Washington et Pékin relancent le dialogue sous tension sur fond de guerre commerciale
Les États-Unis et la Chine ont repris leurs négociations commerciales à Londres, alors que la seconde journée de discussions s'est ouverte ce mardi 10 juin. Le cœur des échanges porte sur les restrictions à l'exportation et l'accès à des matériaux critiques, dans un climat économique fragilisé des deux côtés.
Dialogue ouvert mais incertitudes persistantes autour des terres rares
Réunis à Lancaster House, les responsables économiques des deux premières puissances mondiales poursuivent leurs discussions entamées la veille. La délégation américaine comprend Scott Bessent (secrétaire au Trésor), Howard Lutnick (secrétaire au Commerce) et Jamieson Greer (représentant au Commerce). Côté chinois, participent notamment He Lifeng (vice-Premier ministre), Wang Wentao (ministre du Commerce) et Li Chenggang (vice-ministre du Commerce).
Au centre des échanges figure le sujet des terres rares, ces matériaux essentiels pour les industries de l'automobile, de l'aéronautique, de la défense et de l'électronique. La Chine, qui détient près de 70% de la production mondiale, a suspendu en avril l'exportation de plusieurs composants stratégiques, ce qui a provoqué des ruptures dans certaines chaînes d'approvisionnement. Selon Reuters, Pékin aurait accordé des licences temporaires à des fournisseurs destinés aux trois principaux constructeurs automobiles américains. Les États-Unis souhaitent désormais que les livraisons reprennent plus largement.
Du côté américain, des concessions sont envisagées. Comme le rapporte Les Échos, l'administration Trump serait prête à lever certaines restrictions récentes touchant les logiciels de conception de puces, les pièces de moteurs d'avion ou encore les produits chimiques, à l'exclusion des semi-conducteurs les plus avancés.
Donald Trump s'est montré réservé sur l'issue des échanges mais a estimé que les retours reçus étaient encourageants : "Nous nous entendons bien avec la Chine. Mais la Chine n'est pas facile", a-t-il déclaré à la presse.
Kevin Hassett, conseiller économique de la Maison-Blanche, a précisé sur la chaîne CNBC que les États-Unis attendaient de la Chine qu'elle "libère les terres rares en grandes quantités" en contrepartie d'un relâchement des contrôles à l'exportation américains.
Ralentissement chinois et chute des échanges bilatéraux
Ces discussions interviennent dans un contexte économique tendu, notamment pour la Chine. D'après Sud Ouest, les exportations chinoises vers les États-Unis ont chuté de 12,7% entre avril et mai, tombant à 28,8 milliards de dollars, selon les Douanes chinoises. Une baisse marquée qui coïncide avec le renforcement des droits de douane américains depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche.
Les importations chinoises ont également reculé de 3,4% en mai. Le pays est confronté à une faible consommation intérieure, une pression déflationniste persistante et une crise dans le secteur immobilier. L'indice des prix à la consommation est en recul de 0,1% sur un an, tandis que les prix à la production ont chuté de 3,3%, limitant les marges des entreprises.
Dans ce contexte, les exportations de terres rares ont légèrement progressé, passant de 4 785 tonnes en avril à 5 865 tonnes en mai. Ces ressources restent un levier central dans les échanges en cours.