redoulès, directeur des études de l'institut Rexecode, cité par Le Figaro.

Exportations en léger repli malgré quelques secteurs porteurs

Les exportations françaises, en baisse de 1,6%, s'élèvent à 598,3 milliards d'euros. Plusieurs secteurs stratégiques restent en difficulté. L'industrie aéronautique, bien qu'excédentaire, peine à retrouver son niveau de 2019. Son excédent se replie de 1,8 milliard d'euros, atteignant 28,7 milliards d'euros.

L'agriculture et l'agroalimentaire subissent également un recul. L'excédent commercial du secteur chute à 4,9 milliards d'euros, contre 6,6 milliards en 2023, affecté notamment par une baisse des exportations de vins et spiritueux (-500 millions d'euros).

En revanche, certains secteurs enregistrent de bons résultats à l'export. Le luxe, la cosmétique et la pharmacie affichent une dynamique positive. L'excédent commercial des parfums et cosmétiques atteint un record de 17,3 milliards d'euros, tandis que le secteur pharmaceutique améliore son solde de 4 milliards d'euros par rapport à 2023.

Selon Laurent Saint-Martin, ministre délégué chargé du Commerce extérieur, "de plus en plus d'entreprises françaises exportent grâce aux dispositifs mis en place depuis plusieurs années comme le plan gouvernemental Osez l'export".

Les services, principal moteur de la balance commerciale

Si la balance commerciale des biens reste déficitaire, la balance des services enregistre un excédent record de 48,9 milliards d'euros. Ce résultat est principalement dû au tourisme, dynamisé par les Jeux Olympiques de Paris. En 2024, la France a accueilli plus de 100 millions de visiteurs étrangers, générant 71 milliards d'euros de recettes, selon les Douanes, relayées par Le Monde.

Les services financiers participent également à cette amélioration. La place de Paris attire de plus en plus d'investissements, ce qui se traduit par des excédents croissants dans ce secteur. 

Malgré cette embellie sur les services, la France n'a pas enregistré d'excédent commercial depuis 2002. L'amélioration du déficit repose davantage sur une réduction des importations que sur une véritable reprise des exportations, ce qui interroge sur la pérennité de cette tendance.