Déficit public : Emmanuel Macron plaide pour abandonner la règle européenne des 3%
Emmanuel Macron a déclaré que la règle budgétaire européenne limitant le déficit public à 3% du PIB est "caduque". Le président français, dans un entretien au Financial Times, plaide pour une réforme permettant davantage d'investissements dans des secteurs stratégiques comme la défense, l'intelligence artificielle et la transition énergétique.
Une règle budgétaire dépassée face aux enjeux actuels
La règle des 3%, instaurée par le traité de Maastricht en 1992, impose aux États de la zone euro de maintenir leur déficit public en dessous de 3% de leur produit intérieur brut (PIB). Emmanuel Macron estime aujourd'hui que cette limite budgétaire est devenue obsolète et inadaptée aux défis contemporains. "Ce cadre financier et monétaire dans lequel nous vivons est caduc", a affirmé le président français dans les colonnes du Financial Times, soulignant que l'Europe devait "accélérer et exécuter" pour rester compétitive à l'échelle mondiale.
En 2023, le déficit public de la France s'est élevé à 5,5% du PIB, atteignant environ 6% en 2024, selon les données de la Cour des comptes. Ces chiffres dépassent largement la limite européenne, poussant le gouvernement à annoncer un plan de réduction progressive. L'objectif est de ramener ce déficit à 5,4% en 2025 et sous la barre des 3% d'ici 2029, avec deux ans de retard sur les prévisions initiales. "Le dérapage du déficit public depuis deux ans place la France au pied du mur", a averti la Cour des comptes dans son rapport du 13 février, relayé par Le Figaro.
Emmanuel Macron plaide pour que cette règle budgétaire, conçue dans un contexte économique différent, soit révisée pour mieux répondre aux besoins actuels.
Un appel à des financements européens communs
Le chef de l'État propose d'adopter des mécanismes de financement similaires à ceux utilisés durant la pandémie de Covid-19, avec des emprunts communs à l'échelle de l'Union européenne. Selon lui, cette approche permettrait d'investir massivement dans les infrastructures de demain et de renforcer la souveraineté stratégique du continent.
Dans son entretien, Emmanuel Macron a exprimé l'urgence de trouver des solutions collectives face aux défis géopolitiques et économiques actuels. Il a notamment mis en garde contre la dépendance de l'Europe à l'égard de puissances extérieures, comme les États-Unis et la Chine. "Si nous ne faisons que devenir des clients encore plus importants des États-Unis, dans 20 ans, nous n'aurons toujours pas résolu la question de la souveraineté européenne", a-t-il déclaré.
Sa proposition inclut également une révision de certaines réglementations jugées contraignantes pour les entreprises européennes. Il critique, par exemple, les amendes envisagées pour les constructeurs automobiles ne respectant pas les quotas de ventes de véhicules électriques. Ces sanctions, selon lui, sont "folles" et nuisent à la compétitivité des industriels européens.
Des résistances au sein de l'Union européenne
Si Emmanuel Macron plaide pour davantage de flexibilité budgétaire, son projet suscite des réticences au sein de l'Union européenne, en particulier de la part de l'Allemagne. Le chancelier Olaf Scholz reste fermement opposé à toute nouvelle mutualisation de la dette. Berlin considère que la discipline budgétaire est essentielle pour préserver la stabilité de la zone euro et éviter une répétition des crises financières passées.
Cette divergence de vues risque de compliquer les négociations en cours sur la réforme du Pacte de stabilité et de croissance. La Commission européenne tente actuellement de trouver un compromis, mais les positions restent tranchées. Pendant ce temps, la France, avec un déficit deux fois supérieur au plafond autorisé, reste sous la menace d'une procédure pour déficit excessif, qui pourrait entraîner des sanctions si le pays ne parvient pas à réduire ses dépenses publiques dans les délais impartis.