Bruxelles face au mur : la transition électrique menace l'industrie automobile européenne
Le 12 septembre, la Commission européenne a convoqué les grands acteurs de l'industrie automobile pour anticiper la clause de révision prévue en 2026. Les discussions portent sur les règles d'émissions, le sort des hybrides et la compétitivité des petits modèles électriques.
Constructeurs, hybrides et tensions sur les normes
Sous pression depuis plusieurs mois, les constructeurs allemands et français demandent un aménagement du cadre réglementaire. BMW plaide pour une approche basée sur les émissions sur l'ensemble du cycle de vie du véhicule. Le chancelier Friedrich Merz a déclaré que l'Allemagne devait "continuer à faire partie des principaux sites automobiles et sites de production dans le monde", dans des propos rapportés par Le Monde, alors que le secteur a perdu plus de 50 000 emplois en un an, sur 800 000.
L'un des principaux points de friction concerne les hybrides rechargeables (PHEV). Jusqu'en 2025, leur homologation reposait sur l'hypothèse d'un usage à 80 % en mode électrique. Une étude de Transport & Environment, citée par Le Monde, révèle qu'en réalité, ce taux chute à 26 %, ce qui porte les émissions moyennes réelles à 139 g/km contre 28 g/km affichés. Plusieurs groupes, dont Mercedes et Volkswagen, souhaitent revoir ou repousser la réforme prévue pour 2027. "Faute d'étude d'impact, il serait difficile à la Commission de justifier le bien-fondé d'une telle décision", estime Jean-Philippe Hermine, directeur de l'Institut mobilités en transition, cité par Les Échos.
Contenu local, petits modèles et véhicules utilitaires
Les constructeurs français défendent l'idée de renforcer les incitations pour les petites citadines électriques. Jean-Philippe Imparato, directeur Europe de Stellantis, propose "une sorte de super crédit de CO2, en fonction de l''éco-score' de la voiture", pour favoriser les modèles produits en Europe. En réponse, Ursula von der Leyen a annoncé dans son discours sur l'état de l'Union une "initiative pour les petits véhicules abordables", qui viserait à alléger certaines normes sur les segments les plus compacts.
Autre revendication portée par plusieurs équipementiers, dont Valeo : imposer un seuil minimal de contenu local sur les véhicules vendus dans l'Union. Si certains y sont favorables, d'autres, comme Stefan Hartung, PDG de Bosch, émettent des réserves : "Imposer un seuil de contenu local, c'est une mesure très puissante. Attention à ce qu'elle ne se retourne pas contre nous", a-t-il prévenu dans Le Monde.
Concernant les utilitaires légers, les participants ont convenu de la nécessité d'assouplir les exigences. Les ventes sont en baisse et les artisans peinent à s'équiper. La Commission a décidé d'anticiper la discussion initialement prévue en 2026 pour éviter que ces tensions ne bloquent la mise en œuvre du règlement sur la fin du thermique à horizon 2035.