Censure, harcèlement, politique : les révélations explosives d'une ex-cadre de Meta

Censure, harcèlement, politique : les révélations explosives d'une ex-cadre de Meta Meta fait face à une nouvelle polémique après la sortie d'un ouvrage écrit par une ancienne cadre, qui révèle des échanges avec Pékin sur la surveillance des contenus et pointe des dysfonctionnements internes.

Sarah Wynn-Williams, ancienne directrice des affaires publiques de Facebook, publie Careless People, un livre dénonçant des pratiques internes de Meta. Elle y décrit une culture d'entreprise marquée par le sexisme et la pression politique, ainsi que des tentatives de l'entreprise pour s'implanter en Chine en acceptant des conditions de censure imposées par Pékin.

Meta et la Chine : des négociations secrètes et un projet de censure

Selon Careless People, Facebook aurait tenté, dès 2014, de développer une version conforme aux exigences chinoises sous le nom de code Projet Aldrin. L'entreprise aurait formé une équipe chargée d'adapter la plateforme aux restrictions locales, avec la nomination d'un "rédacteur en chef" ayant le pouvoir de censurer les publications et, si nécessaire, de fermer l'accès au réseau social en cas de tensions politiques.

Sarah Wynn-Williams affirme que Facebook aurait négocié avec Hony Capital, un fonds d'investissement chinois, pour superviser le contenu publié par les utilisateurs. Elle soutient que Mark Zuckerberg a volontairement minimisé ces démarches lorsqu'il a témoigné devant le Congrès américain. "Il semble ne ressentir aucune hésitation à induire le Congrès en erreur", écrit-elle dans son livre.

Meta a réfuté ces accusations. Ce n'est "pas un secret que nous avons été un jour intéressés" par une implantation en Chine, a déclaré un porte-parole de l'entreprise cité par Le Figaro, avant d'ajouter : "Nous avons finalement choisi de renoncer à cette idée".

Un climat de travail dénoncé comme toxique

L'ouvrage met également en avant des témoignages sur l'ambiance interne de l'entreprise. Wynn-Williams décrit un environnement "malsain et misogyne", dans lequel les cadres dirigeants, dont Sheryl Sandberg et Joel Kaplan, imposaient des règles implicites de loyauté.

Elle accuse Joel Kaplan de comportements inappropriés, affirmant qu'il lui faisait des commentaires déplacés et insistait pour maintenir un contact permanent avec elle, même durant son congé maternité. Meta a rappelé qu'une enquête interne menée en 2017 avait blanchi Joel Kaplan de ces accusations.

Dans son livre, Wynn-Williams décrit également Mark Zuckerberg comme un dirigeant soucieux de son image, préférant l'influence politique aux décisions techniques. Elle affirme que son ambition allait au-delà de Facebook : "Mark pourrait très bien continuer à présider les dirigeants du monde entier pendant encore 50 ans. Il veillera sur ces dirigeants et sur les générations de dirigeants qui les suivront. Comme la reine.", écrit-elle, citée par The New York Times.

Meta tente d'empêcher la diffusion du livre

Meta a engagé une procédure judiciaire pour bloquer la diffusion de Careless People, arguant que Sarah Wynn-Williams avait enfreint un accord de non-dénigrement signé lors de son départ en 2017. Un arbitre a donné raison à Meta, interdisant l'auteure de promouvoir son ouvrage.

"Cette action en justice était nécessaire", a déclaré Andy Stone, porte-parole de Meta, cité par Engadget. "Ce livre faux et diffamatoire n'aurait jamais dû être publié".

L'éditeur de Careless People, Flatiron Books, n'a pas encore réagi à cette décision. L'ouvrage est néanmoins toujours disponible à la vente et suscite de nombreuses réactions dans l'industrie technologique et politique.