Ralentissement inquiétant de la transition écologique : l'alerte du Haut Conseil pour le climat

Ralentissement inquiétant de la transition écologique : l'alerte du Haut Conseil pour le climat Les baisses d'émissions enregistrées en 2024 s'expliquent en grande partie par des conditions exceptionnelles. Pour atteindre ses engagements européens, la France devra doubler ses efforts d'ici 2030.

Alors que la France traverse une séquence marquée par des records de chaleur et de précipitations, le Haut Conseil pour le climat alerte sur l'essoufflement de la réduction des émissions de gaz à effet de serre et déplore des retards persistants dans la mise en œuvre des politiques publiques.

Une baisse des émissions largement conjoncturelle

Selon le rapport annuel publié le 3 juillet 2025 par le Haut Conseil pour le climat (HCC), la diminution des émissions de gaz à effet de serre a fortement ralenti. Après -6,7% en 2023, la baisse n'a été que de -1,8% en 2024. Ce repli est principalement attribué à un hiver plus doux, au retour du nucléaire, à un bon niveau hydroélectrique et à la réduction du cheptel bovin.

Le rapport estime que 70% de cette baisse provient de conditions extérieures et non de politiques publiques. Jean-François Soussana, président du HCC, a déclaré que "ce type de canicule illustre que l'on peut toucher dans certains cas à des limites d'adaptation", selon Le Figaro.

Des secteurs clés en difficulté

Le Haut Conseil détaille les émissions par secteur. Dans les transports, qui concentrent un tiers des émissions nationales, le recul a été limité à 1,2%. Diane Strauss, membre du HCC et directrice du bureau français de Transport & Environment, citée par France Info, explique que "ça ne permet pas aux usagers de sortir des voitures thermiques", en raison notamment du manque d'investissements dans les transports alternatifs.

Dans le bâtiment, les aides publiques ont été suspendues ou réduites. Le HCC souligne que ce secteur devra multiplier par plus de neuf son effort pour atteindre les objectifs de 2030. En agriculture, les orientations ont été perturbées par les réponses politiques aux mobilisations de début d'année.

Une gouvernance affaiblie face à des impacts croissants

Les impacts climatiques recensés pour 2024 traduisent une intensification du phénomène : 3 700 décès liés aux vagues de chaleur, renforcement de la transmission de la dengue, inondations hivernales ayant coûté jusqu'à 615 millions d'euros. Le réchauffement en France atteint désormais +2,2 °C.

Le rapport pointe un manque de pilotage dans l'action publique. Plusieurs textes-clés, comme la Stratégie nationale bas carbone ou la Programmation pluriannuelle de l'énergie, restent en attente. Radio France rapporte que Jean-François Soussana regrette un pilotage affaibli et appelle à renforcer la coordination politique. Le Haut Conseil pour le climat juge aussi les investissements trop faibles face aux objectifs fixés pour 2030. Parmi ses 74 recommandations figurent la création d'un guichet unique pour les aides à la rénovation, la mise en place d'un plan contre la désinformation climatique, ainsi qu'un renforcement de l'évaluation des vulnérabilités.