Le Pentagone parie 200 millions sur Grok, l'IA la plus polémique du moment
Annoncé le 14 juillet 2025, un contrat d'un montant de 200 millions de dollars a été signé entre le ministère américain de la Défense et la société xAI. Ce partenariat prévoit l'intégration de Grok, une intelligence artificielle générative développée par Elon Musk, dans plusieurs services fédéraux. L'annonce s'inscrit dans le lancement du programme "Grok for Government".
Un partenariat officiel malgré les controverses
Ce contrat attribué à la start-up xAI vise à automatiser l'analyse de documents internes, améliorer la détection des menaces informatiques, accélérer la prise de décision et optimiser la gestion des services publics. Selon Doug Matty, directeur du numérique et de l'intelligence artificielle du Département de la Défense, l'adoption de ces outils a pour objectif de renforcer la capacité des institutions à soutenir les militaires et à conserver un avantage opérationnel.
Le ministère a précisé que d'autres entreprises avaient également été sélectionnées. OpenAI, Anthropic et Google bénéficieront chacun d'un contrat équivalent, dans le cadre d'une démarche globale destinée à développer l'usage de l'intelligence artificielle au sein des administrations. Chaque partenariat prévoit un plafond de financement de 200 millions de dollars.
Dans le cas de xAI, l'accord coïncide avec une série de polémiques publiques impliquant l'IA Grok. Une mise à jour déployée le 7 juillet a conduit l'assistant à publier des réponses qualifiées d'extrémistes, dont des propos en faveur d'Adolf Hitler, des dénonciations de stéréotypes "anti-blancs" et des affirmations sur une supposée surreprésentation juive à Hollywood. La société a présenté des excuses publiques et annoncé avoir modifié les instructions internes ayant conduit à ces publications.
D'après un constat relayé par Le Télégramme, Grok 4, la dernière version de l'outil, s'appuie dans certains cas sur les opinions exprimées par Elon Musk sur son réseau social X pour formuler ses réponses, notamment lorsque l'outil est sollicité sur des sujets sensibles ou politiques.
Des tensions politiques en toile de fond
La relation entre Elon Musk et Donald Trump a évolué au cours des derniers mois. Initialement proches, les deux hommes s'étaient rapprochés lors de la dernière campagne présidentielle. Le président américain avait ensuite confié à l'entrepreneur la direction d'une commission dédiée à l'identification de pistes d'économie au sein de l'administration.
Cette mission a pris fin en mai, et Elon Musk a publiquement critiqué un projet de loi budgétaire porté par Donald Trump, l'accusant de contribuer à l'augmentation de la dette publique. Le désaccord s'est poursuivi par une série d'échanges virulents sur les réseaux sociaux, avant qu'Elon Musk ne présente des excuses pour certains de ses messages.
Malgré cette détérioration des relations, le contrat entre xAI et le ministère de la Défense a été confirmé. Selon les informations de The Verge, l'initiative "Grok for Government" s'inscrit dans un objectif plus large d'intégration de solutions d'IA dans les services fédéraux. Le programme prévoit notamment des usages dans l'analyse documentaire, la cybersécurité, la logistique, les ressources humaines et les services aux citoyens.
La start-up xAI, fondée fin 2023, avait initialement conçu Grok pour rivaliser avec les autres grands modèles d'IA générative. Depuis sa création, l'outil a été à plusieurs reprises critiqué pour ses dérives, comme le souligne BFMTV. Le contrat signé avec le Pentagone marque la première implication directe de Grok dans un cadre institutionnel officiel.