Dette : la France menacée d'un déclassement historique par les agences de notation

Dette : la France menacée d'un déclassement historique par les agences de notation La décision de Fitch, attendue le 12 septembre, intervient dans un contexte budgétaire et politique particulièrement instable, marqué par un vote de confiance et un déficit encore loin des objectifs européens.

Ce lundi 8 septembre, le gouvernement Bayrou affronte un vote de confiance décisif à l'Assemblée nationale. Quatre jours plus tard, l'agence Fitch doit rendre son verdict sur la note de la dette française. Dans ce contexte d'instabilité, le risque d'un déclassement vers la catégorie "simple A" s'impose comme une hypothèse de plus en plus crédible. Une situation qui remet en question la position de la France sur les marchés financiers.

Une notation sur la sellette

La France pourrait perdre un cran de sa note souveraine dans les jours à venir. L'agence Fitch, qui l'avait maintenue à AA- l'an dernier, s'apprête à rendre son verdict ce 12 septembre, alors que le pays traverse une phase politique tendue. Cette note, assortie d'une perspective négative, pourrait passer à A+, un seuil jamais franchi depuis la perte du triple A en 2012.

Cette révision arrive à un moment délicat. Le gouvernement de François Bayrou joue sa survie lors d'un vote de confiance prévu le 9 septembre. Si l'exécutif tombe, l'incertitude autour du budget 2026 grandira. Fitch avait pourtant été claire : un manque de visibilité sur la consolidation budgétaire pouvait conduire à une baisse de note. " Il me semble qu'on y est ", estime Éric Dor, directeur des études économiques à l'IÉSEG, cité par Les Échos.

Les autres agences, Moody's et Standard & Poor's, rendront leur avis respectivement fin octobre et fin novembre. Tant que deux d'entre elles maintiennent leur notation actuelle, l'impact sur les investisseurs restera contenu.

Finances publiques et climat politique tendu

Le plan de réduction du déficit présenté par le gouvernement prévoit de passer à 4,6 % du PIB en 2026, contre 5,7 % selon les projections de la Commission européenne. Parmi les mesures proposées : la suppression de deux jours fériés, très critiquée. Mais sans majorité solide, l'adoption du budget 2026 est compromise. En cas de rejet, le budget 2025 continuerait à s'appliquer, avec un déficit probablement plus élevé que prévu.

Sur les marchés, la situation commence à se faire sentir. Depuis l'annonce du vote de confiance, le rendement de l'OAT à 10 ans a grimpé de 3,42 % à 3,52 %. Le spread avec l'Allemagne atteint désormais 80 points de base. Pour Ninon Bachet, stratégiste taux à la Société Générale, ce scénario était anticipé : " Nous estimions avant l'été à 60 % la probabilité que Fitch dégrade la note ", déclarait-elle dans Les Échos Selon elle, même si Fitch décidait d'attendre l'issue du vote, la direction semble déjà tracée.

Une perte de crédibilité plus qu'un choc immédiat

Si Fitch abaisse seule la note française, les conséquences immédiates resteront modérées. La plupart des acteurs financiers continueraient à acheter de la dette française, surtout si la moyenne des trois agences reste dans la catégorie " AA ". En revanche, une double dégradation changerait la donne pour certains fonds, qui ont des règles strictes de gestion du risque.

Le coût de la dette grimpe déjà. Les émissions récentes se font à des taux inédits depuis 2011. En parallèle, la croissance reste modérée et le pays affiche un déficit primaire, contrairement à d'autres comme l'Italie. L'écart entre le taux d'intérêt de la dette et la croissance économique est désormais défavorable, ce qui alourdit mécaniquement la charge de la dette à long terme.