Le Medef s'ancre à Bruxelles pour renforcer l'influence des entreprises françaises

Le Medef s'ancre à Bruxelles pour renforcer l'influence des entreprises françaises Alors que Bruxelles accélère la mise en place de nouvelles politiques industrielles, le Medef structure sa présence pour accompagner les entreprises françaises. Une implantation qui vise aussi à combler un retard sur les autres grands acteurs économiques européens.

Le Medef renforce sa présence au cœur de l'Union européenne en inaugurant la Maison des entreprises de France à Bruxelles. Cet espace, ouvert aux fédérations professionnelles et aux grandes entreprises françaises, vise à accroître leur influence sur les décisions économiques et réglementaires de l'UE. Cette initiative s'inscrit dans un contexte de concurrence accrue avec les autres puissances économiques, alors que la Commission européenne prépare une série de réformes majeures.

Un ancrage stratégique pour peser sur les décisions européennes

L'installation du Medef à Bruxelles marque une volonté de structurer davantage la représentation des entreprises françaises au sein des institutions européennes. Située avenue des Arts, à proximité immédiate des sièges de la Commission et du Parlement européens, la Maison des entreprises de France est présentée comme un lieu d'échanges et d'influence.

L'objectif est de renforcer la diplomatie économique française et d'aider les entreprises à mieux naviguer dans le système européen. "Aujourd'hui, tout se négocie à Bruxelles, s'appuyer uniquement sur les représentants de la France, c'est une porte d'entrée trop étroite", explique Jean Comte, journaliste spécialisé, cité par L'Express. Le Medef entend ainsi jouer un rôle plus actif dans la définition des politiques économiques de l'UE.

Ce renforcement intervient à un moment où la Commission européenne prévoit de simplifier certaines réglementations et d'adopter de nouvelles mesures pour soutenir la compétitivité industrielle. "Après ce teasing très fort, la Commission ne doit pas décevoir", prévient Fabrice Le Saché, vice-président du Medef, cité dans Les Échos.

Un rattrapage face aux concurrents allemands

Cette initiative vise également à combler le retard du lobbying français par rapport aux entreprises allemandes, qui bénéficient depuis longtemps d'une forte implantation à Bruxelles. En 2023, la fédération allemande des industries (BDI) a déclaré près de 3,5 millions d'euros de dépenses de lobbying auprès des institutions européennes, contre moins d'un million d'euros pour le Medef.

Selon Marie-Pierre Vedrenne, eurodéputée Modem spécialisée dans les affaires économiques, les entreprises françaises doivent adopter une approche plus proactive dans le dialogue avec Bruxelles. "Par exemple, sur les législations de simplification que prépare la Commission, j'ai reçu une note du patronat allemand mais j'ai dû moi-même contacter le Medef", a-t-elle déclaré.

L'Allemagne bénéficie également d'un maillage institutionnel plus efficace, avec des représentations régionales (Länder) qui travaillent en coordination avec les grandes entreprises. "Public et privé travaillent main dans la main : les Länder disposent de solides représentations à Bruxelles et leurs liens sont étroits avec leurs champions industriels régionaux", commente un lobbyiste français.

Un accès facilité aux financements

En plus d'être un lieu d'influence, la Maison des entreprises de France ambitionne d'aider les sociétés françaises à accéder plus facilement aux financements européens, perçus comme complexes et fastidieux. "Lors du tour de France que nous avons accompli avant les élections européennes de juin dernier, il était ressorti que les procédures étaient trop longues, trop coûteuses", souligne Fabrice Le Saché.

Ce nouvel espace offrira également des bureaux flexibles pour les entreprises souhaitant une présence légère mais stratégique à Bruxelles. Des groupes comme Air Liquide, L'Oréal et la Fédération française des banques font partie des premiers à rejoindre ce dispositif.

Avec ce renforcement, le Medef espère jouer un rôle central dans les arbitrages économiques à venir, notamment sur la simplification administrative et le soutien aux industries clés comme l'automobile, la chimie et la sidérurgie.